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Anne Hilarion de Costentin ou Cotentin

samedi 29 décembre 2012, par lucien jallamion

Anne Hilarion de Costentin ou Cotentin (1642-1701)

Comte de Tourville-Vice-amiral et Maréchal de France

Anne Hilarion de Costentin ou Cotentin Comte de Tourville-Vice-amiral et Maréchal de France

Issu d’une ancienne famille de Tourville d’extraction chevaleresque, originaire de Basse-Normandie. Son aïeul Louis Guillaume de Cotentin, seigneur de Tourville, accompagna Saint-Louis, lors de sa Croisade en Terre sainte, avec un rang distingué dans son armée. La Maison de Costentin de Tourville fournit un grand nombre de militaires au royaume de France.

Son père César de Cotentin, comte de Tourville et de Fismes, est gentilhomme du duc de Saint-Simon, père du célèbre mémorialiste puis capitaine d’une Compagnie d’ordonnance en 1632. Il est ensuite premier gentilhomme et chambellan du Prince de Condé et l’accompagne dans toutes ses expéditions militaires. Louis XIII le fait Conseiller d’État, lui donne le commandement de la Normandie en 1640, et le charge de défendre la Bourgogne conjointement avec les lieutenants généraux, les comtes de Tavannes et de Montrevel. Sa mère, Lucie de La Rochefoucauld est la fille d’Isaac de La Rochefoucauld, baron de Montendre et d’Hélène de Fonsèques de Surgères. Elle est dame d’honneur de la princesse de Condé.

Comme sa famille a participé à la Fronde son père sollicite son admission dans l’Ordre de Malte auprès de Jean-Paul de Lascaris-Castellar, Grand-maître de l’Ordre. Il entra dans l’Ordre de Malte à 14 ans, fit avec distinction plusieurs campagnes contre les Barbaresques. Il se signal en plusieurs occasions, notamment lors d’un combat contre une galère turque en 1661, dont il parvient à se rendre maître. L’année suivant, alors âgé de 20 ans, il s’empare près de Zante de quatre navires turcs et en coule un cinquième. Par la suite, il arme un vaisseau pour la course, en compagnie du Chevalier d’Hocquincourt, avec qui il réalise des prises considérables. En 1665, ils mettent en fuite 6 navires d’Alger et, après un combat de neuf heures, ils contraignent 36 galères à la retraite, près de Port Dauphin, sur l’île de Chio, en Méditerranée, après que ces galères ont perdu plus de 500 hommes. Mais trop endommagé, le vaisseau d’Hocquincourt coule et se dernier se noie.

En 1666, rappelé par sa famille, Il rentre en France en septembre 1666 et séjourne trois mois à Lyon. En chemin, il passe par Venise où la République le gratifie d’une médaille d’or et d’un certificat dithyrambique délivré à “l’invincible protecteur du commerce maritime, à la terreur des turcs.” À Paris, sa mère n’a aucune peine à le faire rentrer Marine royale : Colbert ne cesse alors de se plaindre de la « disette de cadres » ; or Tourville a 24 ans et déjà 4 ans d’expérience en Méditerranée. Le 4 décembre 1666, le duc de Beaufort, Grand-maître de la navigation donne à Tourville une commission de capitaine de vaisseau. Il s’agit là d’un réel privilège, étant donné son jeune âge, un brevet de lieutenant de vaisseau lui aurait certainement été attribué si la comtesse douairière de Tourville, sa mère, n’était pas aussi en faveur à la Cour. Il est nommé capitaine de vaisseau l’année suivante par Louis XIV.

En 1668, il reçoit son premier commandement, celui du vaisseau de ligne Le Courtisan. Avec ce vaisseau, il conduit en mars un commissaire du Roi chargé de réclamer à Alger l’exécution d’un traité récemment conclu entre le Roi et le dey. Début 1669, il reçoit un second commandement, celui du vaisseau Le Croissant. Il prit part à l’expédition de Candie en 1669, servit sous le comte d’Estrées dans les guerres de 1671 à 1673. En 1670, il se rend à la Cour de Versailles où il reste un an, il accompagne le Roi en Flandres. Enfin, il protège le commerce français et s’oppose aux Turcs à bord de L’Hercule. Envoyé dans le golfe de Venise, à la tête de 3 vaisseaux, il incendie devant Barlet un vaisseau ragusois, chargé de ravitailler les troupes ottomanes, il canonne ensuite la ville. Il prend un vaisseau de 50 canons, chargé de blé et d’autres provisions qu’il convoie à Messine. II capture d’autres vaisseaux au large de Brindisi. À son retour à Messine, il bombarde Reggio, où il escorte un brûlot qui met le feu à un vaisseau de guerre et à 14 bâtiments au mouillage dans ce port. Le duc de Beaufort le compte alors parmi ses meilleurs capitaines. En 1671, commandant Le Duc, il effectue un coup de main audacieux contre des navires tunisiens stationnés dans le port de Sousse. Rentré à Rochefort, il apprend alors la mort de sa mère, survenue en mars 1671, et à laquelle il n’a pu assister. Il passe sur L’Excellent, 56 canons, qui s’échoue en gagnant la haute mer. Quand la guerre de Hollande éclate en 1672, il rejoint la Flotte du Ponant et l’escadre du comte d’Estrées et reçoit le commandement du Sage.

La même année, il permet à son neveu, le marquis de Châteaumorand d’entrer dans la Marine. Il brille à la bataille de Solebay, le 7 juin, avant de prendre part aux 3 combats de l’été 1673 contre l’amiral hollandais Michiel de Ruyter - Schooneveld, Walcheren et le Texel - à bord du Le Sans Pareil. En 1674, il monte L’Excellent, avec lequel il s’échoue.

Il retourne au Levant en 1675 pour y livrer une guerre de course, et est nommé chef d’escadre de Guyenne le 30 octobre 1675, une promotion qui vient récompenser ses actions mais qui est également due aux protections dont Tourville bénéficiait à la Cour.

Son vaisseau étant à la tête de la flotte française, il pénètre le premier dans le port d’Agosta, où il prend le fort d’Aroley, après quoi les autres forts et la ville se rendent. Commandant le vaisseau Le Duc et alors qu’il se rendait à Malte pour se ravitailler en eau, il apprend la présence de 17 bâtiments ennemis dans le port de Suse, il entre dans le port, y capture une polacre et y met le feu après avoir fait jeter les Ottomans à la mer.

Il commande Le Sceptre, 80 canons, sous les ordres du maréchal de Vivonne, lors du combat de Palerme le 2 juin 1676, contre la flotte de l’amiral hollandais de Ruyter. Au cours de cette bataille, il démontre ses capacités de chef de guerre. Son plan d’attaque permet la victoire de l’escadre commandée par Abraham Duquesne sur l’escadre hispano hollandaise qui s’est réfugiée dans le port sicilien. Le bilan est lourd pour les coalisés et les Provinces-Unies et la monarchie catholique espagnole perdent 8 vaisseaux et 4amiraux.

Tourville se distingue pendant toute la campagne de Sicile contre de Ruyter, sous les ordres du duc de Vivonne et sous Abraham Duquesne. Il commande Le Monarque en 1677, dans l’escadre du Grand Duquesne.

Après la paix de Nimègue, Auréolé de cette victoire, il est nommé chef d’escadre en octobre 1679, à l’âge de 37 ans. En 1679, le ministre de la Marine Seignelay l’envoie à Toulon pour armer une escadre.

Le 7 mars, Tourville écrit, de Toulon, au ministre, pour lui annoncer qu’il se mettait en mesure d’exécuter les ordres qui lui avaient été donnés. Plus tard, Tourville part de Toulon pour se rendre dans le Ponant, avec 4 vaisseaux : Le Sans Pareil, Le Content, Le Conquérant et L’Arc-en-Ciel. Arnoul, Intendant de Toulon, annonce ce départ le 2 mai 1679. Il s’agit alors de son 11ème commandement en mer. Tourville navigue d’abord fort bien avec cette escadre qui devait tenir la mer, la nettoyer des corsaires qui l’infestaient et, a la fin de la bonne saison, rallier le port de Brest pour y désarmer. En octobre, le chef d’escadre pense que le moment était venu de gagner le port ; il prend donc la route qui devait le conduire en Bretagne ; lorsqu’il est assailli, le 21 octobre 1679, au large de Belle-Isle, par une violente tempête.

Son vaisseau Le Sans Pareil coule et il ne doit sa survie qu’à l’intervention du chevalier de Coëtlogon. Dans ce naufrage, Tourville perd son fils, âgé de 19 ans. Le Sans Pareil et Le Conquérant coulent, Le Content commandé par le chevalier d’Imfreville s’échoue dans la rivière de Morbihan ; L’Arc-en-Ciel enfin, commandé par le chevalier de Coëtlogon, plus neuf, plus solide que les autres, peut regagner Brest où il s’abrite. La nouvelle de ce malheur parvient à Versailles où elle jette la consternation. Près de 800 hommes avaient péri et, parmi eux, beaucoup d’officiers appartenant à des familles importantes.

En Provence, d’où les équipages étaient originaire, un deuil général est décrété. On fait payer aux familles des morts ce qui leur revenait de leur solde, seule consolation qu’on peut leur donner. Une enquête est commandée à Brest et à Toulon ; Arnoul, qu’on accusait d’avoir mal veillé aux radoubs, est remplacé à Toulon, par Girardin de Vauvré ; Brodart et Duquesne sont chargés de recueillir les témoignages des hommes qui, échappés au naufrage, étaient retournés à Toulon.

Proche ami de Seignelay, la carrière de Tourville s’accélère à partir de 1680. Il accompagne le ministre dans sa tournée d’inspection à Bordeaux et à Bayonne. En février 1680, il reçoit une pension de 4 000 livres sur le budget de l’évêché de Verdun. Le chevalier de Tourville est fait lieutenant général des armées navales par lettres, datées de Saint-Germain-en-Laye, le 1er janvier 1682, en remplacement du marquis de Martel, qui venait de mourir. Il est alors âgé de 42 ans. Une nouvelle pension de 3 000 livres lui est accordée.

Ces 7 000 livres s’ajoutent alors au 12 000 livres d’appointements annuels comme lieutenant général.

Il reçoit le commandement du vaisseau Le Vigilant et prit part aux expéditions de Duquesne contre Alger et Tripoli en 1682, puis au bombardement de Gênes en 1683, et fut promu au rang de lieutenant général des armées navales. En 1688, dans la Manche, il s’empare de 5 vaisseaux hollandais. Le 2 juin de la même année, Tourville était à la mer, avec une escadre, lorsqu’il rencontre une escadre espagnole, commandée par l’amiral Papachin, il lui demande de saluer du canon le pavillon français, ce que l’Espagnol refuse de faire. Tourville l’attaque, et par un combat vigoureux, le contraint à lui rendre son salut. Cette action fait grand bruit à Versailles et à L’Escurial.

En 1688, il retourna bombarder Alger. Duquesne meurt la même année et la vice amirauté du Levant, que le Roi Louis XIV s’était toujours refusé de lui donner en l’absence d’une conversion au catholicisme, était désormais vacante. Le Roi, confie cette charge à Tourville, par les lettres du 1er novembre 1689. Il est alors, de fait, amiral et commandant de la marine française, d’Estrées ne prenant plus la mer. En 1690, il est reçu chevalier de l’Ordre de Saint-Lazare de Jérusalem.

Il reçut le commandement d’une escadre de 20 vaisseaux chargée de soutenir Jacques II d’Angleterre. Le 10 juillet 1690 et les jours suivants, Tourville commande l’armée navale française qui disperse la flotte anglo hollandaise au Cap Béveziers. Cette bataille est la victoire la plus éclatante de toute l’histoire de la marine française sur les Anglais, et même la seule dans la Manche. Ayant fait subir de lourdes pertes aux coalisés, Tourville peut alors occuper la mer et protéger les côtes françaises. Il devait, avec la flotte de Brest, se réunir à la flotte de Toulon que commandait d’Estrées, et faire un vigoureux effort pour réparer les échecs de Jacques II : mais d’Estrées n’arriva pas. Tourville, provoqué par l’amiral anglais Russel en vue de La Hougue en 1692, livra bataille malgré lui et sur l’ordre exprès de Louis XIV, avec 44 navires contre 88. Il fut vaincu après une lutte héroïque de 12 heures et malgré d’admirables dispositions, et su encore mettre à couvert dans les ports voisins les vaisseaux qui avaient réchappé à cette bataille.

Nommé maréchal de France en 1693, il prit sa revanche à la bataille de Lagos, à la hauteur du cap Sao Vicente au Portugal, à la tête d’une escadre de 71 vaisseaux et, en cette seule campagne, fit perdre aux ennemis plus de 80 bâtiments et environ 36 millions.

Il participe en 1694 à sa dernière campagne maritime, en Méditerranée, avec les sièges de Palamós et Livourne. Il partage ses dernières années entre Provence, Saintonge et Aunis d’où il organise la défense des côtes françaises. À Brest, en 1695, il s’active encore en des heures difficiles, suite au grand hiver et aux bombardements anglais de l’année précédente Saint-Malo, Dieppe, Le Havre. Le 2 novembre 1695, il reçoit son neveu Châtomorand dans l’Ordre de Saint-Louis.

En 1697, la paix de Ryswick lui donna le repos que réclamait sa santé altérée. Le Père Lhoste, aumônier de sa flotte, rédigea par son ordre et sous ses yeux un Traité de la tactique navale.

Tourville n’est pas seulement un chef de guerre, il s’intéresse et participe de près à la gestion de la marine. Il intervient dans la construction et l’architecture navale, sur la logistique et la formation des marins et des officiers de marine. Il propose notamment d’utiliser des maquettes de vaisseaux pour l’instruction. Il est secrètement consulté par Colbert sur tous les aspects de la marine, y compris sur les promotions des officiers. Il n’a de cesse de conseiller au ministre de promouvoir des gens de mer. Mais, c’est avec la guerre de la ligue d’Augsbourg qu’il écrit les plus belles pages de sa carrière.

En 1690, Anne Hilarion de Costentin de Tourville épouse Louise Françoise d’Hymbercourt, fille d’un riche fermier général et veuve d’un cousin germain de Colbert.

Il meurt à Paris le 23 mai 1701, à l’âge de 59 ans. Il est enterré en l’église Saint-Eustache à Paris, à proximité du tombeau de Colbert, réalisé par Antoine Coysevox.