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Guillaume 1er de Normandie dit Guillaume Longue-Épée

vendredi 11 février 2022 (Date de rédaction antérieure : 14 novembre 2011).

Guillaume 1er de Normandie dit Guillaume Longue-Épée (vers 910-942)

Fils naturel deRollon et de Poppa de Bayeux. Il est considéré comme étant le 2ème duc de Normandie [1], bien que ce titre n’existe pas encore à cette époque. Il est avant tout jarl [2] des Normands de la Seine.

Une fois Rollon installé par le roi Charles le Simple en Normandie en 911, Guillaume devenait l’héritier naturel de ce territoire. À peine élu, il se recommande au roi Charles le Simple. Après 935, il épousa chrétiennement Liégarde, fille d’Herbert II, comte de Vermandois [3]. Le jarl fit différentes donations aux chanoines du Mont-Saint-Michel [4] et restaura l’abbaye de Jumièges [5] dans laquelle il songea à se retirer.

Le principat de Guillaume correspond à une consolidation de la jeune Normandie. Vers 931, la Bretagne, occupée par les Normands de la Loire, traversait une période délicate. Les Bretons se révoltèrent contre les occupants. Guillaume Longue Épée envahit la Bretagne. Les chefs bretons, Alain dit Barbe-Torte et Juhel Bérenger de Rennes [6], furent battus. Le premier fuit outre-Manche, l’autre se réconcilia avec le Normand.

En 933, Guillaume rendit hommage au roi Raoul pour la terre des Bretons située sur le rivage de la mer. Il ne s’agit pas de la Bretagne car le souverain n’avait plus aucun droit sur ce territoire. Les historiens traduisent habituellement cette concession par le Cotentin [7] et l’Avranchin [8], régions cédées aux Bretons par Charles le chauve 66 ans plus tôt par le traité de Compiègne [9]. En 933, la Normandie avait ainsi quasiment atteint son extension définitive.

Vers 934, Guillaume se trouva confronté à une révolte de Normands commandés par Rioulf . Étaient reprochés au jarl son origine franque par sa mère et sa politique trop favorable aux Francs. Rioulf conduisit les révoltés jusque sous les murs de Rouen [10] mais Guillaume sortit de la ville et écrasa les adversaires.

Avec Arnoul de Flandre, Herbert II de Vermandois et Hugues le Grand, Guillaume faisait partie du petit groupe de princes qui joua un rôle prépondérant dans le nord du royaume. Tantôt alliés, tantôt ennemis, ils soutinrent ou s’opposèrent au roi. En 936, selon Dudon de Saint-Quentin, le soutien normand se révéla décisif pour rétablir sur le trône de Francie le prétendant carolingien Louis d’Outremer.

L’état des relations entre la Normandie et la Flandre était changeant. En 925, alors que Rollon était encore le jarl des Normands, Arnoul 1er avait pris la forteresse d’Eu [11] mais en 939, Guillaume et lui prêtèrent serment ensemble au roi Otton de Germanie contre le roi des Francs. En 938/939, Herluin, comte de Montreuil [12], ayant perdu sa ville de Montreuil-sur-Mer [13], prise par Arnoul 1er, en appela à Guillaume Longue-Épée. Les Normands finirent par intervenir. Montreuil fut reprise en 939. Ayant récupéré son bien, Herluin rendit hommage de fidélité à Guillaume pour le Ponthieu [14]. Les Normands contrôlèrent ainsi la Picardie [15] maritime et contrarièrent de cette façon l’expansion de la principauté flamande vers le sud.

Par contre, en 940, Guillaume prit le parti du duc des Francs Hugues le Grand et de Herbert II de Vermandois contre le roi et Arnoul de Flandre. Il les assista aux sièges de Reims et de Laon, jusqu’à l’obtention d’un accord avec Louis d’Outremer.

Le 17 décembre 942, ce dernier est invité par Arnoul de Flandre à une entrevue, manigancée par les principaux princes francs, hostiles à la montée en puissance de la Normandie, au prétexte d’un accord, dans un lieu nommé Picquigny [16]. À peine la paix signée par les 2 princes, sur une île de la Somme, il est traîtreusement assassiné, vraisemblablement par Baudoin, fils du comte de Cambrai [17], sur ordre d’Arnoul 1er.

Ses fidèles récupérèrent son corps. On retrouva sur lui une clef, clef ouvrant un coffre renfermant une bure, la bure des moines. Son tombeau se trouve en la cathédrale de Rouen [18].

Notes

[1] Le duché de Normandie est un état féodal qui a existé de 911 à 1469, d’abord comme principauté largement autonome, puis, après sa conquête par le roi de France en 1204, comme partie du domaine royal ou comme apanage. Louis XI supprime le duché en 1469. Toutefois, il subsiste pour sa partie insulaire (les îles Anglo-Normandes) comme dépendance de la couronne britannique. Le duché de Normandie fait partie, comme l’Aquitaine, la Flandre ou la Catalogne, de ces principautés qui émergent au milieu du Moyen Âge avec l’affaiblissement du pouvoir royal carolingien. En 911, débordé par les raids des Vikings, le roi des Francs Charles le Simple confie à l’un de leurs chefs, Rollon, les pays autour de la Basse-Seine. Cette concession est l’embryon du duché de Normandie.

[2] Le jarl est en langue scandinave l’équivalent de comte

[3] Le Vermandois est érigé en comté par Louis 1er, fils de Charlemagne, en faveur du fils illégitime de son aîné Pépin, roi d’Italie, dont la famille, dite des Herbertiens, le possédera jusqu’au milieu du 11ème siècle. Herbert IV, huitième descendant de Pépin, étant mort, Eudes, son fils, fut dépouillé par les barons de son comté, qui fut donné à Hugues de France dit ensuite Hugues 1er de Vermandois, frère du roi capétien Philippe de France, Hugues étant l’époux d’Adèle, fille d’Herbert IV. Le Vermandois passe ensuite à Raoul 1er, né en 1085, dit « le Vaillant » ou « le Borgne » connu aussi sous le nom de Raoul de Crépy. Il est le fils d’Hugues de France, comte de Valois et de Vermandois du chef de sa mère, Adèle. Il est de 1102 à 1152 le second comte de Vermandois et de Valois.

[4] L’abbaye du Mont-Saint-Michel est une ancienne abbaye bénédictine et un monument historique situé sur l’îlot du mont Saint-Michel, qui se trouve lui-même sur le territoire de la commune française nommée Le Mont-Saint-Michel, dans le département de la Manche en région de Normandie.

[5] L’abbaye Saint-Pierre de Jumièges en Seine-Maritime fut fondée par saint Philibert, fils d’un comte franc de Vasconie vers 654 sur un domaine du fisc royal à Jumièges.

[6] La succession des comtes de Rennes est presque calquée sur celle des ducs de Bretagne, les comtes de Rennes étant devenus ducs de Bretagne avec Conan 1er. Le comté de Rennes disparut quand il fut intégré au duché de Bretagne sous Pierre Mauclerc, duc consort de 1213 à 1237.

[7] Le Cotentin est une péninsule française correspondant globalement aux limites de l’ancien pays normand du même nom autrefois appelé Pagus Constantiensis (pays de Coutances). Élément du Massif armoricain, il s’étend entre l’estuaire de la Vire et l’embouchure de l’Ay et jusqu’à Granville. En 1204, le Cotentin, à l’exception des îles Anglo-Normandes, revient à la France lors de la reconquête du duché de Normandie par Philippe Auguste. La guerre de Cent Ans ravage les campagnes et les châteaux de Cherbourg, Valognes, Bricquebec, Saint-Lô et Saint-Sauveur-le-Vicomte font l’objet de multiples sièges. La paix revenue, l’agriculture amène un essor important au 15ème et 16ème siècle, celui-ci se matérialisant dans le bocage par de nombreuses fermes-manoirs. Les grands seigneurs édifient des châteaux et hôtels de style Renaissance

[8] On appelle Avranchin le pays normand centré autour de sa ville principale qui est Avranches (sud-ouest du département de la Manche). Il est tourné vers la baie du mont Saint-Michel.

[9] Le traité de Compiègne est un traité signé entre les royaumes de Francie occidentale et de Bretagne en août 867. Le 1er août 867 le roi Charles le Chauve reçoit à Compiègne Pascweten gendre et représentant du roi Salomon de Bretagne et lui concède le Cotentin et probablement l’Avranchin, avec le Mont-Saint-Michel, bien que cela ne soit pas spécifié, avec l’ensemble des fiscs et domaines royaux, les abbayes et leurs dépendances en quelques lieux quelles soient à l’exception des évêchés.

[10] Rouen est une commune du Nord-ouest de la France traversée par la Seine. Préfecture du département de la Seine-Maritime. Entre 911 et 1204, elle fut la capitale du duché de Normandie. Terre de pouvoirs, elle accueillit l’Échiquier puis le Parlement de Normandie. À partir du 13ème siècle, la ville connaît un essor économique remarquable, notamment grâce au développement des manufactures de textile et au commerce fluvial. Revendiquée aussi bien par les Français que par les Anglais durant la guerre de Cent Ans, c’est sur son sol que Jeanne d’Arc a été provisoirement incarcérée, jugée puis brûlée vive le 30 mai 1431.

[11] Le château d’Eu (castrum Auga) est cité dès 925 dans les annales du clerc rémois Flodoard. À cette date Rollon, aurait pourvu la forteresse de mille soldats normands. Vers 1050, Guillaume Busac, comte d’Eu, un cousin du duc de Normandie, Guillaume le Bâtard, tente de se révolter contre l’autorité du duc qui vint assiéger la place jusqu’à la reddition de la garnison. En 1050 ou 1051, c’est dans cette forteresse, que le duc Guillaume de Normandie aurait épousé Mathilde, une cousine éloignée, fille du puissant comte de Flandres, Baudouin, et petite-fille de Geoffroy, duc de Bretagne et d’Adenige, sœur de Richard II, duc de Normandie. En décembre 1430, Jeanne d’Arc, prisonnière des Anglais, séjourne dans la prison du château.

[12] Le comté de Ponthieu semble être une évolution d’une marche créée pour défendre la Picardie contre les Vikings. Les premiers titulaires sont nommés duc des terres maritimes. Ne portant pas le titre de comtes de Ponthieu, ils administrent le Ponthieu et l’abbaye de Saint-Riquier. Le titre de comte de Montreuil apparaît au cours du 10ème siècle et celui de comte de Ponthieu après 1024.

[13] Montreuil1 (parfois appelée Montreuil-sur-Mer) est une commune française située dans le département du Pas-de-Calais

[14] Le comté de Ponthieu est un ancien pays de France dont la capitale était Abbeville et la principale place-forte Montreuil. À l’époque du Duc Guillaume, le comté était borné par l’Artois à l’orient, la Normandie à l’occident, y compris le pays de Caux et le comté d’Eu. Au midi, se trouvaient le bailliage et le pays d’Amiens et le Boulonnois au septentrion (avant 960, par démembrement du comté de Flandre).

[15] La Picardie fut entre 1477 et 1790, une province du royaume de France, en même temps qu’un territoire géographique et culturel, situé au nord-ouest de la France et bordé par la Manche. La province de Picardie n’émergea réellement qu’à la fin du Moyen Âge (fin du 15ème iècle), lorsqu’elle devint la marche frontière entre les Pays-Bas bourguignons et le royaume de France. Un gouvernement de Picardie fut alors créé, qui disparut à la Révolution française.

[16] Picquigny est une commune française située dans le département de la Somme. Le 17 décembre 942, Arnoul, comte de Flandre, et Guillaume Longue-Epée, duc de Normandie, ont une entrevue à Picquigny pour traiter de la paix. Ils se rendent sur une petite île sur la Somme, laissant chacun son armée. Les conférences terminées, Guillaume part, mais Arnoul le rappelle sur l’île. Guillaume, ne soupçonnant rien, revient et est assassiné lors d’un guet-apens.

[17] Cambrai est une commune française située dans le département du Nord, Vers la fin de l’Empire romain, Cambrai remplace Bavay comme « capitale » de la cité des Nerviens. Au début de l’époque mérovingienne, Cambrai devient le siège d’un vaste évêché s’étendant sur toute la rive droite de l’Escaut et le centre d’une petite principauté ecclésiastique qui dépendra du Saint Empire romain germanique jusqu’à l’annexion à la France en 1678. Fénelon, surnommé « le Cygne de Cambrai », en fut le plus illustre des archevêques.

[18] La cathédrale Notre-Dame, officiellement cathédrale primatiale Notre-Dame-de-l ’Assomption de Rouen, est le monument le plus prestigieux de la ville de Rouen. Elle est le siège de l’archidiocèse de Rouen, chef-lieu de la province ecclésiastique de Normandie. L’archevêque de Rouen portant le titre de primat de Normandie, sa cathédrale a ainsi le rang de primatiale.