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L’empire romain au 2ème siècle

dimanche 6 août 2017, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 8 janvier 2013).

L’empire romain au 2ème siècle

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l’empire romain au 2ème siècle

Le 2ème siècle est le moment le plus brillant de la période impériale.

Cinq empereurs remarquables sur six choisirent, de leur vivant leur successeur car ils n’avaient pas de fils, toutefois le choix se porta toujours sur de proches parents. Les règnes de Trajan et de son successeur Hadrien correspondent à l’apogée de l’Empire romain.

Les frontières de l’Empire romain changent peu. L’océan Atlantique et le désert marquent la limite des conquêtes à l’Ouest et au Sud. Au Nord, l’Empire englobe la Bretagne [1]. L’empereur Hadrien en protège la limite grâce à un long mur, qui sépare la Bretagne romaine des terres insoumises, au nord de l’île. Vers le Nord-Est, la frontière de l’Empire coïncide avec le Rhin et le Danube. Au-delà de ces fleuves vivent des peuples semi-nomades qui sont attirés par les terres et les richesses de l’Empire.

Au début du siècle, l’empereur Trajan avait conquis, la Dacie [2] au-delà du Danube, l’empire parthe [3] et annexa l’Arabie [4]. Il développa aussi la romanisation de l’Empire.

Mais, c’est à l’Est que les guerres seront les plus nombreuses : les empereurs tentent d’ajouter aux possessions romaines la Mésopotamie [5] et les régions d’Orient autrefois conquises par Alexandre le Grand, mais ils se heurtent à la résistance des cavaliers parthes.

Sur la mer Méditerranée, autrefois parcourue par des vaisseaux pirates, les navires circulent à présent sans danger. Les habitants de l’Empire peuvent se rendre de Agricola en Angleterre à Édesse [6] en Mésopotamie, ils peuvent se faire comprendre partout grâce au latin. La plupart des habitants de l’Empire romain, au 2ème siècle, ne connaissent pas la guerre, à l’exception toutefois de ceux qui vivent près des frontières proches du Rhin, du Danube ou des Parthes

L’empereur concentre à Rome tous les pouvoirs de décision. Il nomme les sénateurs, ses collaborateurs à Rome et les gouverneurs des provinces de l’Empire. Ses ordres partent de Rome vers les provinces, qui lui envoient en retour des informations. Ces échanges se font grâce à la poste impériale, organisée en relais qui fournissent des chevaux frais à intervalles réguliers le long de la voie romaine.

L’empire est divisé en 44 provinces dont le gouverneur est nommé par l’empereur ou tiré au sort parmi les sénateurs. L’empereur en conserve néanmoins le contrôle et peut remplacer un sénateur par un gouverneur de son choix. C’est ce que fait Trajan lorsqu’il nomme son ami Pline le Jeune gouverneur de Bithynie [7]. Trajan, tout en s’attachant à favoriser l’agriculture et à développer l’administration.

L’empereur Hadrien d’origine espagnole s’attache à mener une politique plus défensive. Sous son règne, dans plusieurs régions frontières, en Afrique et en Bretagne notamment, des fortifications importantes se développent, souvent appelées limes. Par ailleurs Hadrien s’atèle à améliorer le fonctionnement de l’Empire et fut surtout un réformateur avec la création du conseil de l’empereur et de la chancellerie impériale, rédaction de l’Edit perpétuel [8]. Dans la continuité d’un effort commencé par d’autres empereurs, il s’attache à favoriser l’intégration des provinciaux, notamment par la création de colonies honoraires  [9].

Antonin le Pieux eut un règne pacifique, tout de douceur et de tolérance. En effet, le règne d’Antonin le Pieux n’est pas marqué de conquêtes, mais plutôt par une volonté de consolidation de l’état actuel.

C’est traditionnellement durant son règne qu’on considère que l’Empire romain est à son apogée, du fait de l’absence de guerre et de révolte majeure en province. C’est pourtant cette politique défensive et attentiste qui annonce les difficultés financières et militaires de l’Empire romain.

Marc Aurèle fils adoptif de Antonin le Pieux et Lucius Verus succèdent à Antonin. Le second meurt au bout de 8 ans de règne, sans grand acte. Le premier est connu pour être un empereur philosophe stoïcien [10]. Il fut respectueux de toutes les lois, de tous les droits, sauf à l’égard des chrétiens. Sur le plan intérieur, il accomplit une œuvre législative importante. Il fit la guerre aux Parthes et aux barbares du Danube durant 15 ans. L’empire entre en effet dans une période bien moins propice, ses voisins aux frontières semblent plus puissants, l’Empire doit faire face à des difficultés agraires, des famines, à l’épidémie de la peste antonine. Marc Aurèle choisit son fils, Commode comme successeur.

Commode, rappela par ses cruautés le souvenir des empereurs de la famille Julienne. Avec lui finit la dynastie des Antonins et commence une période de décadence. Son assassinat inspiré par sa favorite Marcia en décembre 192 ouvre une crise politique comme à la fin de la dynastie des Julio-Claudiens. La garde prétorienne assassine le nouvel empereur Pertinax et porte au pouvoir Didius Julianus qui ne régna que quelques mois.

C’est finalement l’Africain Septime Sévère marié à une syrienne et alors gouverneur de Pannonie [11] qui prend le pouvoir proclamé par ses légions. Il eut d’abord à lutter contre deux compétiteurs, Pescennius Niger et Clodius Albinus.

Revenu seul empereur, Il comble de bienfaits l’armée dont il augmente les effectifs et renforce le pouvoir impérial. Les prétoriens qui ont fait et défaits tant d’empereurs sont recrutés parmi les légions du Danube fidèles à Septime Sévère. Il sauve un temps l’Empire de l’anarchie et entame d’importantes réformes politiques, militaires, économiques et sociales.

Il fit preuve de fermeté et de vigilance, il rétablit les finances, administra les provinces avec sollicitude. Il fit une expédition contre les Parthes en 199 et une autre en Grande-Bretagne, où il mourut.

Le brassage culturel qu’apporte l’Empire s’accroît, les religions venues d’Orient deviennent plus populaires dans l’Empire, en particulier le culte de Mithra [12] parmi les militaires.

Durant tout ce siècle, les empereurs menèrent une politique plus interventionniste, amenant peu à peu à la transformation du principat en un état plus totalitaire dans le cours du 3ème siècle. Septime Sévère obligea les propriétaires à garantir sur leurs biens la rentrée des impôts globaux, enserra toute la vie économique dans un réseau de corporations aux règlements uniformisés, fit passer sous son contrôle les manufactures. Au début du 3ème siècle, tous sauf les esclaves sont citoyens romains.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Imago Mundi/ Histoire politique et sociale/ L’Empire romain et petit mourre dictionnaire d’histoire universelle édition Bordas 2004 p 1122

Notes

[1] l’actuelle Angleterre

[2] La Dacie est, dans l’Antiquité, un territoire de la région carpato-danubiano-pontique correspondant approximativement à celui de la Roumanie actuelle. Le mot Dacie vient du nom romain de ses occupants principaux, les Daces, qui sont très proches des Thraces. La Dacie était également peuplée par les Sarmates, les Scythes, et les Bastarnes. On relève aussi quelques peuplements celtes, et probablement un certain nombre de colons grecs et commerçants romains. Les ennemis des Daces sont les Romains et parfois certains Celtes. Leurs alliés sont les Thraces et les Grecs, jusqu’à la conquête de la Grèce par l’Empire romain.

[3] L’Empire parthe (247 av. jv-224 ap. jc), également appelé Empire arsacide, est une importante puissance politique et culturelle iranienne dans la Perse antique. Son deuxième nom vient d’Arsace 1er qui en tant que chef des Parni, une tribu scythe d’Asie centrale, le fonde au milieu du 3ème siècle av. jc lorsqu’il conquiert la Parthie dans le nord-est de l’Iran, alors une satrapie (province) en rébellion contre l’Empire séleucide. Mithridate 1er agrandit l’empire en prenant la Médie et la Mésopotamie aux Séleucides. À son apogée, l’empire parthe s’étend des sources de l’Euphrate, dans ce qui est aujourd’hui le sud-est de la Turquie, jusqu’à l’est de l’Iran. L’empire, situé sur la Route de la Soie reliant l’Empire romain dans le bassin méditerranéen à l’Empire Han en Chine, devient un carrefour culturel et commercial.

[4] La province romaine d’Arabie ou Arabie pétrée est créée en 106, après la conquête du royaume nabatéen (dont la capitale est Pétra), un des derniers royaumes du Moyen-Orient, sous protectorat romain. Débouché des caravanes venues du Sud arabique ou du golfe Persique, le royaume nabatéen occupait une région importante pour les liaisons stratégiques des Romains entre l’Égypte d’une part, la Judée et la Syrie d’autre part. La province d’Arabie, malgré sa création tardive, est bien intégrée à l’empire, et sa région garde des traces archéologiques importantes de la présence romaine.

[5] La Mésopotamie est une région historique du Moyen-Orient située dans le Croissant fertile, entre le Tigre et l’Euphrate. Elle correspond pour sa plus grande part à l’Irak actuel.

[6] Şanlıurfa souvent appelée simplement Urfa est une ville du sud-est de la Turquie. Elle fut d’abord nommée Urhai puis Édesse (ou Édessa), puis Urfa et aujourd’hui Şanlıurfa ou Riha en kurde. Le nom antique d’Édesse est Osroé, qui provient peut-être du nom du satrape Osroès qui gouverna la région. Selon la légende, Adam et Ève séjournèrent dans la cité, qui serait la ville natale d’Abraham et qui abriterait la tombe de sa femme Sarah.

[7] La Bithynie est un ancien royaume au nord-ouest de l’Asie Mineure, actuellement situé en Turquie. Située au bord du Pont-Euxin, la Bithynie était limitée par la Paphlagonie à l’est, la Galatie et la Phrygie au sud, la Propontide et la Mysie à l’ouest. Les villes principales de Bithynie sont Nicomédie (actuelle Izmit) et Nicée, qui se disputent le titre de capitale selon l’époque, ainsi qu’Héraclée du Pont (ou plus simplement Héraclée), Pruse (actuelle Bursa) et Chalcédoine. On compte aussi Byzance qui, bien que sise en Thrace, dépend sporadiquement de la province de Bithynie, notamment durant le mandat de gouverneur de Pline le Jeune.

[8] L’Edictum perpetuum prætoris ou L’édit perpétuel ou édit permanent du préteur est une compilation de tous les édits rendus précédemment par les préteurs, qui fut faite sous Hadrien, l’an 131 apr. jc, par le jurisconsulte Publius Salvius Iulianus, pour servir de règle à l’avenir. Il a servi de modèle pour l’élaboration du Digeste de l’empereur Justinien, publié en 533.

[9] alors que le terme colonie désignait le plus souvent l’installation de colons romains, il est désormais un titre honorifique concédé à une cité et qui donne la citoyenneté romaine à tous ses habitants

[10] Le stoïcisme est un courant philosophique occidental issu de l’école du Portique fondée en 301 av.jc à Athènes, par Zénon de Cition. Le stoïcisme a par la suite traversé les siècles, subi des transformations notamment avec Chrysippe de Soles en Grèce et à Rome avec Cicéron, Sénèque, Épictète, Marc Aurèle, puis exercé diverses influences, allant de la période classique en Europe en particulier au 17ème siècle, chez René Descartes jusqu’à nos jours. Un des points qui distingue le stoïcisme des autres courants philosophiques issus de l’époque hellénistique est sa psychologie qui est à la base des thérapies cognitivo-comportementales modernes

[11] La Pannonie est une ancienne région de l’Europe centrale, limitée au Nord par le Danube et située à l’emplacement de l’actuelle Hongrie, et partiellement de la Croatie et de la Serbie. Les habitants originaux sont les Pannoniens, qui sont envahis par les Celtes et les Boïens au 4ème siècle av. jc. Vers 105 apr. jc, Trajan divise la province en Pannonie supérieure à l’ouest et Pannonie inférieure à l’est. Ces qualificatifs ne sont pas seulement déterminés par le sens du cours du Danube, mais aussi par l’éloignement par rapport à Rome en suivant les itinéraires routiers : le voyageur venant d’Italie rencontre d’abord la Pannonie supérieure, puis la Pannonie inférieure. Le Pannonien Maximien est associé au pouvoir en 285. Les tétrarques réorganisent les provinces pour en améliorer l’administration et la défense : la Pannonie inférieure est divisée en deux : au nord la Valeria, du nom de famille de Dioclétien, avec pour capitale Aquincum ; au sud, la Pannonia Secunda, avec pour capitale Sirmium

[12] Le mithraïsme ou culte de Mithra est un culte à mystères apparu probablement pendant le 2ème siècle av. jc en Perse. Durant les siècles suivants il se propage dans tout l’Empire romain et atteint son apogée durant le 3ème siècle. Ce culte est particulièrement bien reçu et implanté chez les soldats romains. À la fin du 4ème siècle, l’empereur Théodose entreprend d’éradiquer les religions autres que le christianisme. À la suite d’un décret de 391 les temples non-chrétiens sont détruits ou transformés en églises ; ce décret constitue l’arrêt de mort du mithraïsme.