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L’histoire pour le plaisir

Le règne de Louis XI

lundi 26 novembre 2012

Croix en souvenir de la bataille de Montlhéry

Le règne de Louis XI

Le 15 août 1461 Louis XI est sacré à Reims. Il a déjà 38 ans lors de son sacre. Depuis l’avènement d’Hugues Capet, aucun roi de France n’est monté sur le trône aussi âgé. C’est le duc de Bourgogne, Philippe le Bon, qui a dirigé et payé tous les frais de la cérémonie. Depuis 1457, le Dauphin qui est aujourd’hui sacré fut son protégé. Les impôts que sont les aides et les gabelles mécontentent le peuple de Reims, alors que Louis XI commence de régner depuis quelques mois. Si les révoltes qui éclatent alors ont le nom de “micquemacque”, c’est qu’en français on dénomme encore une rébellion par le mot “mutemacque”. Ce terme est un héritage du néerlandais, de l’expression “muyte maken” qui se traduit par “faire émeute”.

Le 9 mai 1462 est signé le traité de Bayonne entre Jean II d’Aragon et Louis XI qui récupère le Roussillon et la Cerdagne. Le 12 septembre 1463 c’est à Philippe le Bon, duc de Bourgogne, qui a institué l’ordre de la Toison d’or, que Louis XI achète 5 villes d’Artois. Lorsque le roi de France entre dans Abbeville aux côtés du duc, les habitants déçus par la mise pauvre du souverain s’étonnent : “Est-ce là un roi de France, le plus grand roi du monde ! Ce semble mieux un valet qu’un chevalier. Tout ne vaut pas vingt francs, cheval et habillement de son corps.”

Louis XI créa le premier Etat nation moderne, en défiant les seigneurs féodaux qui contrôlaient le royaume. La mission de cet Etat nation fut d’éduquer la population et d’élever son niveau de vie, au nom d’un « bien commun » à tous sur lequel le monarque doit veiller, conception révolutionnaire qui rompait avec la tripartition traditionnelle, le chevalier, le clerc et le paysan, dans laquelle chaque ordre avait un « bien propre » soumis au monarque.

Ce concept de gouvernement « par le peuple et pour le peuple » avait été auparavant présenté au Concile de Bâle en 1434 par le grand savant, historien et humaniste chrétien Nicolas de Cuse. Dans sa “Concordantia Catholica”, il exhorte les chrétiens à abandonner leurs illusions sur la « gloire » de l’Empire romain et à reconnaître que celui-ci rejetait l’idée que l’homme est créé à l’image de Dieu (imago Dei ), et aide Dieu dans sa création par sa créativité et son agapè (amour charitable). Moralement dégénéré, l’Empire romain avait semé les graines de sa propre destruction. Il présente le fruit de ses propres recherches, prouvant que la Donation de Constantin, un document du 11ème siècle affirmant que l’empereur Constantin aurait cédé le pouvoir temporel de l’Empire à la papauté, est un faux.

Il montre comment l’Église s’est laissée corrompre par cette fausse cession du pouvoir impérial romain et soutient que l’Etat nation doit se fonder sur le principe d’un Roi qui tient sa légitimité de l’effort qu’il met à réaliser le bien de tous et à enrichir la nation. Pour bâtir cette « République », cette « chose commune », il doit nécessairement recueillir le consentement du peuple, et non imposer d’en haut une volonté arbitraire.

A son avènement, louis XI se venge des serviteurs de son père.

Heureusement, il revient vite à plus de bon sens et restaure les meilleurs conseillers dans leurs fonctions. Il en recrute de nouveaux dans la bourgeoisie. Le plus célèbre est son barbier Olivier le Daim. Désireux de remettre de l’ordre dans le royaume, Louis XI ne tarda pas à se faire de nombreux ennemis. Il prive certains seigneurs de leur pension, leur impose des mariages à son avantage ou limite leur droit de chasse.

En réaction, les féodaux forment une « Ligue du Bien public » et prétendent remédier au « desordonné et piteulx gouvernement ». Ils projettent d’installer un régent, le duc de Berry alors âgé de 18 ans, frère de Louis XI. En mars 1465 débute la guerre de Louis XI contre la Ligue du Bien Public de Charles le Téméraire et Charles de France. Louis XI se heurte aux coalisés à Montlhéry, au sud de Paris, le 16 juillet 1465. La bataille est indécise. Profitant de la confusion, le roi s’esquive et s’empresse d’entrer à Paris pour y affermir son autorité. D’août à septembre 1465 les villes de Rouen, Caen, Beauvais et Péronne rejoignent la Ligue du Bien public.

Par le traités de Conflans et de Saint-Maur le 5 octobre 1465, il feint de céder aux principales revendications des ligueurs. Mais le roi, que d’aucuns surnomment « l’universelle aragne », eu égard à sa ruse, n’aura de cesse ensuite de rabaisser les anciens ligueurs en cajolant les uns et en combattant les autres. Le 29 octobre 1465 par le traité de Saint-Maur, Charles le Téméraire récupère les villes vendues par son père et le 12 décembre 1465 le frère du roi reçoit le duché de Normandie en apanage. En janvier 1466 Louis XI reprend la Normandie à son frère, lui échangeant le Roussillon.

Le duc de Bourgogne étant mort en 1467, Charles Le Téméraire lui succéda. Celui-ci s’allia à François II de Bretagne. Mais Louis ayant signé avec François le traité d’Ancenis le 10 septembre 1468 et encouragé les révoltes de Gand et de Liège, Charles le Téméraire lui tendit un piège en l’invitant à Péronne le 14 octobre 1468. Le roi Louis XI échappa de peu à un mauvais coup lors de l’entrevue avec son rival, le duc de Bourgogne Charles le Téméraire. Apprenant que Louis XI manigançait à son insu un soulèvement des citoyens de Liège contre le duc, celui-ci songea à garder le roi prisonnier, voire à le tuer.

Louis fut tout de même accusé de conspiration et emprisonné. Charles l’emmena à Liège pour le faire assister personnellement à la répression de la révolte de ses sujets de Liège. Enfin Charles le Téméraire lui fit accepter son 3ème mariage avec Marguerite d’York et l’achat de Brisgau* et de l’Alsace au duc tyrolien Sigismond de Habsbourg, d’Innsbruck.

Sur les instances de son chambellan, Philippe de Commynes, Charles le Téméraire se contente finalement d’imposer à Louis XI un traité léonin par lequel la monarchie française cède la Champagne, la Brie et les villes de la Somme. Sitôt libéré, Louis XI n’aura de cesse d’annuler le traité et de protéger sa couronne contre l’avidité des grands féodaux. Le roi Louis XI se montrera généreux envers son sauveur, Philippe de Commynes. Celui-ci quittera le service du duc pour le sien. Il deviendra le confident du roi et sera comblé d’honneurs avec le titre de sénéchal du Poitou. Après la mort de Louis XI, il prendra le parti des seigneurs contre la régente Anne de France, dite la "dame de Beaujeu". Sa défaite lui vaudra quelques années d’emprisonnement mais il rentrera en faveur avec le roi Charles VIII. Sous le règne de son successeur, Louis XII, il prendra sa retraite et en profitera pour rédiger ses Mémoires.

Le 5 décembre 1469 une réconciliation entre le roi et son frère à lieu au pont de Braud sur la Sèvre niortaise. La même année, Charles le Téméraire installe comme bailli de Haute Alsace Pierre de Hagenbach. Celui-ci était tellement avide et cruel qu’il se fit détester par la population qui le décapita en 1474 au cours d’une révolte avec l’aide des suisses.

C’est en 1470 que le cardinal De La Balue responsable de l’emprisonnement de Louis XI par Charles le téméraire fut enfermé dans une cage de fer suspendue parce que Louis XI le jugea responsable du complot et de traîtrise. C’est aussi le 6 octobre de la même année qu’Henri VI d’Angleterre récupère son trône avec l’appui de Louis XI. Édouard IV reprit le pouvoir en 1471 et réclama comme Édouard III ses droits à la couronne de France, sa soeur ayant épousé le Téméraire, il redevenait son allié.

Le 24 mai 1472, la mort de Charles de France marque le retour de la Guyenne au domaine royal. En Juin 1472, Charles le Téméraire anéantit Nesle, s’empare de Roye et occupe Montdidier. Rien ne semble pouvoir arrêter la puissante armée du Duc de Bourgogne qui fonce sur Beauvais dans sa marche vers la Normandie. Du haut de leurs remparts, les Beauvaisis, aidés de leurs compagnes, s’organisent et font front à l’assaillant. Sur les murailles en brèches battues par le canon, une jeune fille du nom de Jeanne Laisné combat aux côtés des assiégés sur le point de succomber devant le nombre. Elle arracha un étendard aux Bourguignons et galvanisa la résistance. L’élan de Charles le Téméraire fut brisé et repoussé.

Jeanne Hachette venait d’entrer dans l’histoire. Un traité de paix entre Louis XI et Édouard IV sera signé en 1475 à Picquigny par lequel la France remboursait à Édouard ses frais de Guerre et lui payait 75 000 écus d’or, plus une rente viagère annuelle de 50 000 écus d’or sur la promesse de fiançailles entre la fille d’Édouard et le Dauphin de France.

C’est le 31 octobre 1472 que sont établis les formules des placets royaux. Louis XI arrête par édit la formule qui signifie sa volonté : “Car tel est notre plaisir.” C’est à la même formule, à peine modifiée en “Car tel est notre bon plaisir”, qu’aura recours encore Louis XVI. De même que Napoléon 1er. C’est aussi le 31 octobre 1472 qu’a lieu la signature du Concordat entre Louis XI et Sixte IV. Le 30 septembre 1473 à lieu une rencontre à Trèves entre Frédéric III et Charles le Téméraire. Le 22 juillet 1474 Louis XI ordonna la saisie du duché d’Anjou, en revendiquant la propriété.

Le 10 mars 1475 Perpignan cède face aux troupes de Louis XI et en juin 1475 échec de Charles le Téméraire devant Cologne. Alliance entre Frédéric III et Louis XI et en juin 1475 Édouard IV débarque à Calais.

Le 29 août 1475 à lieu la rencontre de Picquigny entre Louis XI et Édouard IV d’Angleterre et le 13 septembre est signé la trêve de Soleuvre entre Charles le Téméraire et Louis XI. Puis le 29 la paix de Senlis entre Louis XI et François II de Bretagne est signée. Le 30 novembre a lieu la prise de Nancy par Charles le Téméraire et le 19 décembre exécution du connétable de France pour trahison.

En 1476, Charles le téméraire attaqua d’abord les Suisses et fut battu par eux à deux reprises : le 3 mars à Grandson et le 22 juin à Morat. En plein hiver il subit contre René II sa 3ème défaite le 5 janvier 1477 devant Nancy. Charles étant blessé à la tête, son cheval affolé ne pu être maîtrisé ! On retrouva son corps gelé et à demi dévoré par les loups. Louis XI occupa immédiatement la Franche Comté et voulut s’emparer du reste de l’héritage.

Mais l’héritage revenait à la fille du Téméraire Marie de Bourgogne, née en 1457 que Louis XI voulait marier au Dauphin. Louis XI favorisa la révolte des gens de Gand et obligea Marie à signer le "Grand Privilège de 1477." Mais Marie de Bourgogne ayant entre-temps épousé le 18 août 1477 l’Archiduc d’Autriche qui sera roi des romains en 1486 et empereur en 1493, une guerre éclata entre Louis XI et le protecteur de Marie. Maximilien d’Autriche veut récupérer l’héritage de sa femme, Marie de Bourgogne. Les troupes du roi de France sont défaites à Guinegatte le 7 août 1479. Ce que les armes ne lui permettent pas d’obtenir en ce jour, la rouerie du roi le lui accordera 3 ans plus tard. Le 11 décembre 1481, suite au décès de Charles du Maine, Louis XI récupère le Maine et la Provence.

En 1482 par le traité d’Arras Louis XI transigea avec Maximilien, il se fit céder la Bourgogne et la Picardie. Marguerite d’Autriche devait épouser le Dauphin et par sa dot elle redonnerait à la France, l’Artois et la Franche Comté. Mais l’Angleterre se sentant menacée annula le traité de Picquigny. En conséquence, le roi Louis XI transforma les fiançailles du Dauphin en option, remettant en cause la future dot que miroitait l’empereur !

Mais à la mort de son frère, le duc de Berry, Louis XI reçut La Guyenne, tandis que le Roussillon fut occupé lors des luttes d’Espagne. Louis pouvait s’estimer fier de lui, puisque cette France n’avait plus rien de comparable à celle de 1368 !

Marie de Bourgogne étant morte en 1482 d’une chute de cheval, Maximilien resta régent des territoires de son ex-femme. En 1483 Malade, Louis XI s’établit au Château de Plessis-lès-Tours, il y mourut le 30 Août. Une hémorragie cérébrale emporta le roi, âgé de 60 ans. Son fils, le futur Charles VIII n’ayant que 12 ans à cette période, Louis confia la régence du royaume à sa fille, Anne de Beaujeu.

Mécontent d’être évincé de la régence, le Duc d’Orléans demanda la réunion des États Généraux qui se réunirent à Tours en 1484. On y décida l’indépendance des tribunaux, l’amélioration des grandes routes, la diminution des péages.

Les États Généraux de 1484

La séance solennelle d’ouverture eut lieu le 14 janvier 1484, dans la grande salle de l’archevêché de Tours, en présence du roi, des princes du sang, des nobles et des prélats les plus considérables du royaume. Il y avait 250 députés venus de toutes les provinces à l’exception de la Bretagne.

Le discours d’usage fut prononcé par Guillaume de Rochefort, ex-chambellan de Philippe le Bon, passé au service de louis XI qui l’avait nommé chancelier en 1483. Il était tout acquis à la cause d’Anne de Beaujeu, laquelle avait probablement « relu » son discours. En énumérant les motifs qui avait incité le roi à convoquer les états, il fixa en quelque sorte le programme des délibérations : « Le roi voulait connaître les abus ; il avait résolu d’apprendre, de la bouche même des députés, les prévarications et les violences des délégués de l’autorité publique ; il désirait entendre tous les griefs pour les redresser et réformer l’état. Dans cette œuvre, il comptait que les représentants du pays seraient ses plus actifs coopérateurs. Il fallait se garder de toute méfiance et ne point penser que les remontrances seraient inutiles et les avis de nulle considération. » Le chancelier affirmait que le roi était déterminé à suivre les propositions des députés, à les défendre et à les faire exécuter.

C’était bien la première fois qu’un chancelier ouvrait les états généraux sans demander, d’entrée de jeu, des subsides et proposait aux députés de collaborer avec le roi.

Comme il avait en outre décerné des éloges appuyés aux princes, tout le monde était satisfait. Malgré la coutume et selon la volonté d’Anne de Beaujeu, les 3 ordres ne siégèrent pas séparément, mais formèrent une assemblée unique, confondant dans ses rangs les délégués du clergé, de la noblesse et du tiers état. Le 17 janvier, l’assemblée nomma 6 sections dont chacune représentait une province ou un groupe de province. On élut un président, l’abbé de St Denis, et 2 secrétaires. On convint que chaque section rédigerait un cahier et que les 6 cahiers seraient réunis en 1 seul pour être présentés au roi. Une commission de 36 membres fut désignée pour établir le cahier général. Ils ignoraient évidemment le but principal des états généraux qui consistait à voir l’organisation du conseil de régence et la tutelle du jeune roi et de mettre fin au bras de fer existant entre la famille d’Orléans et les Beaujeu.

Lorsque la question vint à l’ordre du jour, le 4 février, les députés de l’Île de France proposèrent de maintenir le conseil en fonction et demandaient l’adjonction de 9 conseillers choisis par les princes sur une liste de députés dressée par les états.

Les élus de Normandie voulaient un conseil de 36 membres, dont 8 seraient d’anciens conseillers du roi. Ceux de Bourgogne voulaient aussi 36 membres, mais admettaient aussi le maintien de 12 conseillers. De plus, ils prétendaient subordonner les décisions royales à la majorité de son conseil. Ceux du Languedoc se rangèrent à cet avis. Le président manœuvra pour empêcher un accord. Il était au service des princes. Ces derniers tentèrent de circonvenir les députés afin d’évincer les Beaujeu.

Le 9 février se tint à nouveau une assemblée plénière. Une partie des députés, influencée par le duc d’Orléans et par ses amis, soutenait qu’il n’appartenait pas aux états de désigner les conseillers du roi, mais aux princes qui étaient ses tuteurs légitimes. Philippe Pot, seigneur de la Roche et sénéchal de Bourgogne, prit la parole et prononça un discours qui a pu apparaître comme « révolutionnaire » et qui resta célèbre.

En effet, il affirma d’abord qu’il s’exprimerait au nom de la majorité de l’assemblée « que veut-on dire quand on parle des lois du royaume ? Sur ce point, il n’y a aucun lien légal qui engage la question, aucune ordonnance fondamentale qui attribue aux princes du sang, ou à l’un d’entre eux, la direction des affaires ; Tout est donc à régler ; il faut le faire sans hésiter. Ne laissons rien flotter dans le vague, n’abandonnons pas le salut de l’État à l’arbitraire d’un petit nombre, car qui nous garantit que les princes seront toujours justes et bons ? En cette circonstance,comme toujours, il faut fixer une règle et tracer une conduite. Or, il est constant que la royauté est une dignité, et non la propriété du prince : l’histoire raconte qu’à l’origine le peuple souverain créa les rois par son suffrage, et qu’il porta ses préférences sur les hommes qui surpassaient les autres en vertu et en habilité. En effet, c’est dans son propre intérêt que chaque nation s’est donné un maître. Les rois ne sont pas revêtus d’un immense pouvoir afin de s’enrichir aux dépens du peuple, mais pour enrichir l’État et le conduire à des destinées meilleures. S’ils font quelquefois le contraire, ce sont des tyrans…. Qui ne sait et qui ne répète que l’État est la chose du peuple ?...Dès lors, quelle est la puissance en France qui a le droit de régler la marche des affaires quand le roi est incapable de gouverner ? Évidemment cette charge ne retourne ni à un prince ni au conseil des princes, mais au peuple donateur de pouvoir. Le peuple a deux fois le droit de diriger ses affaires, parce qu’il en est le maître, et parce qu’il est toujours victime, en dernière analyse, d’un mauvais gouvernement…Il n’a pas le droit de régner, mais entendez le bien, il a le droit d’administrer le royaume par ceux qu’il a élus. J’appelle peuple, non seulement la plèbe et les vilains, mais encore tous les hommes de chaque ordre, à ce point que, sous le nom d’états généraux, je comprends même les princes…Les princes ont institué un conseil à la mort de louis XI : c’est vrai ; il fallait pourvoir aux besoins urgents de l’État ; vous n’étiez pas réunis. On a nommé un Conseil provisoire, on a bien fait. Grâces soient rendues à ceux qui ont pris cette mesure ; mais aujourd’hui que les états sont réunis, toute autorité leur revient ; le conseil en réalité n’existe plus : rien n’a de force sans votre sanction ; aucune institution ne subsiste légalement si elle n’est établie par vous ou conforme à votre volonté régulièrement exprimée… Ne vous montrez pas plus faibles que vos pères ; craigniez qu’un jour la postérité ne vous condamne pour avoir perdu l’État, et qu’au lieu de la gloire qui serait due à vos travaux, vous n’emportiez un opprobre éternel… »

Il n’était que le porte parole d’Anne de Beaujeu qui était l’inspiratrice de ce texte. Celui-ci avait reçu mission d’annihiler la propagande de Louis d’Orléans.

Anne de Beaujeu avait eu l’habilité de communiquer aux députés la liste des membres du Conseil provisoire et estimait opportun d’étoffer le Conseil par l’adjonction de 12 d’entre eux. L’effet produit par cette suggestion tout à fait insolite fut celui qu’elle attendait. Les états émirent un vœu comportant 2 parties.

Ils maintenaient le conseil tel qu’il avait été prévu après la mort de Louis XI et complété par la suite. Ils souhaitaient que le jeune roi le présidât lui-même autant qu’il lui serait possible. En son absence, la présidence appartiendrait au duc d’Orléans, ou au connétable de Bourbon, à défaut au sire de Beaujeu. En outre, les états reconnaissaient à tous les princes du sang le droit de siéger au Conseil. Dans la seconde partie, ils s’en rapportaient « au bon plaisir du Roi et desdits seigneurs et princes du sang du Conseil pour en disposer en leur consciences comme ils verront être à faire ».Ils proposaient que les 12 députés destinés à compléter le Conseil fussent choisi par le roi, à raison de 2 par section, parmi les « gens vertueux, sages et de bonne conscience ». Ce qui signifiait qu’Anne et Pierre de Beaujeu choisiraient 12 conseillers à leur dévotion et, par là, se doteraient d’une confortable majorité. Restait la question la plus épineuse, sur laquelle tout allait se jouer. Qui aurait la garde du jeune roi ? Anne de Beaujeu ou le premier prince du sang ? Le 11 février1484, les états prirent nettement position : « Attendu que le Roi a été jusqu’ici élevé et gouverné avec douceur et intelligence, et qu’il a encore besoin d’être gardé avec une grande sollicitude, nous opinons que le sire et la dame de Beaujeu, qui ont si bien commencé cette grande éducation, la continuent, et qu’ils aient soin, la garde et le gouvernement de sa personne. »

Louis d’Orléans se rebiffa. Il fit savoir aux députés que, s’ils voulaient une régence, elle devait lui être attribuée. Toutefois, il tolérait l’insertion d’une clause selon laquelle le sieur et la dame de Beaujeu resteraient « auprès de la personne du Roi ». Anne de Beaujeu suggéra cette formule par l’intermédiaire du bailli de Coutances : « Que le sire et la dame de Beaujeu soient auprès du Roi, comme ils y ont été jusqu’à présent. » Le duc d’Orléans avait perdu la partie. Les états avaient refusé de le nommer régent. Ils avaient bel et bien maintenu Pierre et Anne de Beaujeu dans leurs attributions et, par l’adjonction de 12 conseillers, ils leurs assuraient une majorité solide. Anne sortait de l’épreuve avec un pouvoir affermi, confirmé par les représentants de toute la nation. Lorsque Louis d’Orléans compris son échec, il en tomba malade, assez gravement pour que l’on pût un moment craindre pour sa vie.

Par ailleurs, les états réclamèrent une réorganisation du personnel et du fonctionnement de la justice, visant à la suppression des abus : « Semblablement adviennent plusieurs inconvénients et grandes oppression au pauvre peuple, parce que plusieurs offices royaux de judicature sont baillés à ferme ; car souvent gens dissolus, trompeurs et affamés mettent lesdits offices à prix et pour recouvrer les deniers de leurs fermes et avoir gain, font plusieurs molestations au peuple. »

Ils demandaient en conséquence qu’il fût mis fin à la vénalité et a l’hérédité des charges, à la coutume des épices et que les magistrats jouissent de l’inamovibilité. Ils revendiquèrent également le droit d’appel, trop souvent violé par le refus de délivrance des lettres de justice et par le droit d’évocation du roi. Ils préconisèrent le rétablissement de l’Échiquier de Rouen, juridiction propre aux normands et d’une ancienneté immémoriale.

Même si toutes les requêtes ne furent pas retenues, elles consacraient la diminution des privilèges seigneuriaux au profit du pouvoir royal. C’est le 30 mai 1484 que Charles VIII sera sacré à Reims.

En 1485, Louis d’Orléans et François II, duc de Bretagne s’unirent à d’autres seigneurs pour battre l’armée de la régente. Le 9 août 1485, le traité de Bourges scelle une entente entre François II de Bretagne et Charles VIII et le 22 septembre 1485 Charles VIII entre dans Beaugency et Louis d’Orléans se soumet au roi.

Le 15 mars 1486 Les bretons font alliance avec Maximilien d’Autriche et en juin 1486. Les troupe de Maximilien entrent dans le nord de la France. En 1487 à lieu un affrontements entre les troupes du roi et les Bretons, rejoint par Louis d’Orléans. Mais Louis II de la Trémoille les battit à St Aubin du Cormier le 27 juillet 1488, Louis d’Orléans est prisonnier.

Charles VIII obligea François II à signer le 20 août le traité de Sablé sur Sarthe, par lequel le duc de Bretagne s’engageait à ne marier ses filles qu’avec l’accord du roi de France. L’épouse de François II étant morte en 1486, François II l’ayant suivi le 9 septembre 1488. Anne de Bretagne se trouva orpheline dès l’âge de 12ans ! Après la mort du duc de Bretagne, Charles VIII souhaitait épouser Anne de Bretagne. Cette dernière se réfugia à Rennes.

En décembre 1488, le pape Innocent VIII demande l’aide de Charles VIII pour affronter le roi de Naples. Le 7 janvier 1489 Charles VIII envahi le duché de Bretagne. On appellera cette guerre la Guerre folle à cause de l’imprudence des seigneurs qui s’attaquaient au pouvoir royal. Le 6 décembre 1491 la régente Anne, marie son frère Charles VIII à Anne de Bretagne. Celle-ci est soucieuse de préserver l’indépendance de son duché.

Elle épousa par procuration Maximilien de Habsbourg en 1490. Mais ce mariage est intolérable à la couronne de France, qui opposait qu’avant de mourir François II de Bretagne avait donné au roi de France un droit de regard sur le mariage de ses filles. Après le siège de Rennes par les troupes royales le 15 novembre 1491 Anne de Bretagne capitule.

Elle se résigna à épouser le roi de France Charles VIII le 6 décembre 1491 au château de Langeais. Par cette union, la Bretagne devint fief français, mais seulement en droit. Le sacre suivit le 8 février 1492 à St Denis. Le 24 décembre 1491 Ludovic Sforza, maître du duché de Milan, demanda l’aide de Charles VIII.

C’est le 2 janvier 1492 que les Espagnols s’emparaient de Grenade dernier bastion musulman en Espagne. En mai 1492 Charles VIII s’allia avec Ludovic Sforza contre le roi de Naples, et commença son règne par trois traités. Le premier est celui d’Étaples le 3 novembre 1492 avec Henri VII d’Angleterre par lequel les Anglais acceptaient de se retirer de France en échange de la somme de 745 000 écus d’or. Le second celui de Barcelone le 19 janvier 1493 par lequel le roi de France rend à l’Aragon le Roussillon et la Cerdagne. Le troisième celui de Senlis avec Maximilien 1er le 23 mai 1493. Ce traité est conclu entre Charles VIII, Maximilien d’Autriche et Philippe le Beau. Charles VIII rend à Maximilien le Charolais l’Artois et la Franche-Comté, ces 2 dernières provinces ayant été cédées à Louis XI par le traité d’Arras. En outre, ces 2 mêmes provinces ont tenu lieu de dot pour Marguerite d’Autriche, qui a été fiancée à Charles VIII et élevée à la cour de France, mais que le roi s’est refusé à épouser. La couronne de France n’en continuera pas moins à être suzeraine de l’Artois. Le 25 janvier 1494, suite à la mort de Ferdinand, Charles VIII se proclama roi de Naples. Puis conseillé par Guillaume Briçonnet, le roi s’engagea dans les guerres d’Italie le 13 février 1494. Le 6 mars 1494 Charles VIII entre dans la ville de Lyon et le 13 mars s’octroie le titre de roi de Naples et de Jérusalem. Le 3 septembre 1494 il entre dans le Piémont mais du 13 au 21 septembre 1494 Charles VIII a de violentes fièvres dont il finit par se remettre. Néanmoins, le 22 septembre 1494 les français entrent à Florence et le 30 octobre 1494 Pierre de Médicis, gouverneur de Florence, donne 6 cités toscanes à Charles VIII. C’est le 9 novembre 1494 que Charles VIII entra dans la ville de Pise et le 2 décembre 1494 Sienne lui ouvrit ses portes . Le 31 décembre 1494 c’est par la Porte du peuple que Charles VIII entra dans Rome. Il fut acclamé tout au long du parcours qui le menait au palais San Marco. Le pape Alexandre Borgia se terra dans son palais. Le 15 janvier 1495 Charles VIII et Alexandre VI Borgia signent la paix de Rome permettant aux français de passer librement dans les territoires du pape. Le 29 janvier 1495 Charles VIII a une entrevue avec les représentants des rois d’Espagne qui souhaitaient que la France renonça à l’expédition italienne. Le 22 février 1495 Charles VIII entre dans Naples. Ses troupes commencent à piller la ville. Se grisant de fêtes en Italie, il en arriva presque à oublier la France, mais le réveil fut brutal. Le 5 avril 1495, une coalition formée de milanais, de vénitiens, d’espagnols, de soldats du pape et de Maximilien avaient décidé de lui barrer le chemin du retour ! Charles VIII prévenu par Philippe de Commynes, rassembla ses hommes et força le 5 juillet 1495 à Fornoue le passage au travers de la coalition abandonnant derrière lui toutes ses conquêtes. Le 27 juillet 1495 il est à Asti et le 10 octobre 1495 il signe la paix avec Ludovic le More qui reprend Novare. Le 15 octobre 1495 il est de retour en France. Le 6 mars 1496 un impôt exceptionnel fut levé dans toutes les villes du royaume. Le 17 décembre 1496, les Espagnols attaquèrent Naples qui capitulera le 15 février 1497 et le 25 février 1497 la capitulation de Tarente emmènera la perte du royaume de Naples. Le 27 novembre 1497 a lieu la signature d’une trêve permanente entre les français et les espagnols. Elle concerne également Maximilien et Henri VII d’Angleterre. Le Moyen Age vivait ses derniers jours, enivré d’art italien Charles VIII faisait découvrir à sa cour émerveillée, tout le charme de la culture italienne, prémisse de la nouvelle période dite de Renaissance. Le 7 avril 1498 au château d’Amboise lors d’une partie de jeu de paume, le roi se heurta le front contre une poutre. Il tomba à la renverse et se fracassa le crâne.

Agé de 27 ans, il ne laisse aucun héritier, ses 3 fils étant tous morts. Le trône revient à son cousin au 5ème degré, Louis XII. Le 1er mai 1498 Charles VIII est inhumé à la basilique Saint Denis. C’est le dernier roi des Valois directs. Le 27 mai 1498 Louis XII est sacré à Reims. Fils du poète Charles d’Orléans et de Marie de Clèves, Louis d’Orléans a 36 ans, lorsqu’il entre dans la basilique. Le 8 janvier 1499 le roi Louis XII, après l’annulation de son mariage avec Jeanne, fille bossue de Louis XI, épousa Anne de Bretagne, veuve de Charles VIII, dont il a toujours été amoureux. En dépit de ce mariage, le duché resta indépendant.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de histoire du 15ème siècle/ Le règne de Louis XI (archives Ljallamion, petit mourre, encyclopédie imago mundi, l’histoire, ect....)