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Michel III dit l’Ivrogne

vendredi 25 juin 2021, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 22 octobre 2011).

Michel III dit l’Ivrogne (840-867)

Empereur byzantin de 842 à 867

Il succède à son père l’empereur Théophile à l’âge de 3 ans le 21 janvier 842. En tant que régente, sa mère Théodora exerce dans un premier temps la réalité du pouvoir avec l’aide de son frère le patrice Bardas et impose le rétablissement définitif du culte des images qui termine ainsi la crise iconoclaste [1] le 11 mars 843. Conseillée par le logothète [2] Théoctiste, Théodora déclenche cependant une terrible persécutions envers les Pauliciens [3], qui furent massacrés et leurs biens confisqués, les survivants se réfugièrent auprès de l’émir de Malatya [4], Omar al-Aqta .

D’autre part, l’impératrice néglige totalement l’éducation de son fils qui devient rapidement un débauché. Bardas incite alors Michel III à enfermer Théodora dans un couvent pour gouverner seul en 856. En réalité c’est Bardas qui gouverne, laissant son neveu à ses femmes et ses banquets.

Le règne personnel de Michel III commence après le meurtre, sur son ordre, le 20 novembre 855, de Théoctiste. La même année il épousa Eudoxie Décapolitaine .

Incapable de gouverner, il laisse le gouvernement des affaires à son oncle Bardas, qui se révèlera d’ailleurs assez efficace, sous son règne, et sous l’influence du patriarche de Constantinople Photios, saint Cyrille et saint Méthode commencent l’évangélisation des peuples slaves à partir de 863. En 864 le tsar de Bulgarie [5] Boris 1er se convertit lui aussi au christianisme.

Militairement Michel III est confronté à une révolte des peuples slaves de l’empire, écrasée en 849 par le général Théoktistos Vriennon, puis à l’expansion russe dont la flotte est détruite en 865 par une tempête opportune. Quant à l’expansion arabe en Asie mineure [6], elle est contenue par la grande victoire d’un autre oncle maternel de l’empereur, Petronas en 863, et compense la défaite de l’armée byzantine dirigée par Michel III en personne en 860. Par contre, la Crète [7] n’est pas reprise.

Le nouveau favori de l’empereur, Basile le Macédonien, pousse l’empereur à se débarrasser de son oncle Bardas en 866. Ce crime sonna la fin de la dynastie amorienne car Michel III fit de son favori le co-empereur. Rapidement lassé du comportement de Michel III, incapable de le contrôler, Basile le fait assassiner le 23 septembre 867 par son cousin Asylaion et devient seul empereur sous le nom de Basile 1er, mettant ainsi fin à la dynastie amorienne au profit de la dynastie macédonienne. Michel est inhumé au monastère de Chrysopolis [8].

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte deJean Skylitzès, Empereurs de Constantinople, « Synopsis Historiôn » traduit par Bernard Flusin et annoté pat Jean-Claude Cheynet, éditions P. Lethilleux, Paris, 2003, (ISBN 2283604591), « Michel, fils de Théophile, avec sa mère »

Notes

[1] L’iconoclasme est, au sens strict, la destruction délibérée de symboles ou représentations religieuses appartenant à sa propre culture, généralement pour des motifs religieux ou politiques. Ce courant de pensée rejette l’adoration vouée aux représentations du divin, dans les icônes en particulier. L’iconoclasme est opposé à l’iconodulie. L’iconoclasme ou Querelle des Images est un mouvement hostile au culte des icônes, les images saintes, adorées dans l’Empire romain d’Orient. Il se manifesta aux 8ème et 9ème siècles par des destructions massives d’iconostases et la persécution de leurs adorateurs, les iconophiles ou iconodules. Il caractérise également la Réforme protestante.

[2] surintendant des finances

[3] Le paulicianisme est une religion d’origine chrétienne orientale, probablement arménienne. Ce mouvement néo-manichéen apparaît en Asie mineure, alors part de l’Empire byzantin, à la fin du 7ème siècle. Il a été considéré comme hérétique par les Églises catholique et orthodoxe.

[4] Malatya est une ville de Turquie, préfecture de la province du même nom. La population de Malatya est principalement turque, mais la ville accueille aussi une minorité arménienne et kurde. Il s’agit de l’ancien emplacement de Mélitène, fort et chef lieu de la province romaine de l’Arménie. Mélitène fut un grand centre du christianisme monophysite. Byzantine, la ville tombe aux mains des Arabes au 7ème siècle. Basile 1er l’isole mais ne réussit pas à la prendre. Reprise par les Byzantins en 934, la cité est ensuite intégrée aux possessions de Philaretos Brakhamios, serviteur arménien de l’empire qui prend son autonomie à la mort de Romain IV Diogène, en 1071. Après sa chute en 1085, Mélitène est défendue par son lieutenant Gabriel contre les Seldjoukides, qui assiègent la cité en 1097. L’arrivée des Croisés les oblige cependant à lever le siège et à quitter la région. Malgré l’alliance avec Baudouin du Bourg, comte d’Édesse, Mélitène est prise en 1103 par les Danichmendides. Militène fut le siège du patriarcat jacobite de 1094 à 1293.

[5] Le Premier Empire bulgare désigne un État médiéval chrétien et multiethnique qui succéda au 9ème siècle, à la suite de la conversion au christianisme du Khan Boris, au Khanat bulgare du Danube, fondé dans le bassin du bas Danube. Le Premier Empire bulgare disparut en 1018, son territoire au sud du Danube étant réintégré dans l’Empire byzantin. À son apogée, il s’étendait de l’actuelle Budapest à la mer Noire, et du Dniepr à l’Adriatique. Après sa disparition, un Second Empire bulgare renaquit en 1187.

[6] L’Anatolie ou Asie Mineure est la péninsule située à l’extrémité occidentale de l’Asie. Dans le sens géographique strict, elle regroupe les terres situées à l’ouest d’une ligne Çoruh-Oronte, entre la Méditerranée, la mer de Marmara et la mer Noire, mais aujourd’hui elle désigne couramment toute la partie asiatique de la Turquie

[7] La Crète, est une île grecque, autrefois appelée « île de Candie ». Cinquième île de la mer Méditerranée en superficie, elle est rattachée en 1913 à la Grèce

[8] Cette rive du Bosphore est anciennement connue sous les noms de Chrysopolis (« cité d’or », peut-être à cause de ses richesses ou en raison de la façon dont on la voit depuis Byzance au coucher du soleil) dans l’Antiquité et de Scutari ou Shkoder à l’époque médiévale. Appartenant à la Bithynie, la cité est fondée au 8ème siècle dans une vallée donnant sur le Bosphore par des habitants de la cité de Chalcédoine peuplant les rives méridionales de la mer Noire.