Bienvenue sur mon site historique. Bon surf

L’histoire pour le plaisir

Accueil du site > Histoire du 13ème siècle > Lotario di Segni dit Innocent III

Lotario di Segni dit Innocent III

vendredi 1er mai 2015

Lotario di Segni dit Innocent III (1160-1216)

176ème Pape de l’Église catholique de 1198 à 1216

Innocent III 176ème Pape de l'Église catholiqueIssu d’une famille noble, il fit ses études à Bologne [1] puis à Paris, et acquit de solides connaissances en théologie et en droit canon. Cardinal diacre [2] en 1190, il fut élu pape en 1198 à la mort de Célestin III. Ayant résolument adopté les concepts théocratiques de Grégoire VII, il les mit sans attendre en application.

Il imposa sa suzeraineté à la veuve de l’empereur Henri VI et s’attribua la tutelle du futur Frédéric II de Hohenstaufen, cherchant par-là à éradiquer les influences allemandes en Italie. Il soutint le guelfe [3] Othon de Brunswick contre le gibelin [4] Philippe de Souabe dans le lutte pour le trône impérial. Il couronna lui-même Othon en 1208. Ce dernier n’en poursuivit pas moins la politique de son prédécesseur hostile à la domination du Saint-Siège. Il l’excommunia en 1210 et lui imposa Frédéric II. Il soutint Philippe Auguste contre lui. La victoire de Bouvines [5] provoqua l’élimination d’Othon et le pape put se croire l’arbitre de l’Empire. Il sévit pareillement contre Jean sans Terre coupable d’avoir confisqué les biens de la cathédrale de Canterbury [6]. Excommunié, ce dernier fit sa soumission pour éviter la conquête de son royaume par les français, et se déclara vassal du pape. Il exerça de même une influence politique certaine dans les Balkans, à Chypre et en Arménie. Il fut moins heureux en France ; où il se heurta à la volonté de Philippe Auguste, qu’il était d’ailleurs obligé de ménager. La 4ème croisade en 1204 le déçut cruellement. Il ne pouvait admettre que les Vénitiens l’eussent détourné de son but. Il crut néanmoins que la chute de l’Empire byzantin mettrait fin au schisme grec mais ne parvint pas à ses fins. Il fut aussi un lutteur implacable contre les hérésies, surtout contre les cathares. Après avoir montré une relative patience, il prit prétexte de l’assassinat de son légat Pierre de Castelnau en 1208 pour déchaîner la croisade contre les Albigeois. Le zèle des croisés, les excès qu’ils perpétrèrent, dépassèrent ses intentions. Le concile de Latran de 1215 [7] marqua l’apogée de son pontificat. Il mourut l’année suivante, laissant, une oeuvre inachevée sans se douter que ses entreprises politiques ne lui survivront guère, et un avenir lourd de menaces. La guerre contre les Albigeois n’avait pas eu raison du catharisme. Cependant il avait compris que les ordres mendiants, Dominicains et Franciscains, seraient plus efficaces que les guerriers, et il avait soutenu leur action. Il ne comprit pas en revanche que l’éveil progressif, et déjà sensible, des nationalités battait en brèche la suprématie du Saint-siège, qui avait été la ligne de force de son Pontificat.

Avec lui s’achève la phase la plus glorieuse de la chrétienté médiévale.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de histoire de Innocent III (1160 - 1216)/Pape à poigne/Herodote.net/Le petit mourre dictionnaire d’histoire universelle édition Bordas 2004 p 679

Notes

[1] Bologne est une ville italienne, située dans le nord-est du pays, entre le Pô et les Apennins. C’est le chef-lieu de la région d’Emilie Romagne (plaine du Pô) et de la province de même nom et l’une des principales villes d’Italie. Elle est considérée comme le siège de la plus ancienne université du monde occidental puisqu’elle fut fondée en 1088.

[2] cardinaux de curie

[3] Les guelfes et les gibelins sont deux factions médiévales qui s’opposent militairement, politiquement et culturellement dans l’Italie des Duecento et Trecento. Elles soutiennent respectivement et initialement deux dynasties qui se disputent le trône du Saint Empire romain germanique. La pars guelfa appuie les prétentions de la dynastie des « Welfs » et de la papauté, puis de la maison d’Anjou, la pars gebellina, celles de la dynastie des Hohenstaufen, au-delà, celles du Saint Empire romain germanique.

[4] Les guelfes et les gibelins sont deux factions médiévales qui s’opposent militairement, politiquement et culturellement dans l’Italie des Duecento et Trecento. Elles soutiennent respectivement et initialement deux dynasties qui se disputent le trône du Saint Empire romain germanique. La pars guelfa appuie les prétentions de la dynastie des « Welfs » et de la papauté, puis de la maison d’Anjou, la pars gebellina, celles de la dynastie des Hohenstaufen, au-delà, celles du Saint Empire romain germanique.

[5] La bataille de Bouvines est une bataille qui se déroula le dimanche 27 juillet 1214 près de Bouvines, dans le comté de Flandre (aujourd’hui dans le département du Nord), en France, et opposant les troupes royales françaises de Philippe Auguste, renforcées par quelques milices communales et soutenues par Frédéric II de Hohenstaufen, à une coalition constituée de princes et seigneurs français, menée par Jean sans Terre, duc d’Aquitaine, de Normandie et roi d’Angleterre, et soutenue par l’empereur du Saint Empire Otton IV. La victoire est emportée par le roi de France et marque le début du déclin de la prédominance seigneuriale.

[6] La cathédrale de Canterbury est l’une des plus anciennes et des plus célèbres églises chrétiennes d’Angleterre. Situé à Canterbury, elle a été construite en pierre de Caen. C’est la cathédrale de l’archevêché de Canterbury, dont l’archevêque est le primat de toute l’Angleterre et chef religieux de l’Église anglicane. Siège du diocèse de Canterbury, elle est le centre de la Communion anglicane. Son titre formel est cathédrale et église métropolitaine du Christ de Canterbury.

[7] Le quatrième concile œcuménique du Latran est le 12ème concile œcuménique de l’Église catholique. Il s’est tenu à Latran en 1215 sur l’initiative du pape Innocent III. Le concile Latran IV marque l’apogée de la chrétienté médiévale et de la papauté après l’effort de renouveau inauguré, 150 ans plus tôt, par les réformateurs du 11ème siècle en particulier par Grégoire VII. Pendant les trois semaines que dure le concile, du 11 au 30 novembre 1215, de nombreuses décisions sont prises qui renforcent l’emprise du Saint-siège sur la chrétienté occidentale.