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La France au 10ème siècle

vendredi 20 janvier 2023, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 21 décembre 2011).

La France au 10ème siècle

Ce 10ème siècle est essentiellement marqué dans ses débuts par la Fondation de l’abbaye de Cluny. C’est le 11 septembre 910, sous le règne de Charles le Simple, que fut signé aux assises de Bourges en présence de nombreux seigneurs et prélats, l’acte de donation par lequel Guillaume, comte d’Auvergne, de Velay, de Mâcon, de Bourges et Duc d’Aquitaine, soucieux du salut de son âme, cédait aux apôtres Pierre et Paul, autrement dit à Rome, sa "villa de Cluni et toutes possessions attenantes : villages et chapelles, serfs des 2 sexes, vignes et champs, prés et forêts, eaux courantes et fariniers, terres cultivées et incultes", à charge pour Bernon, abbé de Baume [1] et de Gigny en Jura [2] et co-signataire, d’y fonder un monastère.

De cette charte fondamentale, modèle de prévoyance et de lucidité politique qui comportait, entre autres clauses, 4 décisions capitales : l’obligation du strict respect de la règle de Saint Benoît [3], l’exemption de toute sujétion temporelle, celle des rois et des seigneurs ou spirituelle, celle des évêques hormis celle du pape, la garde des apôtres Pierre et Paul et la défense du souverain Pontife, l’obligation expresse de s’adonner avec le zèle le plus ardent "selon l’opportunité et les possibilités du lieu, aux œuvres quotidiennes de la miséricorde envers les pauvres, les indigents, les étrangers, les voyageurs", naîtra ce syncrétisme Rome Cluny d’où sortiront les grandes réformes spirituelles et morales d’une société vouée à tous les courants, d’un clergé davantage préoccupé d’affaires matérielles ou encore, le regroupement dans le giron bénédictin et bientôt clunisien de monastères épars et jusqu’alors plus ou moins autonomes. Certes, la position géographique de l’abbaye nouvelle contribuera-t-elle à son éclosion. Située sur la ligne de partage du droit coutumier germanique et du droit écrit romain, de la langue d’oïl et de la langue d’oc, à proximité de la Saône, cette frontière naturelle qui séparait l’empire romain germanique [4] de la francie [5], de la via Aggripa qui reliait Lyon à Boulogne et à Trèves, traversée par une voie secondaire qui s’en détachait à Belleville sur Saône pour rejoindre la voie principale à Autun, la vallée de la grosne. Ce "carrefour clunisien", connaîtra pendant plusieurs siècles les grandes migrations et les grands rassemblements de l’Europe de ces temps.

C’est en 911 que les Normands se fixèrent sur les terres entre l’Epte et la Manche, ce qui devint le duché de Normandie par le traité de Saint-Clair-sur-Epte [6]

Au cours du 10ème siècle, à plusieurs reprises, un roi carolingien avait été écarté du trône et remplacé par un de ses grands vassaux, en l’occurrence des ancêtres d’Hugues, d’Eudes et de Robert le Fort.

En 978, Lothaire décide de mettre la main sur la Lorraine. S’ensuivirent 2 années de guerre avec le nouveau roi empereur Otton II, sans résultat, mais qui permettent aux Robertiens [7] d’affermir leur prépondérance. En 983, une nouvelle tentative d’invasion de la Lorraine tourne court. Visant à redonner le pouvoir impérial à la maison carolingienne, cette guerre ne fait qu’en précipiter la chute.

L’Eglise ne peut admettre que l’on mette en péril l’Empire romain germanique. Elle se montre de plus en plus favorable à l’ambition d’Hugues Capet, nouveau duc de France, qui s’est empressé d’offrir lui-même sa fidélité au roi d’Allemagne et le 30 décembre 987 le sacre d’Hugues Capet marque un réel événement dans l’histoire de France par la naissance de la dynastie des Capétiens. A l’époque celui-ci n’a pas semblé aux contemporains de si grande conséquence.

Sous Hugues Capet le domaine royal correspond environ à 2 de nos départements, mais il est au cœur de la France, dans une région de grand essor économique. Le roi, déjà vieillissant, doit guerroyer pour imposer son autorité sur nombre de ses sujets, petits barons turbulents sur son propre territoire ou grands vassaux des comtés d’Anjou [8] et de Blois [9]. En Lorraine, Charles continue de faire valoir ses droits à la succession.

P.-S.

Source : archives ljallamion histoire du 10ème/encyclopédie Imago mundi/ Herodote/Histoire/ Historia ect...

Notes

[1] L’abbaye Saint-Pierre de Baume-les-Messieurs est une ancienne abbaye bénédictine située dans la région de Franche-Comté, sur le territoire de la commune de Baume-les-Messieurs, dans le département du Jura. Les premières mentions de Baume datent du 9ème siècle, au moment où se restaure un ancien monastère sous la direction de l’abbé Bernon venu de Gigny qui partira ensuite de Baume en 909-910 pour fonder la grande abbaye bourguignonne de Cluny. D’abord « Mère de Cluny », Baume en deviendra, non sans conflits, la fille au 12ème siècle. Appelée « Baume-les-Moines » jusqu’au 18ème siècle et dédiée à Saint-Pierre, l’institution sera longtemps prospère et constituera l’une des plus importantes abbayes de Franche-Comté avant de tomber en commende au 16ème siècle et de décliner en se sécularisant au 18ème siècle puis de disparaître à la Révolution. Les bâtiments conservés (église, résidence de l’abbé, maisons cononiales, cours avec fontaine…) datent de différentes périodes et témoignent d’une implantation monastique marquante dans un site typiquement jurassien de reculée.

[2] L’abbaye de Gigny (en Franche-Comté, département actuel du Jura), fondée en 880, par Bernon est une des plus anciennes abbayes bénédictines, à l’origine de l’ordre de Cluny. Dans les années 880, Bernon établit à Gigny une communauté destinée à restaurer l’observance définie par la règle de saint Benoît de Nursie, dite Règle bénédictine (vers 535) et généralisée à tous les monastères d’hommes par Benoît d’Aniane au début du 9ème siècle. Cette nouvelle abbaye, relevant du diocèse de Lyon pendant tout le Moyen Âge, fut soutenue par les dominations politiques successives, en particulier par les libéralités de Rodolphe 1er, roi de Bourgogne. Elle s’accrut très vite de Baume-les-Messieurs et de Saint-Lothain, placées, sous sa dépendance. En 895, Bernon obtint que sa communauté soit placée sous la protection du pape, ce qui offrait une certaine garantie contre l’avidité des pouvoirs locaux. En 909, Bernon fonda Cluny, prieuré indépendant de l’abbaye de Gigny. Il le peupla de 12 moines (selon la tradition 6 de Baume et 6 de Gigny) et y instaura la Règle bénédictine.

[3] La règle de saint Benoît est une règle monastique écrite par Benoît de Nursie pour donner un cadre à la vie cénobitique de ses disciples. Rédigée peut-être entre 530 et 556, elle établit un mode de vie monastique (organisation de la liturgie, du travail, des repas et de la détente entre autres) qui provient de son expérience d’abbé à Subiaco, puis au Mont Cassin. Ce qui la caractérise le plus est sa discrétion, c’est-à-dire son équilibre, sa souplesse, son souci de ne pas faire peser sur les disciples un joug trop contraignant. Vers 529, Benoît fonde une communauté de moines sur le Mont Cassin en Italie. Au cours des siècles qui suivent, la Règle qu’il a écrite pour ses moines est progressivement adoptée par un nombre croissant de monastères en Occident. Au-delà de sa grande influence religieuse, elle a une grande importance dans la formation de la société médiévale, grâce aux idées qu’elle propose : une constitution écrite, le contrôle de l’autorité par la loi et l’élection du détenteur de cette autorité, Benoît ayant voulu que l’abbé soit choisi par ses frères. Actuellement, plusieurs milliers de moines et moniales à travers le monde vivent selon la règle de saint Benoît.

[4] C’est sous la dynastie des Ottoniens, au 10ème siècle, que l’Empire se forme à partir de l’ancienne Francie orientale carolingienne. La désignation Sacrum Imperium est attestée pour la première fois en 1157, et le titre Sacrum Romanum Imperium apparaît vers 1184, pour être utilisé de manière définitive à partir de 1254. L’étendue et les frontières du Saint-Empire ont été considérablement modifiées au cours des siècles. Au temps de sa plus grande extension, l’Empire comprend presque tout le territoire de l’actuelle Europe centrale, des Pays-Bas, de la Belgique, du Luxembourg, de la Suisse ainsi que des parties de la France et de l’Italie. Son histoire et sa civilisation sont donc un héritage partagé par de nombreux États européens actuels.

[5] Sous les Mérovingiens, le mot Francie est utilisé pour désigner l’ensemble du royaume des Francs, incluant donc la Neustrie et l’Austrasie. Sous les premiers Carolingiens, il continue de désigner l’ensemble des possessions franques à l’exception de l’Italie, puis, après le traité de Verdun de 843, chacun des royaumes issus du partage. À partir du 10ème siècle, le mot Francie ne sera appliqué qu’au seul royaume des Francs de l’ouest (qui deviendra le royaume de France), tout en désignant également une région précise, celle du domaine royal. À l’est, dans le monde germanique, il ne désignera plus que la Franconie et la Lotharingie, régions peuplées de Francs, surtout après le remplacement de la dynastie franque des Carolingiens par la dynastie saxonne des Ottoniens. L’usage de Francie pour désigner le royaume des Francs se maintient sous les premiers Carolingiens. Quelques actes de Charlemagne opposent Francia et Italia, de même qu’à partir de 801 la formule de date de certains capitulaires. À la fin du 9ème siècle, du fait des conquêtes de Charlemagne, Notker se sent obligé d’expliquer le terme Francie par l’énumération des peuples qu’il englobe, dans une œuvre destinée à perpétuer la mémoire du premier empereur franc. Dès les règnes de Pépin le Bref, Charlemagne et de Louis le Pieux, le mot Francia commence à désigner à la fois l’ensemble du royaume des Francs et une partie de celui-ci. Sous Pépin le Bref, il désigne les régions entre Loire et Rhin par opposition à la Bavière, l’Aquitaine, l’Italie, la Burgondie. Nithard use d’expressions comme tota Francia ou universa Francia pour désigner le royaume des Francs, réservant Francia à la zone comprise entre la Loire et la Seine ou la Loire et le Rhin. Charles II le Chauve ne fait d’abord référence qu’à ses années de règne, sans précision géographique, puis à partir de son avènement à l’empire (le 25 décembre 875), sa chancellerie prend le parti de désigner ses années de règne dans le royaume occidentale par le terme de Francia ou Francie. En 877, Louis II le Bègue reprend un temps l’équivalence entre royaume de l’Ouest et Francie, avant que sa chancellerie ne revienne à l’usage de la datation d’après les seules années de règne. Dans les années 911-912, à la suite de la récupération de la Lotharingie, Charles III remet à l’honneur le tire de « rex Francorum » qui sera prédominant chez ses successeurs dans les actes du 10ème siècle, et renforcera l’identification entre France, royaume des Francs et Francie occidentale. Pendant que le mot Francie continue de désigner l’ensemble du royaume de l’ouest, contrairement à ce qui se passe dans le royaume de l’est, un phénomène analogue se produit dans les deux royaumes : la restriction du sens à une portion de chacun des deux royaumes, à l’est comme à l’ouest : À l’est, la Francie s’oppose à la Saxe, la Bavière, la Frise et correspond géographiquement à la Franconie et à la Lotharingie ; À l’ouest, la Francie s’oppose à la Bourgogne, l’Aquitaine, la Septimanie, la Provence et correspond géographiquement à l’Île-de-France.

[6] Traité signé en 911, par lequel le roi Charles le Simple octroie la Normandie au chef scandinave Rollon, qui devient ainsi le premier duc de Normandie. En échange, ce dernier rend hommage au roi et se fait baptiser chrétien.

[7] La famille des Robertiens est une famille de la noblesse franque qui tire son nom du prénom Robert que portèrent un grand nombre de ses membres. La puissance des Robertiens, fortement implantés en Neustrie, s’explique moins par « leur carrière royale intermittente » que par leur « capacité à renoncer au trône pour affermir leur position » dans le royaume et le diriger de fait. Trois membres de la famille accédèrent au trône : Eudes en 888, son frère Robert 1er en 922 et le petit-fils de ce dernier Hugues Capet en 987. Les descendants de ce dernier sont nommés Capétiens et régnèrent sur la France sans interruption de 987 à 1792 (805 ans) puis de 1815 à 1848 (33 ans). Ainsi, de 888 à 1848, soit pendant environ 960 ans, la famille issue des Robertiens a joué un rôle politique de premier plan en France

[8] Dans l’histoire de l’Anjou, le comté d’Anjou émerge au 10ème siècle en conséquence de la dislocation du royaume carolingien. Il devient l’une des plus importantes principautés du royaume de France aux 11ème et 12ème siècles. En 1204, le roi de France Philippe Auguste met la main sur le comté. Celui-ci retrouve une certaine autonomie à partir du règne de Saint Louis en tant qu’apanage. L’Anjou est érigé en duché au début de la guerre de Cent Ans.

[9] Le comté de Blois est un ancien comté du Nord de la France. Le comté de Blois était une juridiction féodale du Royaume de France née vers 900. Le premier vicomte est Garnegaud, décédé en 906. Son successeur était le chevalier bourguignon Thibaud l’Ancien qui reçut également la vicomté de Tours en 908 et en 940, il devint vicomte de Blois et de Tours. Il mourut en 943 et son fils Thibaut le Tricheur prend le titre de Comte de Blois et s’empare du comté de Chartres. Son fils Eudes 1er devient Comte de Blois et de Chartres, de Tours, de Châteaudun, de Provins et de Reims. Son fils Thibaut II lui succède de 996 à 1004 . Son frère Eudes II rajoute à son domaine le comté de Meaux et le comté de Troyes. Il meurt en 1019, date à laquelle les domaines sont divisés. La dynastie continua jusqu’à la mort de Thibaut VI, donnant le comté à sa fille Marguerite de Blois. Le comté passe alors dans la Maison d’Avesnes puis de Blois-Châtillon. En 1397, le comté est intégré au Duché d’Orléans par manque de descendance.