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Antiochos III le Grand

jeudi 19 décembre 2019, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 28 juillet 2011).

Antiochos III le Grand (vers 242-187 av. jc)

Roi de Syrie de 223 à 187 av.jc

Antiochos III le Grand Roi de Syrie de 223 à 187 av.jc

Second fils de Séleucos II Callinicos, frère et successeur de Séleucos III. Il réprima d’abord le soulèvement des Satrapes [1] orientaux de son royaume en 211.

À son avènement en 223, à l’âge de 19 ans, après l’assassinat de son frère par 2 de ses officiers, il trouva le royaume terriblement affaibli en particulier par le désastreux règne de son père. En effet, Attale 1er de Pergame s’était emparé de l’Asie mineure au détriment de l’oncle d’Antiochos III, Antiochos Hiérax, qui lui même avait fait sécession du royaume séleucide [2] en 241. L’Égypte possédait une hégémonie maritime totale dans tout le bassin oriental de la Méditerranée et les satrapies orientales de l’empire se rendirent indépendantes les unes après les autres.

Sous l’influence du ministre Hermias, il va combattre successivement ses différents adversaires. Il restaura la souveraineté séleucide, après un premier échec vers 222. Puis il se heurte en Asie mineure à la rébellion d’Achaios II qui reçu un soutien de la part de l’Égypte. Vers 220 il fit assassiner Hermias.

Il entre alors une première fois en lutte contre l’Égypte et s’empara en 219 de Séleucie de Piérie [3] un important port sur l’Oronte.

Cependant il fut battu en 217 à Raphia [4] par Ptolémée IV et perdit une partie importante de la Syrie [5]. Il parvient cependant entre 216 et 214 à réduire le soulèvement d’Achaios ce qui lui permet de reprendre le contrôle de la partie orientale de l’Asie mineure [6].

Reconstituant son armée, il mena 8 ans de campagne dans les provinces orientales et soumit tout les territoire du plateau iranien ainsi que la Bactriane [7] et atteignit la vallée de l’Indus [8].

Il signe même un accord avec divers princes indiens de la région du Pendjab [9], dont le roi Sophagasenos, qui, inquiets de la présence à leurs portes d’une telle armée, lui fournissent des éléphants de guerre afin de s’en débarrasser. Entre 205 et 204 il mène une expédition dans la région du golfe Persique contre divers peuples arabes.

Allié à Philippe V de Macédoine, il cherche à prendre sa revanche sur l’Égypte, aussi profite-t-il de la mort de Ptolémée IV et de la montée sur le trône d’un enfant de 5 ans, jouet de ses ministres, Ptolémée V , pour déclencher la 5ème guerre de Syrie de 201 à 195. La grande victoire de Panion [10] lui permet de reconquérir la Palestine [11], et la Coelésyrie [12], puis s’assura la suprématie maritime en Orient en occupant Ephèse [13] en 197 et les rives de l’Hellespont [14] en 196. mais il se heurta alors aux Romains, qui venaient de vaincre son allié Philippe V de Macédoine, et dont il commet l’imprudence de soulever la méfiance en accueillant en 196 le carthaginois Hannibal Barca à sa cour.

En 192, il débarqua en Grèce, où il ne fut soutenu que par la ligue Etolienne [15]. Vaincu aux Thermopyles [16] en 191, il fut contraint de repasser en Asie, mais Scipion l’écrasa a Magnésie du Sipyle [17] en 189 et il dut accepter la paix d’Apamée [18] en 188, qui lui enlevait toute l’Asie à l’ouest du Taurus [19] et lui imposait une énorme amende qui ruina durablement la dynastie Séleucide.

Il tente alors, prenant prétexte de l’indemnité à payer, de s’emparer du trésor du temple d’Élymaïde [20] mais la population de la ville se révolte et il est tué le 3 ou 4 juillet 187. Son fils Séleucos IV lui succède.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Imago Mundi/ Antiochus III le Grand

Notes

[1] Un satrape est le gouverneur d’une satrapie, c’est-à-dire une division administrative de l’Empire perse.

[2] Les Séleucides sont une dynastie hellénistique issue de Séleucos 1er, l’un des diadoques d’Alexandre le Grand, qui a constitué un empire formé de la majeure partie des territoires orientaux conquis par Alexandre, allant de l’Anatolie à l’Indus. Le cœur politique du royaume se situe en Syrie, d’où l’appellation courante de « rois de Syrie ». Les Séleucides règnent jusqu’au 2ème siècle av. jc sur la Babylonie et la Mésopotamie dans la continuité des Perses achéménides.

[3] Séleucie de Piérie est une ville fondée par Séleucos 1er Nicator en Syrie antique. Du site qui fut jadis le port d’Antioche il ne reste pas grand-chose. Pourtant ce port desservait une ville qui jadis était la rivale d’Alexandrie, la représentante de la puissance de Rome dans la région. Son destin reflète bien celui des Séleucides, dignes héritiers d’Alexandre le Grand mais aussi celui de Rome pour qui elle fut la base navale durant ses guerres aux portes orientales de son empire.

[4] La bataille de Raphia opposa le 22 juin 217 av. JC près de Gaza, Antiochos III, souverain de l’empire séleucide, et Ptolémée IV, roi lagide d’Égypte, pour la domination de la Palestine. Les deux rois en personne commandaient leurs armées.

[5] La Syrie fut occupée successivement par les Cananéens, les Phéniciens, les Hébreux, les Araméens, les Assyriens, les Babyloniens, les Perses, les Grecs, les Arméniens, les Romains, les Nabatéens, les Byzantins, les Arabes, et partiellement par les Croisés, par les Turcs Ottomans et enfin par les Français à qui la SDN confia un protectorat provisoire pour mettre en place, ainsi qu’au Liban, les conditions d’une future indépendance politique.

[6] L’Anatolie ou Asie Mineure est la péninsule située à l’extrémité occidentale de l’Asie. Dans le sens géographique strict, elle regroupe les terres situées à l’ouest d’une ligne Çoruh-Oronte, entre la Méditerranée, la mer de Marmara et la mer Noire, mais aujourd’hui elle désigne couramment toute la partie asiatique de la Turquie

[7] La Bactriane ou Bactrie est une région à cheval sur les États actuels d’Afghanistan, du Pakistan, de la Chine, du Tadjikistan, de l’Ouzbékistan et aussi un peu du Turkménistan, située entre les montagnes de l’Hindū-Kūsh et la rivière Amou-Daria. C’est un état fondé autour de la cité de Bactres (l’actuel Balkh, ville du nord de l’actuel Afghanistan) qui a été sa capitale administrative et centre du pouvoir, d’où elle tire aussi son appellation de la "Bactriane". Elle était beaucoup plus grande autrefois. Elle avait pour bornes : au sud les Paropamisades et l’Inde ; au nord, la Sogdiane ; à l’est, la Scythie extra Imaum ; à l’ouest, l’Hyrcanie, et contenait, entre autres contrées, la Margiane, la Guriane, la Bubacène, le pays des Tochares et des Marucéens.

[8] L’Indus connu sous le nom de Sindh ou Sindhu dans l’Antiquité est un fleuve d’Asie qui a donné son nom à l’Inde. Il coule depuis l’Himalaya en direction du sud-ouest et se jette dans la mer d’Arabie. L’Indus fait partie des sept rivières sacrées de l’Inde.

[9] Le Pendjab ou Panjab est une région du sous-continent indien comprenant une grande partie de l’est du Pakistan (province du Pendjab pakistanais) et du nord-ouest de l’Inde (État du Pendjab indien et parties de l’Haryana, l’Himachal Pradesh, Chandigarh, Jammu et Delhi). Le Pendjab a une longue histoire. Il a été habité par les Harappéens, les proto-Dravidiens et les Indo-Aryens et envahi par les Perses, les Grecs, les Kouchans, les Ghaznévides, les Timourides, les Moghols, les Afghans et les Britanniques. En 326 av. jc, Alexandre le Grand envahit une partie du Pendjab à partir du nord et défait le roi Porus. Ses armées entrent dans la région par l’Hindu Kush et son empire s’étend jusqu’à la ville de Sagala. En 305 av. jc, le Pendjab fait partie de l’empire Maurya puis du Royaume indo-grec vers 200 av. jc. Ménandre 1er, qui règne d’environ 160 à 135 av. jc, se convertit probablement au bouddhisme. La région est envahie plusieurs fois, notamment par les Scythes et les Yuezhi. Ces derniers fondent l’Empire kouchan au 1er siècle.

[10] Le site a été un lieu de culte du dieu Pan d’où son nom grec Panion latinisé ensuite en Paneasou Panias. L’alphabet arabe n’ayant pas de lettre P le nom est arabisé en Baniyas. Il s’est appelé Césarée de Philippe pendant la période romaine. Le site est près d’une des sources du Jourdain sur le mont Hermon et a donné son nom à la seigneurie de Banias un des fiefs du royaume de Jérusalem pendant les croisades. Le site est à l’est de la frontière internationale entre Israël et la Syrie dans le territoire occupé par Israël dans le Golan depuis 1967. La rivière affluent du Jourdain s’appelle aussi Baniyas. Le Baniyas, constitue avec le Dan, l’une des deux sources principales du Jourdain.

[11] Palestine est un nom attesté depuis Hérodote qui désigna la région historique et géographique du Proche-Orient située entre la mer Méditerranée et le désert à l’est du Jourdain et au nord du Sinaï. La zone n’est pas clairement définie. Elle est centrée sur les régions de la Galilée, de la Samarie et de la Judée. Ses limites sont au nord la Phénicie et le mont Liban et au sud la Philistie et l’Idumée.

[12] Syrie méridionale et la Palestine

[13] Éphèse est l’une des plus anciennes et plus importantes cités grecques d’Asie Mineure, la première de l’Ionie. Bien que ses vestiges soient situés près de 7 kilomètres à l’intérieur des terres, près des villes de Selçuk et Kuşadası dans l’Ouest de l’actuelle Turquie, Éphèse était dans l’Antiquité, et encore à l’époque byzantine, l’un des ports les plus actifs de la mer Égée ; il est situé près de l’embouchure du grand fleuve anatolien Caystre. L’Artémision, le grand sanctuaire dédié à Artémis, la déesse tutélaire de la cité, qui comptait parmi les Sept merveilles du monde et auquel Éphèse devait une grande part de sa renommée, était ainsi à l’origine situé sur le rivage.

[14] Les anciens grecs désignaient le détroit sous le nom d’Hellēspontos qui fut latinisé en Hellespont. Le détroit des Dardanelles est un passage maritime reliant la mer Égée à la mer de Marmara. Originellement, le terme de Dardanelles et d’Hellespont désignait les régions situées de part et d’autre du détroit. Par extension, le mot désigne aujourd’hui le détroit lui-même. La possession de ce détroit, comme de celui du Bosphore, permet le contrôle des liaisons maritimes entre la mer Méditerranée et la mer Noire. Le détroit est long de 61 km, mais large de seulement 1,2 à 6 km, avec une profondeur maximale de 82 m pour une moyenne de 55 m.

[15] La Ligue étolienne était une confédération de la Grèce antique centrée sur les cités d’Étolie en Grèce centrale. Cette ligue s’est constituée en 370 av. jc pour s’opposer à la Macédoine et à la ligue achéenne. À la mort d’Alexandre en 323, la ligue participe à la révolte des Grecs contre le pouvoir macédonien. Après la défaite des Grecs et la prise d’Athènes en 322, l’Étolie est sauvée de l’invasion macédonienne par l’évolution des affaires en Asie, qui détourne les forces des dirigeants macédoniens Antipatros et Cratère. Cette sauvegarde de son indépendance permet à la ligue de jouer par la suite un rôle de premier plan dans les affaires grecques

[16] La bataille des Thermopyles (à ne pas confondre avec la célèbre bataille homonyme livrée pendant les guerres médiques) fut livrée en 191 entre les légions romaines commandées par le consul Manius Acilius Glabrio et l’armée séleucide dirigée par le roi Antiochos III. Les Romains furent victorieux et Antiochos fut forcé de fuir la Grèce.

[17] La bataille de Magnésie se déroula durant l’hiver 190-189 av. jc. Elle eut lieu probablement au début de l’an 189. Elle opposa les Romains, dirigés par le consul Scipion l’Asiatique, et les Séleucides, dirigés par le roi Antiochos III. Ce fut la bataille décisive de la guerre antiochique, qui dura de 192 à 189 av. jc. La bataille eut lieu dans une plaine, au confluent du fleuve Hermos et de la rivière Phrygie, non loin de la cité de Magnésie du Sipyle, en Asie mineure (Turquie actuelle), à quarante kilomètres au nord-est d’İzmir Notre connaissance de la bataille repose essentiellement sur les textes de trois auteurs : le romain Tite-Live, le grec Appien, et le byzantin Zonaras. Du point de vue de l’histoire militaire, Magnésie fut avec, Cynoscéphales et Pydna, une des trois grandes victoires que les armées romaines ont remportées sur les armées hellénistiques au 2ème siècle av.jc. On considère généralement que ces victoires sont dues en partie à la supériorité de la légion romaine sur la phalange de type macédonien.

[18] Le Traité d’Apamée-Kibôtos, est un traité de paix signée en 188 av.jc entre Rome et les Séleucides suite à la guerre de Syrie et la bataille de Magnésie du Sipyle. Antiochos III doit céder ses territoires en Asie Mineure au profit de Pergame (qui est alors composé de la Lydie, la Phrygie, la Pisidie, la Lycaonie et la Chersonèse) et de Rhodes (Carie et Lycie). Le Sénat romain lui interdit de traverser la limite du Taurus, d’entretenir une flotte dans la mer Égée et de lever des mercenaires en Grèce. Il doit livrer ses navires et ses éléphants (et en arrêter l’élevage), et payer une indemnité de guerre de 12 000 talents. Cette dette pousse Antiochos III à une campagne en Susiane afin d’en piller les temples.

[19] Les monts Taurus, ou simplement les Taurus, culminant dans les massifs de l’Aladağlar et des Bolkar Dağları, sont une chaîne de montagnes turques, formant la bordure sud-est du plateau de l’Anatolie. La chaîne s’étend en courbe du lac Eğirdir à l’ouest aux sources de l’Euphrate à l’est. Elle fait 600 km de longueur et culmine à 3 756 m. De nombreux sommets y ont entre 3 000 et 3 700 m d’altitude. Il s’agit d’une chaîne calcaire, qui s’est érodée pour former des paysages karstiques avec des chutes d’eau, des rivières souterraines et les plus grandes grottes d’Asie. Le Tigre prend sa source dans les Monts Taurus.

[20] L’Élymaïde est une région antique dont le territoire correspondait à la Susiane, au Sud de l’actuelle province du Khuzestan, en Iran. À l’époque parthe arsacide, un royaume, ou une principauté, du nom d’Élymaïs exista, qui survécut jusqu’à son extinction par l’invasion des Perses sassanides au début du 3ème siècle de notre ère. Il était situé dans le cœur de l’antique Élam. Roman Ghirshman a suggéré dans un premier temps que les Élyméens étaient autochtones, mais la grande majorité des spécialistes pensent qu’ils étaient les descendants des habitants élamites traditionnels de ces régions. Les limites exactes du territoire d’Élymaïs ne sont pas sûres et en tous les cas ont dû changer souvent au fil de l’histoire.