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Henri 1er d’Angleterre ou Henri 1er Beauclerc

samedi 3 avril 2021, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 3 décembre 2011).

Henri 1er d’Angleterre ou Henri 1er Beauclerc (1068-1135)

Henri 1er d'Angleterre ou Henri 1er Beauclerc

Fils légitime de Guillaume le Conquérant. Il succède à son frère Guillaume II le Roux sur le trône d’Angleterre en 1100, et s’empare du duché de Normandie aux dépens de son frère Robert en 1106.

Il est surnommé Lion de Justice pour son amélioration des rouages rudimentaires de l’administration et de l’appareil législatif du pays.

Il reçut une éducation littéraire puisqu’il savait lire le latin. D’où son surnom de clerc à la fin du 13ème siècle puis de Beauclerc au début du 14ème siècle.

En 1087, Guillaume le Conquérant agonisait. Sur son lit de mort, il annonça ses dispositions à propos de son héritage. Son fils aîné Robert Courteheuse reçut le duché de Normandie, le puîné Guillaume le Roux, le royaume d’Angleterre tandis que Henri n’obtint aucune terre. Son père lui donna en compensation une forte somme d’argent. La mort de Guillaume le Conquérant le 9 septembre 1087 mit Henri dans une position difficile car il dut s’adapter à la rivalité entre ses 2 frères aînés.

Après plusieurs mois, il offrit son héritage numéraire à Robert Courteheuse en échange de la concession des droits sur le Cotentin et l’Avranchin. Le duc de Normandie accepta. Henri se trouvait ainsi maître de l’extrémité ouest du duché dont faisaient partie l’abbaye du Mont-Saint-Michel et les terres de grands seigneurs tels que Hugues d’Avranches, de Richard de Reviers et Néel de Saint-Sauveur. Cette situation géographique tenait Henri habilement éloigné des principaux centres du pouvoir ducal. Il fit hommage à Robert.

Mais en 1088, il traversa la Manche pour réclamer à Guillaume le Roux les terres de sa mère. Guillaume le Roux acquiesça. Robert eut alors des suspicions sur la loyauté d’Henri et l’arrêta à son retour en Normandie. Le prétendu traître resta environ 6 mois en prison avant d’être libéré par le duc. En 1090, Rouen se révolta contre Robert. Henri accourut au secours de son frère pour mater la rébellion. Ensemble, ils entrèrent dans la ville. Aidé de Gilbert de l’Aigle, Henri captura les principaux meneurs de la révolte, dont Conan qu’il jeta lui-même du haut d’une tour.

En 1091, il paya la réconciliation entre Robert Courteheuse et Guillaume le Roux. Le second accepta d’aider le premier à reprendre en main les terres perdues depuis la mort de Guillaume le Conquérant. Était notamment visé Henri qui possédait le Cotentin et l’Avranchin à l’ouest du duché. Le duc et le roi menèrent campagne ensemble. Assiégé au Mont-Saint-Michel, Henri capitula et quitta le duché pour les terres du roi de France Philippe 1er. Puis les relations entre le duc de Normandie et le roi d’Angleterre se dégradèrent à nouveau. Ce qui lui permit de reprendre pied en Normandie, moins de 2 ans après son départ forcé. Il s’établit à Domfront, et entre 1093 et 1096, soutint Guillaume le Roux dans ses efforts pour accroître son pouvoir dans le duché.

En 1096, le pape Urbain II, par l’entremise de l’abbé de Sainte Bénigne de Dijon, parvint à établir un accord entre les frères ennemis. Robert Courteheuse remit la garde du duché à Guillaume contre 10 000 marcs d’argent, argent qui devait financer sa participation à la 1ère croisade. Le départ de Robert éclaircissait la position d’Henri puisqu’il n’était plus pris entre deux feux. Il se soumit au nouveau maître de la Normandie, Guillaume le Roux. En contrepartie, le roi reconnut l’autorité d’Henri sur le Cotentin mais aussi, semble-t-il, sur le Bessin à l’exclusion de Caen et de Bayeux. En 1097, il participa aux côtés de Guillaume le Roux à la campagne du Vexin dirigée contre le roi de France. Ils reprirent Gisors que Robert avait dû céder quelques années auparavant.

En 1099, les croisés entraient dans Jérusalem. La croisade était terminée. Robert Courteheuse pouvait retourner dans son duché. Sur le chemin du retour, il s’arrêta en Italie du Sud où il trouva à se marier. Ce mariage n’était pas une bonne nouvelle pour Guillaume et Henri car il ouvrait la possibilité que Robert ait un héritier. Du coup, le duché de Normandie avait peu de chance de se retrouver entre leurs mains si Robert venait à mourir. Un événement inattendu changea les perspectives. Guillaume II trouva la mort le 2 août 1100 lors d’un accident de chasse, tué par Gautier II Tirel.

Dès qu’il apprit la mort de Guillaume le Roux, il se précipita à Winchester, un des principaux centres du pouvoir royal, pour s’emparer du trésor. Malgré la réticence de quelques barons comme Guillaume de Breteuil qui rappelaient les droits de Robert Courteheuse à la couronne, l’argent fut remis au frère du roi. Il fut couronné par l’évêque de Londres le 5 août 1100 à l’abbaye de Westminster.

Aussitôt, le roi assura son trône en promulguant la Charte des Libertés, qui est considérée comme une ébauche de la Magna Carta. Dans ce document, il expliquait comment il comptait diriger le royaume et remédier à certains abus comme l’exploitation fiscale des biens d’Église pendant les périodes de vacance ou l’existence de certaines taxes.

Les officiers et les seigneurs anglais vinrent à la cour faire hommage au nouveau roi et ce dernier, en recherche d’appui, se garda de remettre en cause leur charge ou leurs propriétés. À l’exception notable de Rainulf Flambard, l’évêque honni de Durham et le symbole de l’oppression fiscale sous le précédent règne, qui fut arrêté et enfermé à la Tour de Londres. Il rappela en Angleterre l’archevêque Anselme de Cantorbéry alors en exil. Il assura la promotion de ses proches, Roger d’Avranches s’occupa de la chancellerie, Guillaume d’Aubigny, un autre Normand de l’ouest, accéda à la charge de bouteiller et Guillaume de Courcy fut nommé sénéchal royal. Un mois après le couronnement d’Henri, Robert Courteheuse revint en Normandie avec son épouse italienne. Bien accueilli par la plupart des barons normands, il ne pouvait s’empêcher de penser que s’il était revenu plus tôt, il serait devenu le roi d’Angleterre à la place de son frère.

Le 11 novembre 1100, Henri épousa Édith, fille aînée de Malcolm III, roi d’Écosse. Comme Édith était aussi la nièce d’Edgar Atheling, le mariage consacrait l’union entre la lignée normande et l’ancienne lignée des rois anglo-saxons. Il créa toutefois une polémique car Édith était soupçonnée avoir été nonne. D’où les réticences d’Anselme à célébrer le mariage[, qui eut finalement lieu avec la bénédiction de l’archevêque. En devenant reine, Édith renonça à son prénom anglais pour celui de Mathilde.

En 1101, le règne traversa sa première crise. Robert Courteheuse essaya de reprendre la couronne en envahissant l’Angleterre. Le 20 juin, les 200 navires de la flotte ducale débarquèrent à Portsmouth une importante armée de cavaliers, d’archers et de fantassins. Henri rassembla ses forces. Les 2 armées se rencontrèrent entre Winchester et Londres. Finalement, la négociation permit d’éviter la bataille : par le traité d’Alton, Robert acceptait de reconnaître Henri comme le roi d’Angleterre. Il recevait en contrepartie une rente annuelle et la cession des terres normandes d’Henri sauf Domfront. Si l’un des frères venait à mourir sans héritier mâle, l’autre hériterait de tout. Henri s’en sortait bien. Si le duc de Normandie n’a pas été au bout de ses revendications, il faut croire que les soutiens au roi d’Angleterre étaient importants. Il bénéficiait notamment de l’appui de puissants barons comme Robert de Meulan, Henri de Beaumont ou Robert Fitz Hamon mais aussi de l’archevêque Anselme. Pourtant, à cette époque, les relations entre le roi et le prélat étaient difficiles car ce dernier refusait l’hommage au roi et son droit d’investir les évêques ou abbés.

Mieux assuré sur son trône, il s’attaqua aux barons anglo-normands dont la loyauté était douteuse. Il soupçonnait certains de préférer son frère Robert. Ils avaient appuyé l’expédition du duc en Angleterre en 1101. La réaction du roi se porta principalement contre Guillaume II de Warenne dont les terres furent confisquées, Robert II de Bellême et Arnoul de Montgommery qui furent convoqués à la cour royale pour répondre de 46 charges. Robert de Bellême se rendit à la cour puis, conscient qu’il ne pourrait pas être innocenté, se défila pour mettre en défense ses châteaux et rassembler ses forces. Henri mena une véritable campagne contre lui. Les châteaux d’Arundel, de Tickhill, de Bridgnorth et enfin de Shrewsbury se rendirent au roi. Robert n’eut d’autre choix que de quitter le royaume pour le duché de Normandie tandis que Henri confisquait ses terres et celles de ses frères.

La naissance de son premier fils, Guillaume en 1103, renforça sa position sur le trône. Ce n’était pas son premier enfant puisqu’en février 1102, la reine avait mis au monde une fille nommée Mathilde, connue plus tard sous le surnom de l’Emperesse.

Lorsqu’en 1104, Robert Courteheuse se rendit en Angleterre pour le rencontrer, la différence de situation entre les 2 frères était frappante. Henri dominait son royaume tandis que le duc de Normandie avait perdu le contrôle du Sud du duché. Lors de l’entrevue, Henri reprocha à Courteheuse d’avoir accueilli Robert de Bellême et de l’avoir récompensé avec des terres ducales. Si le duc de Normandie obtint que son fidèle baron Guillaume II de Warenne récupérât ses biens anglais, il dut renoncer à sa rente annuelle que le roi devait lui payer selon les clauses du traité d’Alton de 1101.

En 1105, pour éliminer la menace constante de Robert Courteheuse, il mène un corps expéditionnaire en traversant la Manche. En 1106, il obtient une victoire décisive sur l’armée normande de son frère à la bataille de Tinchebray. Il capture Robert et réunit le duché de Normandie à la couronne d’Angleterre. Robert restera emprisonné à Bristol, et à Cardiff, jusqu’à sa mort en 1134.

Il est à l’origine de la construction de nombreux donjons palais carrés traditionnels. On en trouve des exemples au château de Falaise en Normandie, à Norwich et Castle-Rising. Il fait également aménager le château de Caen par la construction du donjon et de la salle d’apparat.

Veuf, le 29 janvier 1121, il épouse Adélaïde, fille du duc Godefroid 1er de Louvain à la chapelle royale du château de Windsor..

Se voyant sans héritier mâle légitime, le 1er janvier 1127, Henri fait prêter serment par ses barons d’accepter sa fille Mathilde l’Emperesse, veuve de l’empereur germanique Henri V comme son héritière.

Il meurt d’une intoxication alimentaire, es en décembre 1135 à Lyons-la-Forêt* (Saint-Denis-en-Lyons) en Normandie. Il est enterré à l’abbaye de Reading.

Bien que les barons d’Henri aient juré allégeance à sa fille, la reconnaissant comme future reine, ses prétendues frasques sexuelles et son remariage avec un Angevin, Geoffroy le Bel, comte d’Anjou, un ennemi des Normands, permettent à un neveu d’Henri, Étienne de Blois, de venir en Angleterre et de prétendre au trône avec leur soutien.