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L’histoire pour le plaisir

Philibert de Naillac

jeudi 16 août 2012, par lucien jallamion

Philibert de Naillac Grand maître des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem de 1396 à 1421

Né au château de Bridiers, son père, Périchon de Naillac, était vicomte de Bridiers, seigneur de Naillac, du Blanc, et de Gargilesse.

Admis comme chevalier dans la langue d’Auvergne, il sera successivement commandeur de Paulhac*, et bailli de Lureuil* avant 1374. Les Hospitaliers du prieuré d’Aquitaine l’éliront à leur tête en 1390, et Naillac quittera ainsi la langue d’Auvergne pour celle de France, dont faisait partie la province d’Aquitaine.

En 1396, Naillac, avec de nombreux hauts seigneurs français et une troupe de quelques dizaines d’Hospitaliers, avait rejoint l’armée du roi Sigismond de Hongrie, elle même renforcée par de forts contingents de différentes nations, Angleterre, Allemagne, Italie, Pologne, Espagne, Bohême qui se portèrent à la rencontre de l’armée ottomane commandée par le sultan Bajazet. Les deux armées se combattent le 25 septembre aux environs de Nicopolis*, sur les rives du Danube. Dans un premier temps, les armes paraissent favorables aux chrétiens, qui mettent hors de combat près de 30.000 Turcs, mais ils finissent par se heurter, dans le plus grand désordre au corps d’armée commandé par Bajazet en personne, qui s’assure bientôt le dessus.

L’armée de Sigismond, de son côté, est prise à partie par les troupes chrétiennes du corps serbe du despote Etienne Lazarévitch, beau-frère et allié de Bajazet. La défaite chrétienne s’annonce. Elle est transformée en déroute par la désertion des éléments valaques et transylvaniens, qui n’ont pas pris part au combat. Bajazet, ivre de vengeance en raison des pertes subies par son armée dans les débuts de la bataille, ne fera pas de quartier aux vaincus. Seuls seront épargnés les hauts seigneurs dont les Ottomans pourront tirer une forte rançon.

Avant que la déroute ne soit consommée, le proche entourage de Sigismond, parmi lesquels Naillac et quelques Hospitaliers, avait convaincu le roi de fuir. Ils parviendront à gagner les rivages de la mer Noire, puis Constantinople. C’est là que Naillac apprendra son élection comme grand maître. Il rejoint alors Rhodes, qu’il atteint au début de janvier 1397. Le nouveau grand maître doit faire face à une véritable crise de l’Ordre, qui met en péril son unité et même son avenir. Il va s’employer à y trouver des remèdes avec beaucoup d’énergie.

Contrairement à son prédécesseur, qui avait pris le parti des papes d’Avignon, Naillac va tenir l’Ordre à l’égard des querelles du grand schisme de l’Occident. Il y avait été encouragé par le chapitre général, qui s’était réuni, en son absence, pour l’élire à Rhodes, loin de toute influence politique romaine ou avignonnaise.

Il commença par réunir une somme de 30 000 ducats d’or pour payer les rançons de divers prisonniers de Nicopolis, renforça les défenses de la cité de Rhodes et des îles de l’archipel, et continua d’engager l’Ordre dans ce qu’il considérait comme sa mission essentielle, la lutte contre les "infidèles" ottomans. Il contribua ainsi, aux côtés du maréchal de Boucicaut, en 1399 à dégager Constantinople, assiégée par Bajazet.

En 1403, il accompagna, avec un détachement d’Hospitaliers, le maréchal Boucicaut, alors gouverneur de Gênes, dans une expédition contre les Mamelouks égyptiens au Levant. Le corps d’armée français débarque sur la côte, à Tripoli. Prévenus par les Vénitiens, qui songent à leur commerce, les Mamelouks les attendent. Ils ont amené une puissante armée, forte de 15 000 hommes dont près de la moitié de cavaliers, qui sera pourtant battue à plates coutures. Tripoli et Beyrouth sont prises et pillées en août. Les troupes chrétiennes renoncent à attaquer Saïda, défendue par 30.000 Égyptiens, et rembarque. Le 27 octobre 1403, Hospitaliers et Mamelouks signeront un fragile traité de paix, qui ne sera pourtant effectivement rompu que sous le magistère de Jean de Lastic en 1440.

Parmi les travaux que faits accomplir à cette époque Naillac pour améliorer les fortifications de Rhodes, figure la puissante tour portant son nom, qui dominait le port.

En février 1409, il quitta Rhodes pour l’Europe, où il va inlassablement plaider la cause de l’Ordre et négocier entre les cours de Rome et d’Avignon. C’est à Aix-en-Provence qu’il réunit le chapitre général de l’Ordre, le 19 avril 1410. Il entreprend ensuite un long périple auprès des monarques européens pour plaider la cause de l’Ordre.

Le 9 juillet 1420, il retrouve Rhodes, où il mourra l’année suivante. Il laisse un Ordre rénové, avec une discipline restaurée, des finances rétablies, les défenses de la cité et des places fortes de l’archipel renforcées.