Bienvenue sur mon site historique. Bon surf

L’histoire pour le plaisir

Hugues dit l’Abbé

mercredi 16 septembre 2020, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 18 octobre 2011).

Hugues dit l’Abbé (mort en 886)

Marquis de Neustrie-Comte de Tours, d’Angers et d’Auxerre-Archevêque de Cologne

Les pagis bourguignons au 9ème siècle.Issu de la famille des Welf [1], aussi influente en Francie [2] qu’Outre-Rhin, qui détint un temps le contrôle de l’héritage robertien [3]. Il est le fils de Conrad 1er de Bourgogne et d’Adélaïde, fille de Hugues d’Alsace

Abbé de Saint-Germain d’Auxerre, de Saint-Julien d’Auxerre, de Saint-Aignan d’Orléans, de Saint-Riquier [4], de Saint-Bertin [5] et de Saint-Martin de Tours [6], de Saint-Vaast d’Arras [7] et de Sainte-Colombe de Sens [8], il est élu archevêque de Cologne [9] en 864.

Après la mort de Robert le Fort, pendant la minorité des fils de celui-ci, il se vit attribuer leur tutelle, ainsi que la marche de Neustrie [10]. Son père était comte de Paris [11] ; son oncle comte évêque de Saint-Riquier, sa tante n’était autre que l’impératrice Judith, femme de Louis le Pieux, il était donc cousin germain de Louis le Germanique, de Lothaire et de Charles le Chauve.

On fit de lui un clerc et on lui donna l’abbaye de Saint-Germain d’Auxerre. Toutefois il n’était pas abbé laïc, c’est-à-dire simple protecteur d’un monastère, mais véritablement homme d’église, encore qu’il fut difficile de distinguer alors les comtes des prélats et des grands abbés.

Charles le Chauve l’envoya en mission en Nivernais, il fut un serviteur loyal. On discerne en lui, dès ce moment la tendance de l’église à soutenir les Carolingiens contre les fédéraux.

Lors de la révolte de 858, il avait accueilli Charles le Chauve en Bourgogne. Il était alors l’adversaire déterminé de Robert le Fort. Lorsque celui-ci rentra en grâce, il fut dépouillé de ses « honneurs » ecclésiastiques et s’exila en Lotharingie [12]. Il devint archevêque de Cologne, mais rappelé par Charles le Chauve il revint en Francie.

Eudes et Robert, fils de Robert le Fort, n’héritèrent pas de charges. Ils ne conservèrent que de maigres bien en Beauce [13] et en Touraine [14].

Hugues l’Abbé les prit sous sa protection. Il lutta avec constance et bonheur contre les Normands, prenant la suite de Robert le Fort, étendant son commandement jusqu’au nord de la France, il fut aussi archichapelain [15] de la cour, il fut aussi le principal conseiller, pour ne pas dire le premier ministre de Louis II le Bègue, de Louis III et Carloman. Sa grande idée, face aux Normands était de maintenir la concorde entre les princes carolingiens, quelles que fussent les rivalités et les divergences. Elles ne manquèrent point, mais il maniait la force à la diplomatie avec la même dextérité.

Le 15 octobre 879, Boson, beau-frère de Charles le Chauve, Comte de Troyes [16], duc de Provence [17], comte de Mâcon [18], comte de Chalon [19] et de Vienne [20], est élu roi de Provence quasiment par surprise. C’était la première fois qu’un étranger aux Carolingiens ceignait une couronne. Il fut aisé à Hugues l’Abbé de réconcilier les Carolingiens pour évincer l’usurpateur.

En 885-886, il participe à la défense de Paris lors du siège contre les Vikings [21] et à la défense d’Orléans ou il meurt le 12 mai 886.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Georges Bordonove, Les Rois qui ont fait la France - Hugues Capet.

Notes

[1] Les Welf ou l’ancienne maison Welf forment une dynastie de la noblesse franque remontant à l’époque carolingienne du 8ème siècle. La famille venait à l’origine du Maasgau et des domaines voisins sur les rives de la Moselle en Austrasie ; elle était en ligne directe avec la dynastie impériale des Carolingiens. Depuis le milieu du 8ème siècle, les ancêtres des Welf étaient propriétaires autour de Weingarten (autrefois appelé Altdorf) sur la Schussen, dans l’actuelle région de Haute-Souabe. En 888, une ligne collatérale des Welf fut inféodée avec le royaume de Bourgogne.

[2] La Francie occidentale est le royaume que reçut le carolingien Charles le Chauve (840-877) lors du partage de Verdun, en 843. Il s’agit des anciennes régions de Neustrie et d’Aquitaine, avec la partie ouest de l’Austrasie et le nord de la Bourgogne, autrement dit, la France des quatre fleuves. Cette partie apparaît vite comme la seule Francie, puisqu’au 10ème siècle, la Francie orientale devient Germanie puis l’Empire germanique. Cette Francie politique disparaît alors du vocabulaire pour devenir simplement France ou royaume des Francs

[3] La famille des Robertiens est une famille de la noblesse franque qui tire son nom du prénom Robert que portèrent un grand nombre de ses membres. La puissance des Robertiens, fortement implantés en Neustrie, s’explique moins par « leur carrière royale intermittente » que par leur « capacité à renoncer au trône pour affermir leur position » dans le royaume et le diriger de fait. Trois membres de la famille accédèrent au trône : Eudes en 888, son frère Robert 1er en 922 et le petit-fils de ce dernier, Hugues Capet en 987. Pendant environ 960 ans, la famille issue des Robertiens a joué un rôle politique de premier plan en France

[4] L’abbaye de Saint-Riquier se trouve à Saint-Riquier dans la Somme. Les origines de sa fondation restent obscures. En 1131 elle est incendiée par Hugues III de Campdavaine, comte de Saint-Pol. Entre 1257 et 1292, d’importants travaux sont entrepris à l’initiative de l’abbé Gilles de Machemont, qui fait élever notamment les arcades du chœur et une partie du transept actuel.

[5] L’abbaye Saint-Bertin est une ancienne abbaye bénédictine fondée, au 7ème siècle, par l’évêque de Thérouanne sous le nom d’abbaye de Sithiu. Les vestiges de cette abbaye en ruines se trouvent aux portes du marais à Saint-Omer, en Morinie, et près de l’Aa.

[6] La basilique Saint-Martin de Tours est un édifice religieux situé à Tours, dont la crypte abrite le tombeau de Martin de Tours. L’ancienne église collégiale Saint-Martin de Tours, qui datait essentiellement du 11ème siècle, fut désaffectée, vandalisée et transformée en écurie en 1793, puis démolie à la suite de l’effondrement des voûtes en 1797, seules deux tours étant conservées. La basilique actuelle, nettement plus modeste, a été construite entre 1886 et 1902 dans le style néo-byzantin par l’architecte Victor Laloux.

[7] L’abbaye Saint-Vaast était un monastère bénédictin fondé en 667 sur la colline de La Madeleine près d’Arras, où le futur saint Vaast avait coutume de se retirer. C’est autour d’elle que grandit le village sur les rives du Crinchon. L’abbaye Saint-Vaast fonda l’un des trois premiers collèges de l’université de Douai en 1619. Après que les bâtiments eurent été confisqués et désacralisés à la Révolution, l’immense église abbatiale du 18ème siècle est devenue en 1804 la nouvelle cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Vaast d’Arras en remplacement de l’ancienne cathédrale gothique Notre-Dame-en-Cité de l’ouest de la ville qui fut détruite, et depuis 1825 les vastes bâtiments conventuels de l’abbaye abritent le musée des beaux-arts d’Arras.

[8] L’abbaye Sainte-Colombe de Sens était une abbaye fondée par Clotaire II sur le tombeau de sainte Colombe à Sens en 620. Elle était connue également pour les reliques de Thibaut de Provins qui avaient été rapportées d’Italie en 1075 par son frère Arnoulphe de Champagne, abbé de Sainte-Colombe de Sens et Saint-Pierre de Lagny-sur-Marne.

[9] Le diocèse de Cologne, en Allemagne, fut fondé au 4ème siècle et devint archidiocèse métropolitain de rite romain au 8ème siècle. Au 13ème siècle, l’archevêque de Cologne prend le rang prestigieux de Prince Électeur du Saint Empire, le territoire de l’archevêché se muant en Électorat de Cologne.

[10] La marche de Neustrie, créée pour la défense contre les Bretons est désignée par "marche bretonne" et celle contre les Normands par "marche normande". Ces appellations ne sont en rien contemporaines, les deux marches ayant été désignées sous le terme générique de "marche de Neustrie". La "marche bretonne" confiée en 861 à Robert le Fort, comprenait la Touraine, l’Anjou et le Maine, ce dernier ayant à l’époque perdu sa capitale, Le Mans, et les territoires alentours, érigés en apanage, le duché du Mans. La "marche normande", qui s’étendait depuis la région du Mans en Basse Normandie jusqu’à la Seine, échoit à Adalard le Sénéchal et à ses parents Udo et Bérenger, fils du comte Gebhard.

[11] Le comté de Paris était un comté carolingien ayant Paris et sa cité épiscopale pour chef-lieu. Il aurait été fondé par Charlemagne, mais le premier comte cité est Griffon, fils de Charles Martel, maire du Palais. Paris devient le chef-lieu du duché de France, et les Robertiens obtiennent le comté de Paris héréditairement à partir de Robert le Fort, défenseur de la cité contre les Normands. Avec l’accession des Capétiens à la couronne de France, les rois ne nomment plus que des vicomtes à Paris. Ceux-ci furent à leur tour, remplacés par des prévôts, l’ancien comté devenant la prévôté de Paris.

[12] La Lotharingie désigne le royaume de Lothaire II du latin Lotharii Regnum, arrière-petit-fils de Charlemagne. Il fut constitué en 855. Après sa mort, elle fut l’enjeu de luttes entre les royaumes de Francie occidentale et de Francie orientale, avant d’être rattachée au Saint Empire romain germanique en 880. Il devint un duché au début du 10ème siècle. Dans la deuxième moitié du 10ème siècle, le duché fut scindé en un duché de Basse Lotharingie et un duché de Haute Lotharingie, qui deviendra la Lorraine.

[13] La Beauce est située au sud-ouest de Paris et s’étend sur plusieurs départements : l’Eure-et-Loir et le Loir-et-Cher, ainsi qu’une partie du Loiret, de l’Essonne et des Yvelines. Elle est délimitée au nord par la forêt de Rambouillet, à l’est par l’Essonne et la forêt de Fontainebleau, au sud par le Val de Loire, et à l’ouest par le Loir.

[14] La Touraine est une des anciennes provinces de France héritière de la civitas turonensis ou cité des Turones, dont elle tire son nom. Les comtes d’Anjou et de Blois, maîtres politiques de la Touraine, sont longtemps plus puissants que les rois capétiens, mais la généralisation de la seigneurie franco-flamande et son besoin de garantie de paix réhabilitent le pouvoir central longtemps oublié. Au terme d’une reprise capétienne séculaire, Philippe Auguste s’impose face à la prestigieuse dynastie Plantagenêt après 1216. Toute la Touraine (et pas seulement la portion de la ville de Saint Martin de Tours) et quelques places fortes est sous l’égide de la maison royale de France.

[15] Un archichapelain est un clerc avec un poste de direction dans une cour royale. Le titre a été utilisé dans le royaume franc durant la période carolingienne.

[16] Troyes est une commune française, située dans le département de l’Aube dont elle est la préfecture. Ce n’est qu’en 524, à la suite de la mort du roi d’Orléans qu’elle rejoint l’Austrasie jusqu’en 558, année où Clotaire 1er est proclamé roi des Francs. En 567, la cité de Troyes est placée dans le royaume de Bourgogne. Entre 592 et 613, elle rejoint à nouveau l’Austrasie. À la mort de Clotaire II en 629, la ville dépend de nouveau de la Bourgogne. La ville est contrôlée et pillée par les Sarrasins d’Espagne en 720. La Vita Sancti Fidoti, abbatis Trecensis, vie de Fidolin, captif libéré par Eventinus, un prêtre de Troyes, semble indiquer qu’à cette époque, on y pratique le commerce des esclaves

[17] Le Comté de Provence est une ancienne principauté territoriale située à l’est du delta du Rhône. Il ne doit pas être confondu avec le marquisat ou le Duché de Provence. En 1019, Emma, comtesse de Provence, se maria avec Guillaume Taillefer, comte de Toulouse, transmettant les droits de la lignée de Roubaud à la maison de Toulouse. Le titre de marquis de Provence passa définitivement à cette maison à compter de 1093. En 1112, Douce de Provence, héritière des droits de la ligne de Guilhem, épousa Raimond Bérenger III, comte de Barcelone, qui devient Raimond Bérenger 1er de Provence. Les maisons de Toulouse et de Barcelone entrèrent alors en conflit pour le marquisat. Un traité fut conclu, en 1125, entre Raymond Bérenger et Alphonse Jourdain de Toulouse : par celui-ci, le comté de Provence fut divisé en un marquisat au nord de la Durance - attribué aux Toulouse - et un comté au sud, attribué à Barcelone. En 1193, Alphonse II de Provence épouse Gersande de Forcalquier, ce qui donne naissance au comté de Provence Forcalquier.

[18] Le comté de Mâcon rattaché à la ville de Mâcon en Saône-et-Loire (Mâconnais) dans la partie sud-est de la Bourgogne au Moyen Âge. À l’époque carolingienne, le pagus devient un comté. Sans postérité, le dernier comte, Jean de Dreux et de Braine, et sa veuve, Alix, comtesse de Mâcon et de Vienne, vendent le comté au roi de France, Saint Louis, qui l’incorpore au domaine royal, tandis que le titre de comte de Vienne reste aux oncles d’Alix. Rendu au duché de Bourgogne en 1435 dans le cadre du traité d’Arras, le comté de Mâcon est définitivement annexé au royaume avec l’ensemble de la Bourgogne après 1477, année de la défaite et de la mort du duc Charles le Téméraire vaincu par Louis XI. Jusqu’à la Révolution française, le Mâconnais, rattaché à la Bourgogne avec le statut de comté adjacent, disposait de ses propres États : les États particuliers du Mâconnais.

[19] Le comté de Chalon est un comté centré sur Chalon-sur-Saône, en Saône-et-Loire dépendant du duché de Bourgogne.

[20] Le comté de Vienne était un fief du Royaume de Provence, puis du Royaume de Bourgogne et enfin du Saint Empire romain germanique. Sa capitale était Vienne. Le comté a désigné autrefois un pagus carolingien créé par Charles Martel lorsqu’il unifie les royaumes francs et qu’il divise l’ancien regnum Burgundiae (Royaume de Bourgogne) en quatre commandements, eux-mêmes divisés en pagi (ou comtés bourguignons). À partir de 870, à la suite de la défaite de Girard après le siège de Vienne, Boson reçut le comté de son beau-frère le roi Charles II le Chauve. Le comté de Vienne devient le centre du pouvoir du royaume de Bourgogne et de Provence des Bosonides. Après la mort de Boson en 887, plusieurs mentions isolées du titre de comte à Vienne apparaissent à différentes reprises dans les sources. Le 24 avril 1011, le roi de Bourgogne Rodolphe III rédige à Aix, en Savoie, un acte en faveur de son épouse (Douaire). La reine Hermengarde ou Ermengarde reçoit ainsi plusieurs terres dont les comtés de Sermorens ou Salmorenc et de Vienne. Le comte Humbert, proche parent de la reine, semble dominer la partie septentrionale du Viennois avant 1025, ainsi que la majeure partie de Salmorenc/Salmourenc. L’effacement de l’autorité royale au sein d’un royaume de Bourgogne sous influence ottonienne caractérisant de plus en plus le règne de Rodolphe III émergent autour de l’an mil, d’une part le comté d’Albon des Guigonides (qui apparurent bientôt sous le titre de Dauphin de Viennois), et d’autre part le comté de Maurienne (future Savoie) d’Humbert aux Blanches Mains, parent des Guigonides de Vienne. De cette affirmation nouvelle du pouvoir comtal découla une querelle entre les comtes d’Albon, l’archevêque de Vienne et les comtes de Mâcon au sujet des droits sur la ville de Vienne, laquelle resta finalement sous la suzeraineté de l’archevêque et des comtes de Mâcon, décorés du titre prestigieux de comtes de Vienne. En 1263, l’archevêque Jean de Bernin rachète la moitié des droits du comté détenue par la Maison de Vienne. Ainsi, les archevêques de Vienne seront jusqu’à la destruction du comté, en 1450, lors du Traité de Moras où le comte-archevêque Jean Gérard de Poitiers accepte de reconnaître le dauphin pour suzerain de la ville. Humbert II Dauphin de Viennois abdiqua le 16 juillet 1349 en faveur du roi de France Philippe VI pour 400 000 écus et une pension annuelle. Philippe investi du titre de "Dauphin" son fils, le futur Charles V. En 1368, Charles VI honora du même titre le futur Charles VII peu après sa naissance initiant ainsi la tradition qui désigna dès lors sous le titre de Dauphin de France l’héritier de la couronne de France.

[21] Le siège de Paris par les Vikings a lieu entre 885 et 887. C’est le quatrième siège de la capitale. Commencé au lendemain du 25 novembre 885, il est interrompu au début de novembre 886 par l’arrivée de l’empereur Charles le Gros. Ce dernier, après avoir promis de verser aux Normands un tribut de sept cents livres d’argent en mars de l’année suivante, les autorise à aller piller la Bourgogne. Le siège de Paris se termine en mai 887 par le paiement de la somme promise. Cet acte contribua à discréditer la dynastie carolingienne et à l’éclosion de ce qui devient la dynastie capétienne.