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Caius Marius dit le sage

dimanche 21 janvier 2018, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 27 juillet 2011).

Caius Marius dit le sage (157 av jc-86 av jc)

Général et homme politique romain

Caius Marius dit le sage Général et homme politique romain

Né à Arpinum [1], dans le pays Volsque [2], qui, même si elle offrait la citoyenneté romaine complète à ses habitants, restait néanmoins une petite ville de second rang, bien qu’elle soit également la ville natale de Cicéron. Fils de Caius Marius et de Fulcinie.

Son éducation fut plus militaire qu’intellectuelle et servit sous les ordres de Scipion Émilien au siège de Numance [3], en 134-133 av jc.

Fort de son service à Numance et du patronat des Metelli [4], il parvint à se faire élire questeur [5] en 121 en Gaule transalpine [6], au moment du coup d’état sénatorial contre Caius Gracchus.

On peut penser que ces événements l’inspirèrent et il se fit élire tribun de la plèbe en 119 grâce au soutien des Metelli. Il s’illustra alors en imposant une nouvelle loi sur les procédures de vote contre l’avis du consul Aurelius Cotta, qu’il n’hésita pas à le menacer de prison. Il acquit ainsi une réputation d’homme politique résolu et une certaine popularité auprès des pauvres.

Sa popularité et ses appuis dans le mouvement des populares [7] lui permirent tout de même d’être élu de justesse préteur [8] en 115, dernier des 6 magistrats élus, mais il dut alors essuyer un procès des optimates [9] pour corruption électorale. C’était compter sans les réformes des frères Gracchus [10], composant les tribunaux de chevaliers, qui se firent un plaisir d’innocenter Marius.

Peu à l’aise au sein des intrigues de Rome, c’est finalement par le champ de bataille qu’il accéda au pouvoir. Après avoir combattu en Lusitanie [11] comme propréteur [12] en 114, il parti en Afrique combattre Jugurtha aux côtés de son patron Quintus Caecilius Metellus Numidicus.

Outre ses succès militaires à Muthul [13], Sicca [14] et Zama [15], il s’illustra par son attitude envers ses hommes. Sévère mais juste, n’hésitant pas à accomplir lui-même les corvées pour donner l’exemple, il développa des relations privilégiées avec eux, valorisant régulièrement ses origines humbles.

Il fut élut consul par le parti populaire en 107 av jc, magistrature qu’il géra 7 fois. D’origine modeste, puis membre de l’ordre équestre, il incarnait la réussite politique. Il épousa Julia Caesaris, tante de Jules César.

S’appuyant sur ses alliés au tribunat, il se fit attribuer le proconsulat en Afrique et le commandement de la guerre de Jugurtha, en Numidie [16], au détriment de Metellus. Celui-ci dû subir l’affront de voir son ancien client s’approprier ses troupes et remporter une guerre qu’il avait déjà lui-même presque gagnée en repoussant le roi numide aux limites de la Maurétanie [17]. Mais il ne pu tirer pleine gloire de cette victoire, car c’est son questeur, Lucius Cornelius Sulla, qui, après des tractations diplomatiques, captura Jugurtha. De là naquit une haine inaltérable entre les 2 hommes.

L’année de la victoire de Marius en 105, fut aussi celle de sa réélection au poste de consul, sans qu’il ait eu besoin, contre toute tradition, de se présenter à Rome. Sa popularité était alors à son comble.

Il réalisa une réforme décisive de l’armée romaine en plusieurs cohortes et en ouvrant le recrutement aux volontaires. Des citoyens pauvres des classes inférieures s’engagèrent avec l’espoir de profiter du butin que leur promettait ce général ambitieux. L’armée tendait à se professionnaliser avec des soldats entièrement dévoués à leur chef.

Les défaites répétées des armées romaines au nord face aux Cimbres [18] et aux Teutons [19] furent l’occasion pour Marius de renouveler sa gloire et de consolider son pouvoir. Les 2 peuples avaient en effet remporté, au nord des Pyrénées, une série de victoires contre l’armée romaine, favorisées par les rivalités entre les factions patriciennes, dont la défaite à la bataille d’Arausio [20] en 105. Ces défaites avaient affolé la population romaine, en réveillant le spectre de l’invasion de Rome par les Gaulois au 4ème siècle av jc.

C’était l’occasion pour Marius d’affirmer définitivement sa supériorité sur la nobilitas. Avec l’aide des populares, qui formaient désormais à Rome un véritable parti, il obtint le commandement contre les 2 peuples. Ses succès durant la guerre des Cimbres et sa popularité lui permirent de le prolonger en se faisant réélire consul en 104, 103, 102 et 101.

Ces victoires, il les devait surtout à la réforme de l’armée qu’il entama pendant l’année 106 et acheva en 104-103 avant de partir faire la guerre aux barbares. Il triompha des Teutons à Aix en Provence en 102 av jc et des Cimbres à Verceil en 101 av jc. Réélu pour l’année 101, il devint le premier consul à avoir été élu autant de fois de façon consécutive. Il pu sans difficulté imposer ses décisions au Sénat et faire voter des lois agraires en faveur de ses vétérans.

Les difficultés vinrent en fait de ses alliés, les populares, en particulier le tribun de la plèbe Lucius Appuleius Saturninus et le magistrat Caius Servilius Glaucia, qui pendant que leur chef combattait au nord, firent régner la terreur à Rome en faisant, notamment, assassiner tous ceux qui tentèrent de se présenter contre eux au tribunat et au consulat.

Le Sénat excédé, décida, en dernier recours, de faire appel à Marius pour ramener l’ordre, par le biais d’un senatus consulte ultimum [21] qui imposait au consul de réprimer les fauteurs de trouble. Marius, inquiété par une situation qui lui échappait, abandonna ses anciens amis et se rangea au côté du Sénat. Saturninus, Glaucia et tous leurs partisans furent exécutés.

Bien qu’il conserve des partisans, le meurtre de ses propres alliés laissa Marius très isolé. Après ces désordres à Rome, le premier rang échoit à un patricien ruiné, Sylla, qui entre bientôt en lutte avec Marius

Piètre politique, il ne su pas tirer profit de son prestige auprès du peuple dans la guerre civile qui l’opposa à Sylla. Il s’enfuit quand celui-ci s’empara de Rome en 88 av jc. En 87 av jc, profitant de ce que Sylla était en Orient, il revint à Rome et se livra à de sanglantes proscription et se fit nommer de nouveau consul, mais il mourut peu après.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Histoire romaine : Marius

Notes

[1] Arpino est une commune italienne de la province de Frosinone dans le Latium. Arpino est connue dans l’antiquité romaine sous le nom de Arpinum. Elle appartint aux Volsques, puis aux Samnites, enfin aux Romains (302 av.jc). La ville possède des vestiges de murs cyclopéens. Cicéron y est né le 3 janvier 106 av. jc.

[2] Peuple antique italien. Ils habitaient une zone de collines et de marécages au sud du Latium, et étaient voisins des peuples Aurunces et Samnites au sud, des Herniques à l Est et entourés d une ligne partant de Norba et Cora au nord jusqu à Antium au sud. Ils furent les ennemis les plus dangereux de la Rome antique généralement alliés aux Èques, et parfois aux Herniques jusqu en 486 av jc lorsqu ils rentrèrent dans l alliance de Rome.

[3] Numantia ou Numance est une ville antique du nord de l’Hispanie (près de l’actuelle Soria) qui résista durant vingt ans à la conquête romaine, entre 153 et 133 av.jc. Cette lutte farouche, dans laquelle les Romains furent longtemps impuissants, se place en partie dans le contexte de la Troisième Guerre punique. Plusieurs généraux échouèrent à la prendre avant que le Sénat n’y envoyât son meilleur chef, Scipion Émilien, le vainqueur de Carthage. Après un siège implacable de 15 mois, les Romains vinrent finalement à bout de la ville en 133 : vaincus par la faim, les Numantins se suicidèrent et incendièrent leur cité. Le général romain y gagna le surnom de "Numantinus". C’est aussi au siège de Numance que Caius Marius, âgé de 24 ans, se distingua pour la première fois.

[4] L’une des plus grandes familles plébéiennes de Rome, et à ce titre pouvant normalement compter sur leur protection

[5] Dans la Rome antique, les questeurs sont des magistrats romains annuels comptables des finances, responsables du règlement des dépenses et de l’encaissement des recettes publiques. Ils sont les gardiens du Trésor public, chargés des finances de l’armée et des provinces, en relation avec les consuls, les promagistrats et les publicains. Maintenue sous le Haut Empire avec son rôle comptable, cette fonction se réduit sous le Bas-Empire à une magistrature honorifique et coûteuse exercée uniquement à Rome.

[6] La Gaule cisalpine est la partie de la Gaule qui couvrait l’Italie du Nord. Elle était ainsi nommée par les Romains en raison de sa position en-deçà des Alpes (par opposition à la Gaule transalpine, s’étendant au-delà).

[7] Les populares formaient une tendance politique populiste qui marqua la République romaine, notamment au 2ème siècle av. jc, en s’appuyant sur les revendications des couches les plus pauvres de la société romaine et des non citoyens. Ce ne fut pas un parti politique au sens moderne, mais un clivage majeur dans les luttes politiques et sociales romaines, permettant aux acteurs politiques de se situer face au conservatisme des optimates au sein d’alliances personnelles souvent mouvantes. Lancé par des aristocrates réformistes comme les Gracques, qui gagnèrent l’appui de la classe montante des chevaliers, le mouvement évolua vers la démagogie et le populisme, et fut récupéré par des ambitieux tels que Marius, Cinna, Catilina ou des agitateurs comme les tribuns Saturninus et Clodius Pulcher. Pompée, d’origine équestre puis Jules César, patricien ambitieux, s’appuyèrent sur les populares pour leur ascension au pouvoir. La fin des guerres civiles et la consolidation du pouvoir d’Auguste correspondent à l’extinction du mouvement populares, avec la satisfaction des revendications qui étaient à son origine et avec la fin des luttes de pouvoir.

[8] Le préteur est un magistrat de la Rome antique. Il était de rang sénatorial, pouvait s’asseoir sur la chaise curule, et porter la toge prétexte. Il était assisté par 2 licteurs à l’intérieur de Rome, et 6 hors du pomerium de l’Urbs. Il était élu pour une durée de 1 an par les comices centuriates. La fonction de préteur fut créée vers 366 av. jc pour alléger la charge des consuls, en particulier dans le domaine de la justice. Le premier préteur élu fut le patricien Spurius Furius, le fils de Marcus Furius Camillu. Égal en pouvoir au consul, auquel il n’a pas de compte à rendre, le préteur prêtait le même serment, le même jour, et détenait le même pouvoir. À l’origine, il n’y en avait qu’un seul, le préteur urbain, auquel s’est ajouté vers 242 av. jc le préteur pérégrin qui était chargé de rendre la justice dans les affaires impliquant les étrangers. Cette figure permit le développement du ius gentium, véritable droit commercial, par contraste avec le ius civile applicable uniquement aux litiges entre citoyens romain. Pour recruter, pour former ou pour mener des armées au combat ; sur le terrain, le préteur n’est soumis à personne. Les préteurs ont aussi un rôle religieux, et doivent mener des occasions religieuses telles que sacrifices et des jeux. Ils remplissent d’autres fonctions diverses, comme l’investigation sur les subversions, la désignation de commissionnaires, et la distribution d’aides. Lors de la vacance du consulat, les préteurs, avant la création des consuls suffects, pouvaient remplacer les consuls : on parle alors de préteurs consulaires.

[9] Optimates : tendance politique aristocratique et conservatrice qui marqua le dernier siècle de la République romaine, par son opposition aux populares. Ce ne fut pas un parti politique au sens moderne, mais un clivage majeur dans les luttes politiques et sociales romaines, permettant aux acteurs politiques de se situer face au réformisme et au populisme des populares au sein d’alliances personnelles souvent mouvantes. Cette tendance apparaît sous ce nom dans les années 130 av. jc, lors des luttes sur la réforme agraire des Gracques. Elle s’efface un siècle plus tard avec la fin de la République romaine et le pouvoir du second triumvirat.

[10] Les « Gracques » est le nom donné à deux frères et hommes d’État romains, Tiberius Gracchus et Gaius Gracchus, renommés pour leur tentative infructueuse de réformer le système social romain. Issus de la nobilitas plébéienne, fils du consul Tiberius Sempronius et de Cornelia Africana, ils sont les petits-fils de Scipion l’Africain.

[11] Les Lusitaniens étaient un peuple indo-européen installé dans l’ouest de la péninsule Ibérique, région qui allait devenir la province romaine de Lusitanie. Cette région recouvrait la partie de l’actuel Portugal au sud du Douro et la région de l’Extremadura de l’Espagne actuelle. Les Lusitaniens quoique fortement influencés par leurs voisins Celtibères, possédaient une langue indo-européenne différente de ceux-ci. Les Portugais d’aujourd’hui considèrent les Lusitaniens comme leurs ancêtres dont le plus notable fut Viriatus, resté célèbre pour sa résistance aux Romains.

[12] Un propréteur est le nom donné à ceux qui ont exercé la charge de préteur pendant 1 an, et plus tard à ceux qui dirigent les provinces avec l’autorité de préteur. Il s’agit d’une prorogation de leur pouvoir, c’est un promagistrat. Sous la République romaine, les préteurs, comme les consuls, sont élus par le peuple romain assemblé en comices ; à l’issue de leur charge, ils peuvent devenir propréteurs, ou gouverneurs, de provinces, pour un mandat de 1 an. On retrouve le premier propréteur en 241 av. jc, et la fonction se généralise les 2 siècles suivants, jusqu’à ce que Sylla rende obligatoire aux anciens magistrats à imperium de servir dans une province comme gouverneur pour 1 an. A la suite de la réorganisation provinciale au début de l’Empire, chaque province impériale est dirigée par un propréteur qui est sous l’autorité proconsulaire de l’empereur. Il porte ce titre qu’il soit ancien consul ou préteur. La durée du mandat est variable.

[13] La bataille du Muthul opposa en 109 av.jc les légions romaines commandées par Quintus Caecilius Metellus aux troupes numides de Jugurtha. La bataille fut indécise, les Romains étant sauvés de la défaite grâce à Caius Marius, et se termina par une retraite stratégique des troupes de Jugurtha.

[14] Sicca, également connue sous les noms de Sicca Veneria et Colonia Iulia Veneria Cirta Nova, est une ville antique d’Afrique du Nord, sur le site de l’actuel Le Kef, dans le nord de la Tunisie. La ville se trouve sur une colline, sur la route reliant Carthage à Cirta et Théveste. Elle est mentionnée pour la première fois lors de la guerre des Mercenaires, en 241 av. jc, qui prend son origine dans l’insatisfaction des mercenaires carthaginois par rapport à leurs soldes, après leur retour de la Première Guerre punique. Les Élymes, déplacés de la Sicile par les Carthaginois, donnent à la cité le surnom de Veneria, d’après le nom de leur déesse de l’amour, la prostitution sacrée jouant aussi à cette époque un rôle important. Après la guerre menée par les Romains contre le roi numide Jugurtha, où une bataille a lieu à Sicca, la cité appartient à la province romaine d’Afrique (appelée plus tard Africa proconsularis ou Afrique proconsulaire). Sous le règne d’Auguste, elle devient une colonie romaine sous le nom de Colonia Iulia Veneria Cirta Nova.

[15] Zama est une ville antique de Numidie, située en Tunisie actuelle, qui fut le théâtre d’une bataille célèbre entre Romains et Carthaginois en 202 avant l’ère chrétienne.

[16] la Numidie correspondant à l Algérie actuelle et la Maurétanie au Maroc

[17] La Maurétanie désigne le territoire des Maures dans l’Antiquité. Il s’étendait sur le Nord-ouest et central de l’actuelle Algérie, et une partie du nord Marocain. Sous Rome, le territoire fut divisé en provinces :
- Maurétanie Césarienne, qui correspond à l’Algérie centrale et occidentale. La capitale était Caesarea (actuelle Cherchel ou Cherchell).
- Maurétanie Sitifienne , créée par Dioclétien pour la partie orientale de la Maurétanie Césarienne avec Sitifis (actuelle Sétif en Algérie) comme capitale.
- Maurétanie Tingitane, qui correspond à peu près au Nord du Maroc actuel. Les villes principales sont Volubilis, Sala, Lixus, Banasa, Ceuta, Melilla et Tingis (actuelle Tanger) qui en était le chef-lieu. Elle fut attachée administrativement à la province d’Espagne (la Bétique) Le nom a donné aujourd’hui Mauritanie, qui est un État d’Afrique de l’ouest, situé au sud du Sahara, adhérant à la Ligue arabe.

[18] Les Cimbres sont un peuple germanique issu du Jutland dans le Danemark actuel d’après Pline l’Ancien. Ils ont menacé Rome à la fin du deuxième siècle av. jc.

[19] Le terme « teutons » désigne des peuples germaniques probablement différents et dont le nom générique signifie notre Peuple. Ce mot pourrait se référer à l’origine à un peuple germanique, voire celte qui, lors de la dégradation climatique des années 100 av.jc, aurait quitté le nord de la Germanie pour piller la Gaule. Leur invasion des Gaules est arrêtée en 102av.jc à la grande bataille d’Aquæ Sextiæ (aujourd’hui Aix-en-Provence), par le général romain Marius. Le roi des Teutons, Teutobod, y est fait prisonnier.

[20] Orange

[21] Le senatus consultum ultimum (« décret ultime du sénat »), plus exactement senatus consultum de re publica defendenda (« décret du Sénat de la défense de la République »), donne aux magistrats, surtout les consuls, des pouvoirs semi-dictatoriaux pour préserver l’État quand les circonstances de la république exigent des mesures extraordinaires. Il suspend le gouvernement civil et instaure la loi martiale.