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L’histoire pour le plaisir

Charles V Le Sage

mardi 7 août 2012, par lucien jallamion

Charles V Le Sage (1337-1380)

Roi de France (1364-1380)

Charles V Le Sage Roi de France

Fils aîné de Jean Il le Bon et de Bonne de Luxembourg. Né au château de Vincennes, l’écart de la Pissotte, paroisse de Montreuil en 1337, il est porté sur les fonts baptismaux de l’église Saint-Pierre Saint-Paul de Montreuil.

C’est à la mort de son père, le 8 avril 1364, que le duc de Normandie devient roi de France, sous le nom de Charles V. Il fut le premier fils de France à porter le titre de dauphin de Viennois, en même temps que celui de duc de Normandie de 1350 à 1364. Il est le troisième souverain de la branche capétienne des Valois qui succéda aux Capétiens directs à la mort du dernier représentant de ceux-ci, Charles IV le Bel, en 1328. Il épousa Jeanne de Bourbon sa cousine en 1350. Ces liens de consanguinité expliquent en grande partie les difficultés qu’ils eurent pour garder en vie leurs enfants et probablement la folie de Charles VI. Il fut sacré roi à Reims le 19 mai1364. Charles V contraste avec son père. De constitution moins robuste, il est beaucoup plus réfléchi et moins tenté par leur armes, qu’il laisse à celui qui sera son atout maître contre les Anglais, le connétable Bertrand du Guesclin.

La veille du sacre royal, Charles apprit avec joie la victoire de Bertrand Du Guesclin à Cocherel sur les anglo-navarrais. Après avoir perdu ses deux filles aînées le roi tomba souvent malade et la joie fut grande dans le royaume lorsqu’en 1368 naquit un héritier qui sera le futur Charles VI.

Il a exercé le pouvoir royal, en tant que régent, pendant la captivité de son père à Londres, entre 1356 et 1360. Il lui a alors fallu faire face à la révolte des Parisiens, fomentée par Etienne Marcel, aux complots et aux menaces de Charles le Mauvais, aux jacqueries. C’est à ses barons Bertrand du Guesclin, Olivier de Clisson, et d’autres, qu’il confie la reconquête du royaume.

En 1361, meurt Philippe de Rouvres, dernier des ducs de Bourgogne capétiens, adopté par Jean le Bon qui avait épousé sa mère, veuve du duc précédent. Comme il n’y a pas d’héritier mâle, le duché est réuni à la couronne par Jean. Charles V doit cependant attribuer un fief à son frère Philippe le Hardi, à qui il fait épouser la veuve de Philippe de Rouvres (laquelle hérite de la Flandre). Philippe est donc à l’origine de la puissante Maison de Bourgogne (Bourgogne et Flandre notamment) qui donnera tant de fil à retordre aux rois suivants. En mars1365, est signé le traité d’Avignon. Charles le Mauvais abandonne à Charles V ses possessions en Basse seine en échange de la ville de Montpellier. Le 12 avril 1365 le traité de Guérande consacre Jean IV de Montfort duc de Bretagne à condition qu’il prête hommage à Charles V. Le15 janvier 1369, a lieu la rupture du traité de Calais qui provoque la reprise de la guerre. Édouard III se proclame à nouveau roi de France. Le 14 mars, Du Guesclin remporte la victoire de Montiel. En Novembre, Charles V confisque l’Aquitaine. Le 19 septembre 1370, a lieu le sac de Limoges par le Prince Noir. Le 2 octobre, Du Guesclin bat Robert Knoll à Pontvallin après que celui-ci eut ravagé l’Île-de-France et l’Ouest et la Bretagne.

C’est grâce à Du Guesclin qui remporta à cause de sa guerre de harcèlement et à la reconstitution de la flotte française plusieurs victoires sur les anglais qu’il obtint la restitution du Poitou, de la Saintonge et de la Guyenne (sauf Bordeaux). Pour reconquérir la Normandie, Charles V n’hésitera pas à séquestrer les fils du roi de Navarre, Charles le Mauvais. Dans le jeu diplomatique européen, le roi noue des alliances avec Milan, dont le seigneur, Jean Galéas Visconti, était son propre beau-frère. Ses liens de parenté avec les Luxembourg, il était le neveu, par sa mère Bonne de Luxembourg, de l’empereur Charles IV, lui valent également la neutralité bienveillante de l’Empire

Dans le même temps, le roi restaure les finances. Il crée une flotte. Des réformes de l’administration du royaume ont lieu et portent notamment sur les impôts, dont le système de collecte s’améliore. Des ordonnances visant à la création d’une armée moderne et à l’organisation de la défense du royaumes sont prises. Dans ses réformes financières, il n’oublie pas la ville qui l’a vu naître. Il confirme l’ordonnance royale qui exempte par lettres patentes les habitants de Montreuil de toutes les impositions, logement et nourriture des gens de guerre à condition qu’ils entretiennent à leurs dépens les fontaines de Montreuil desquelles les eaux allaient au vivier de Vincennes ; ainsi que les conduits, tuyaux et regards par où "passaient les eaux bonnes à boire consommées au château".

Sur le plan culturel, le règne de Charles V constitue un moment d’apogée.

Dans le domaine de l’urbanisme et de l’architecture, d’importants travaux sont alors entrepris, qui permettront notamment l’amélioration du système défensif de Paris (enceinte de Charles V, achèvement de Vincennes, construction de la Bastille, aménagements du Louvre et de l’hôtel Saint-Pol). Le sculpteur André Beauneveu est appelé à la Cour et se voit confier l’exécution des tombeaux royaux à Saint-Denis.

Mécène, il collectionne les manuscrits, s’entoure de savants, se passionne pour l’astrologie. Le mécénat de Charles V est tout spécialement actif dans le domaine des lettres : outre les textes d’intérêt historique comme les Grandes Chroniques de France dont il ordonne la continuation et la mise à jour, le "sage roi" inaugure, à des fins d’utilité publique, une politique mûrement réfléchie de traductions en français de divers textes importants touchant aux domaines intellectuels les plus variés (théologie, philosophie et philosophie politique, morale, histoire, sciences naturelles, astronomie et astrologie, histoire et géographie). Pour ces traductions, il fait appel à une équipe d’intellectuels de grande volée (Raoul de Presles, Nicole Oresme notamment, mais aussi Jean Corbechon, traducteur de Barthélemy l’Anglais). Il constitue parallèlement une collection de livres d’une ampleur sans précédent, dispersée entre diverses résidences mais installée principalement au château du Louvre, sur trois étages de la tour nord-ouest, dite de la Fauconnerie. Un premier inventaire de la " librairie " du Louvre fut dressé dès 1373, par Gilles Malet, garde des livres du roi. Le récolement de ce premier inventaire, en 1380, décrit 910 articles. Une autre partie des livres du roi, les plus luxueux, formait une sorte de mémorial à la gloire de la dynastie et était abritée derrière les épaisses murailles du donjon de Vincennes avec d’autres objets précieux des collections royales.

Les commandes royales stimuleront l’enluminure parisienne qui connaîtra un nouvel essor à la fin du 14ème siècle. Le faste de Charles V fut imité par ses frères, Louis d’Anjou, Philippe le Hardi, duc de Bourgogne et surtout Jean de Berry. Certains grands seigneurs encouragent comme lui les traductions, tel Gaston Phébus, à qui fut dédiée une traduction occitane du "Liber de proprietatibus rerum" de Barthélemy l’Anglais . L’art de la Cour rayonne sur toute l’Europe. Son influence s’étend jusqu’à Barcelone.

Inquiet de sa succession, car il redoute de mourir tôt et que les deux fils, Charles et Louis qu’il a eus de Jeanne de Bourgogne, soient écartés du trône, il établit définitivement les règles de la succession royale, selon la loi salique qui refuse aux femmes la couronne de France. Enfin, il se veut "vicaire de Dieu en la temporalité". C’est lui qui fixe la majorité royale à quatorze ans, par l’ordonnance de Vincennes en 1374.

Sur neuf enfants royaux, trois seulement devinrent adulte et la reine mourut en couche à 39 ans en mettant au monde son neuvième enfant.

Quant au roi Charles V il se remit très mal de sa maladie, certains pensèrent qu’on l’avait empoisonné, il souffrait de douloureux maux de reins et à quarante ans il ne sortait plus qu’en litière. Il meurt au château de Beauté le 13 septembre 1380 laissant derrière lui un héritier au trône âgé de 12 ans et une France aux frontières (provisoirement) bien reconstituée. Les Anglais ne gardent que quelques villes portuaires. Les Français ont presque tout récupéré, Flandre comprise. La Bretagne rentrera sous influence française en 1381. Mais le royaume est ruiné par la guerre, la Peste, les conflits sociaux, et les impôts sont devenus écrasants. La fin du règne de Charles V est assombrie par le retour à Rome, en 1378, de la papauté, installée depuis 1309 à Avignon. Cet évènement sera à l’origine du Grand Schisme d’Occident qui divisera l’Europe chrétienne jusqu’en plein 15ème siècle.