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Théophraste

mercredi 15 février 2023, par ljallamion (Date de rédaction antérieure : 14 octobre 2012).

Théophraste (vers 371- vers 287 av. jc)

Philosophe grec

Aristote, Théophraste, et Straton de Lampsaque. Source : wiki/Straton de Lampsaque/ domaine publicNé à Erèsos [1]. Élève d’Aristote, il fut le premier scholarque [2] du Lycée [3], de 322 à 288, botanistes et naturaliste, ou encore alchimiste.

Fils du foulon [4] lesbosien [5] Mélantas, il se nommait Tyrtamos. Tout jeune encore, il part étudier la philosophie à Athènes [6], suit les cours de Platon en même temps que Aristote. À la mort de Platon, il voyage partout en Grèce et en Macédoine. En 344, quand Hermias d’Atarnée, livré aux Perses, fut exécuté par Artaxerxès III, Aristote se rendit dans l’île voisine, à Lesbos, chez Théophraste.

Après la Bataille de Chéronée en 338 [7], Théophraste revient à Athènes. Aristote y a déjà ouvert son école et Théophraste y suit les cours de son ancien condisciple, à qui il succède en 322. 6 ans plus tard, les écoles de philosophie sont interdites et fermées par une loi que Sophocle de Sounion fait passer, interdisant aux philosophes de tenir école sans le consentement du peuple et de la Boulè [8], sous peine de mort.

Rétabli et rappelé par Phidon, archonte successeur de Sophocle, il revient à Athènes l’année suivante.

Aristote, qui le surnommait Théophrastos fait de lui son successeur à la tête du Lycée lorsqu’il part pour Chalcis [9].

L’un des esclaves de Théophraste, Pompyle, devint un philosophe péripatéticien distingué. Pompyle, affranchi, fait partie des légataires du testament de Théophraste.

Il a écrit la première histoire de la philosophie, tout comme Eudème écrivit la première histoire de l’astronomie et des mathématiques. De même, en 300, Théophraste publie Les Signes du temps, premier ouvrage de prévisions météorologiques en Europe. Sa spécialité était l’étude des sciences naturelles et plus particulièrement celle des plantes, sujet de deux de ses ouvrages : Histoire des plantes et Causes des plantes. Théophraste est à l’origine de la différenciation théorique entre le règne animal et le règne végétal, distinction qui permit la naissance d’une véritable nouvelle discipline à part entière, possédant ses propres méthode et vocabulaire : la botanique.

Son Histoire des plantes, ou Recherches sur les plantes traite de la morphologie et de la classification des végétaux. Une part importante de son ouvrage est consacrée à un inventaire raisonné des plantes et comprend des informations sur l’influence du milieu sur leur développement, sur leur mode de reproduction et sur leur utilité.

Les Causes des plantes aborde les questions de la physiologie végétale, notamment la croissance et la reproduction, pour lesquelles Théophraste créa un vocabulaire spécifique qui décrivait les différentes parties d’une plante. Dans ses écrits, il ajoute ses observations personnelles aux connaissances des auteurs plus anciens et contemporains.

Il évoque aussi des espèces lointaines qui ont été importées après les conquêtes d’Alexandre le Grand, ou qu’il a reçues d’Égypte. Il répertorie plus de 550 espèces, que l’on peut encore identifier, la plupart utiles à l’agriculture. Théophraste les classe en quatre groupes : les arbres (dendron), les arbustes (thamnos), les sous-arbrisseaux (phruganon) et les herbes (poa), c’est-à-dire les végétaux non ligneux. Il était conscient de l’aspect arbitraire de ce système et convint qu’une plante pouvait appartenir à plusieurs groupes.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Christian Habicht, Athènes hellénistique, Paris, Les Belles Lettres, 2006, 397 p. (ISBN 978-0-300-16539-5)

Notes

[1] Eresós est une ville de l’île de Lesbos, en Grèce. Elle est l’une des deux villes, avec Mytilène, à prétendre être le lieu de naissance de la poétesse Sappho. Les philosophes Théophraste, élève et successeur d’Aristote, et son codisciple Phanias, sont nés à Eresós également.

[2] En Grèce antique, le scholarque est le directeur d’une école de philosophie, garant de la cohérence de la doctrine.

[3] Le Lycée est l’école philosophique fondée par Aristote à Athènes. On la désigne communément sous le nom d’école péripatéticienne parce que cette école possédait une galerie couverte ou un promenoir planté d’arbres. Les disciples d’Aristote furent appelés « ceux qui se promènent près du Lycée », d’où leur nom de péripatéticiens en français. L’école a été fondée par Aristote en 335 av. jc et ses activités ont pris fin avec Andronicos de Rhodes en 47 av. jc. Mais dès 86 av. jc, le Lycée est détruit dans l’assaut mené par les troupes romaines de Sylla, au cours du siège contre Athènes, et la bibliothèque d’Aristote est emportée à Rome.

[4] Le foulon, ou foulonnier, ou foullandier, est un ouvrier qui pratique le foulage des draps, ou celui qui dirige un moulin à foulon. Le travail du foulonnier consiste à malaxer et frapper les étoffes en les baignant dans de l’eau additionnée de diverses substances, pour les feutrer, les assouplir, les rendre imperméables et en assurer la finition.

[5] Lesbos est une île grecque de la périphérie d’Egée Septentrionale, souvent aussi appelée du nom de sa capitale Mytilène. L’île présente plusieurs centres d’intérêt, notamment culturel (vestiges antiques), géologique, gastronomique et religieux. Lesbos est aussi connue dans le monde antique pour la qualité de ses vins et de son bois de construction pour les navires et pour son marbre bleu clair.

[6] Athènes est l’une des plus anciennes villes au monde, avec une présence humaine attestée dès le Néolithique. Fondée vers 800 av. jc autour de la colline de l’Acropole par le héros Thésée, selon la légende, la cité domine la Grèce au cours du 1er millénaire av. jc. Elle connaît son âge d’or au 5ème siècle av. jc, sous la domination du stratège Périclès

[7] La première bataille de Chéronée, en août 338 av. J.-C., est une victoire de Philippe II de Macédoine sur une coalition de cités grecques menée par Athènes.

[8] Dans les cités de la Grèce antique, la Boulè est une assemblée restreinte de citoyens chargés des lois de la cité. Son nom a souvent été traduit par Conseil et, plus rarement, par Sénat.

[9] l’Iturée