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Histoire de l’église au 17ème siècle

mardi 8 janvier 2013

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Le Château de Fontainebleau ou Louis XIV signe La Révocation de l’Édit de Nantes

Histoire de l’église au 17ème siècle

Le 25 septembre 1609, émotion à Port-Royal. L’abbesse Jacqueline Arnauld refuse de recevoir son père au guichet du couvent ! Cette journée dite “Journée du Guichet” marqua le début d’une querelle religieuse et intellectuelle qui parcoura tout le 17ème siècle en France, que l’on qualifie parfois de “Siècle des Saints” tant il est en rupture avec la vague de déchristianisation et de doute du siècle précédent.

Jacqueline Arnauld était la fille d’un grand avocat du Parlement de Paris et la petite-fille d’un illustre chef... protestant. 10 ans plus tôt, tout juste âgée de 8 ans, elle fut placée comme co-abbesse dans ce couvent de la vallée de Chevreuse, au sud de Paris, devenu au fil des siècles un lieu de mondanités aux mœurs relâchées.

Après 3 ans de formation à l’abbaye de Maubuisson, elle prit ses fonctions à Port-Royal, sans manifester une vocation quelconque pour la vie religieuse. Touchée par la foi, elle rétablit une sévère discipline, elle interdit aux religieuses le droit de recevoir leur famille, elle rétablit surtout la règle monastique de saint Benoît de Nursie dans toute sa rigueur, en partageant les journées entre travail, prière et repos. Son initiative ne manqua pas de surprendre dans les milieux bourgeois et aristocratiques de la capitale où, au sortir des guerres de religion, on s’était habitué à considérer les affaires religieuses avec un certain détachement. Son initiative contribua au renouveau de la religion catholique en France et les vocations affluèrent au monastère. Trop à l’étroit dans la vallée de Chevreuse, Mère Angélique et ses religieuses s’établissent en 1625 au sud de Paris au faubourg St Jacques. L’esprit de Port-Royal séduit alors des génies aussi remarquables que Pascal et Racine.

En 1621, Anne d’Autriche, favorisa l’installation à Paris de la communauté des bénédictines du couvent du Val de Grâce à Bièvres qui s’établit en l’hôtel médiéval du Petit Bourbon, au faubourg St Jacques. En 1624, la reine posa la 1ère pierre de ce qui forme aujourd’hui le plus bel ensemble conventuel français du 17ème siècle. Son église était le fruit du voeu qu’avait fait la reine d’élever à Dieu un temple magnifique s’il lui envoyait un fils. Après 23 ans de mariage, en 1638, naquit le futur Louis XIV qui posa le 1er avril 1645 la 1ère pierre de cette église, dont la construction s’acheva à la fin des années 1660. Les travaux furent d’abord confiés à Mansart, auquel succéderont Le Mercier, puis Le Muet, assisté de Le Duc. En 1649, les troubles de la Fronde entraînèrent une longue interruption des travaux qui ne reprirent qu’en 1655.

Les sculptures extérieures sont l’œuvre de Philippe Buyster, et celles de l’intérieures sont dues à Michel et François Anguier.

Dans la même période, Le 18 novembre 1626, le pape Urbain VIII consacrera la basilique Saint-pierre de Rome. La 1ère basilique avait été bâtie 1300 ans plus tôt sur la tombe de l’apôtre Pierre. L’édifice menaçant ruine, le pape Jules II avait décidé en 1506 de le reconstruire avec le concours des plus grands artistes de la Renaissance italienne. La collecte des dons d’ailleurs avait donné lieu en Allemagne à des abus qui scandalisèrent le moine Luther et débouchèrent sur le développement du protestantisme et les premières guerres de religion. Mais, cela n’empêcha pas les travaux de continuer. Les plus grands artistes de la Renaissance Italienne furent associés à la construction de l’ouvrage. L’architecte Bramante dessina les plans de la basilique en rupture avec la tradition médiévale et opta pour un plan en forme de croix grecque. En 1546, Michel-Ange remania les plans et dessina une majestueuse coupole de 136,50 mètres de hauteur.

En 1605, après une longue controverse, le pape Paul V décida d’abandonner la croix grecque et la nef fut prolongée et transformée en croix latine pour se conformer aux préceptes de la Contre-réforme catholique.

Puis, l’artiste Le Bernin conçu un baldaquin monumental de 29 mètres de haut au-dessus de l’autel et de la tombe de St Pierre. Il réalisa la colonnade aux 140 statues qui encadre le parvis et permet encore aujourd’hui aux pèlerins d’assister aux cérémonies et d’avoir vu sur la fenêtre d’où les papes dès lors adressèrent leurs bénédictions “Urbi et Orbi”.

Mais en 1640, en France, les choses se gâtent après la publication de l’œuvre posthume d’un certain Jansénius, évêque d’Ypres. Ce théologien catholique lie le salut de chacun à la grâce, c’est-à-dire au bon vouloir de Dieu, en interprétant de façon stricte la doctrine de St Augustin. Cette doctrine fut introduite en France par Jean Duvergier de Hauranne, abbé de St Cyran dans l’Indre. Devenu le chef du parti dévot, très lié au Parlement, il entra en conflit avec le Cardinal de Richelieu qui le fit enfermer à Vincennes en 1638 faute de pouvoir l’acheter par des bénéfices et des honneurs. L’abbé, étant devenu en 1633 le confesseur et directeur de conscience de Port-Royal il rallia la Mère Supérieur et ses religieuses à la doctrine janséniste. Puis, ce fut au tour des “Solitaires” de Port-Royal des champs qui opposèrent violemment l’enseignement jansénisme à la pratique complaisante des jésuites, très influents à la Cour et dans l’enseignement. Ces “Messieurs” de Port Royal dispensaient leur enseignement aux Petites Écoles et à travers de nombreuses publications. Ils s’installèrent aux Granges, à côté de l’abbaye. Mais en 1653 à lieu la Condamnation papale du jansénisme.

La querelle janséniste atteint son summum en 1655 avec la publication des “Provinciales” par Blaise Pascal où il opposa la rigueur janséniste à la pratique complaisante des jésuites. Mais très vite, le jansénisme s’épuisa, victime de ses excès. Les 5 propositions contenues dans l’ouvrage de Jansénius furent condamnées en 1659 par une bulle pontificale. En 1664, les religieuses furent dispersées dans différentes institutions et le roi fit raser l’abbaye.

Les guerres de religion et l’attitude réservée de l’Église catholique vis à vis des idées modernes conduiront à une rupture entre la modernité et le catholicisme. Le pape n’était plus le chef spirituel de l’occident mais de l’Église catholique romaine, et l’Église perdit toute assise politique. On assista à la crise du gallicanisme, Louis XIV voulait se donner une Eglise indépendante de Rome, mais il n’obtiendra pas gain de cause. En Angleterre, le roi Henri VIII avait eu plus de succès, il avait rompu avec Rome et créé une Eglise anglicane sous sa coupe qui sera bientôt inspirée par les idées de la réforme, en particulier calvinistes.

La Révocation de l’Édit de Nantes

Le 18 octobre 1685, en son château de Fontainebleau, le roi Louis XIV révoque totalement l’Édit de tolérance signé à Nantes par son grand-père Henri IV en 1598. Le nouvel édit s’applique à l’ensemble du royaume sauf à l’Alsace récemment annexée. La révocation de l’Édit de Nantes manifeste l’instauration en France d’un catholicisme rigoureux, du moins en apparence.

Après un début de règne glorieux marqué par le traité de Nimègue, en 1678, le roi Louis XIV veut apparaître en France et en Europe comme le champion du catholicisme, pour faire pièce au pape et à l’empereur Léopold qui se flatte d’avoir repoussé les Turcs. Sur les conseils de son entourage, Louis XIV décida d’extirper l’hérésie protestante de son royaume. Il reprochait aux huguenots leur sympathie pour l’Angleterre et les Provinces-Unies des Pays-Bas. Comme la grande majorité des Français et des Européens de son temps, le Roi Soleil admetait mal que 2 religions puissent cohabiter dans un même État. Une Caisse des conversions tenta de convaincre les calvinistes les plus pauvres de se convertir contre des espèces sonnantes et trébuchantes. Mais ces protestants adeptes de Jean Calvin témoignèrent dans l’ensemble d’une très grande rigueur morale et ne se laissèrent pas aisément manipuler. Dans les provinces, les intendants recoururent à des manières plus brutales comme d’enlever des enfants pour les baptiser en dépit de leurs parents.

En 1681, l’intendant de Poitiers, René de Marillac, imagina de loger des dragons de l’armée chez les adeptes de la Religion Prétendue Réformée. Ces missionnaires bottés se comportèrent comme en pays conquis, n’ayant pas de scrupule à piller, violer et parfois tuer leurs hôtes. Leurs excès furent réprouvés par le roi. Cela n’empêcha pas que son ministre Louvois étendit le procédé au Midi, au Béarn et au Languedoc. Par le fait des dragonnades, les conversions forcées se multiplièrent. Sur la foi de rapports optimistes, le roi soleil en vint à croire qu’il n’existait pratiquement plus de calvinistes dans son royaume. Malgré la dernière requête que lui adressèrent les protestants pour l’assurer de leur loyauté, Louis XIV considérait que la tolérance instituée par Henri IV n’avait plus lieu d’être.

L’édit de Nantes avait déjà été sérieusement amendé par la paix d’Alès de 1631 et par des vexations successives, interdiction des enterrements de jour pour les protestants, destruction de temples, interdiction des mariages mixtes.

Avec l’Édit de Fontainebleau, le roi interdit la pratique du culte réformé, ordonna la démolition des temples et des écoles, obligea à baptiser dans la foi catholique tous les enfants à naître, ordonna aux pasteurs de quitter la France mais interdit cependant aux simples fidèles d’en faire autant, sous peine de galères.

L’opinion catholique, y compris les plus illustres écrivains de l’époque, La Fontaine, La Bruyère, Mme de Sévigné, applaudirent à la mesure. Mais très vite, le roi pu mesurer l’étendue de son erreur. L’hérésie était loin en effet d’avoir été éradiquée. Des foyers de résistance se formèrent et les dragonnades reprirent.

Dans les Cévennes, la révolte des Camisards éclatera en 1702. Malgré l’interdiction qu’il leur est faite de s’enfuir, près de 300.000 protestants trouvèrent moyen de quitter la France pour des refuges tels que Berlin, Londres, Genève, Amsterdam ou même Le Cap, en Afrique du sud. Ces exilés issus de la bourgeoisie laborieuse feront la fortune de leur pays d’accueil et leur départ appauvrira la France en la privant de nombreux talents. Ils nourriront aussi à l’extérieur les ressentiments contre la France et son monarque. La révocation de l’Édit de Nantes est considérée comme la plus lourde erreur de Louis XIV. Elle amorça une fin de règne difficile.

P.-S.

Source : archives ljallamion histoire du 17ème/encyclopédie Imago/mundi/ Herodote/Histoire/Historia ect...