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Charles II le Chauve

vendredi 14 août 2015, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 6 octobre 2011).

Charles II le Chauve (823-877)

Roi de France de 843 à 847-Empereur d’Occident de 875 à 877

Charles II le Chauve Roi de France de 843 à 847-Empereur d'Occident de 875 à 877

Fils de Louis le Pieux et de Judith de Bavière. La faveur que lui témoigne son père au détriment des ses autres fils, Pépin, Lothaire 1er, Louis dit le Germanique fut la cause d’une lutte incessante entre eux. Après le décès de Pépin en 838, il reçoit un territoire pris sur celui de ses demi-frères et situé à l’ouest d’une ligne délimitée par la Meuse, la Moselle et le sommet des Alpes. La mort de Louis le Pieux en 840 relance la guerre pour la succession entre les frères ennemis. Lothaire réclamant l’intégralité de l’héritage paternel, Charles se rapprocha de Louis pour conclure une alliance militaire, alliés, ils infligèrent à leur aîné une écrasante défaite à Fontenoy en Puisaye [1] le 25 juin 841. Ils raffermissent leur union par la cérémonie solennelle des serments de Strasbourg le 14 février 842.

A l’intérieur de son royaume, il doit d’abord faire face à une situation anarchique. Lors de son avènement, son neveu Pépin II revendique l’Aquitaine, autrefois propriété de son père et pour faire valoir ses droits à l’héritage, il entra en guérilla contre Charles, en soulevant sporadiquement une partie de l’aristocratie locale durant une vingtaine d’années. Après s’être emparé de Toulouse, il met fin à la révolte en enfermant Pépin II dans un monastère en 864. Parallèlement, les chefs bretons, dont les tendances autonomistes n’ont jamais été totalement étouffées, se soulèvent contre l’autorité du roi. Plusieurs campagnes entre 845 et 863 seront nécessaires pour pacifier la Bretagne.

Il organise la résistance en développant les fortifications des cités et en faisant construire des forteresses sur les rives des fleuves ou à l’emplacement des ponts et quand ce dispositif est inefficace, il a recours au paiement du tribut. Ainsi, moyennant 3 000 livres d’argent, la flotte normande de la Seine est contrainte de faire retraite après 7 années de pillage de 855 à 862.

Troubles et conflits internes, invasions externes sont exploités par son frère Louis le Germanique. Il envahit le royaume en 858, reçoit le serment de fidélité de nombreux grands, avant de devoir se retirer en 859. A son tour, Charles convoite les États laissés sans héritiers à la mort de ses neveux. Il prend possession de la Provence en 863, puis de la Lotharingie [2] en 869, qu’il doit finalement partager avec Louis par le traité de Meerssen [3] le 8 août 870. Ce traité porte la frontière de ses États sur la Moselle et rend pour la première fois voisins les 2 royaumes et après le décès du dernier fils de Lothaire en 875, Charles réclame le titre impérial, se fait couronner à Rome par le pape Jean VIII le 25 décembre 875, puis roi des Lombards à Pavie en janvier 876.

Cette politique expansionniste, au détriment de son frère Louis, provoqua la colère de ce dernier et une nouvelle invasion de la Francia occidentalis [4] en 876 à lieu mais le royaume fut sauvé par Charles accouru d’Italie. A l’annonce de la mort subite de Louis, Charles entra en Lorraine, mais dut renoncer à son annexion après sa défaite face aux fils du défunt à Andernach [5] le 8 octobre 876. Appelé à l’aide par le pape Jean VIII attaqué par les Sarrasins, Charles retourne en Italie. En son absence éclate un formidable soulèvement de l’aristocratie, qui juge le moment venu d’en finir avec un pouvoir royal considérablement affaibli, et l’oblige à repasser les Alpes en toute hâte. Il meurt sur le chemin du retour de dysenterie le 6 octobre 877 à Avrieux [6] en Savoie près de Modane et fut inhumé dans l’église abbatiale Saint-Pierre de Nantua [7]. En 884, ses ossements ont été ramenés à Saint-Denis.

Son fils, Louis II le Bègue lui succède. Quelques mois plus tôt, pour s’assurer la fidélité des grands, trop enclins à passer d’un souverain à l’autre, Charles avait signé le capitulaire [8] de Quierzy sur Oise [9] qui reconnaissait l’hérédité des fiefs. De ce décret allait véritablement naître le système féodal en France.

P.-S.

Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de histoire de Charles II le Chauve/ Le petit mourre dictionnaire d’histoire universelle édition Bordas 2004 p 235/ Jean-Charles Volkmann, Bien connaître les généalogies des rois de France, Éditions Gisserot,‎ 1999

Notes

[1] La bataille de Fontenoy en Puisaye eut lieu le 25 juin 841 sur le territoire de l’actuelle commune de Fontenoy (Yonne), "au cœur" de la Puisaye. Elle opposa Lothaire 1er, le fils aîné de Louis 1er le Pieux, à ses 2 frères, Louis le Germanique et Charles le Chauve. Leur neveu, le roi Pépin II d’Aquitaine, fils de feu Pépin 1er, se rangea du côté de Lothaire.

[2] La Lotharingie désigne le royaume de Lothaire II du latin Lotharii Regnum, arrière-petit-fils de Charlemagne. Il fut constitué en 855. Après sa mort, elle fut l’enjeu de luttes entre les royaumes de Francie occidentale et de Francie orientale, avant d’être rattachée au Saint Empire romain germanique en 880. Il devint un duché au début du 10ème siècle. Dans la deuxième moitié du 10ème siècle, le duché fut scindé en un duché de Basse Lotharingie et un duché de Haute Lotharingie, qui deviendra la Lorraine.

[3] Le traité de Meerssen (actuellement aux Pays-Bas) est conclu en 870 entre Charles le Chauve et Louis le Germanique et consacre le partage de la Lotharingie, le royaume de leur neveu Lothaire II.

[4] La Francie occidentale est le royaume que reçut le carolingien Charles le Chauve (840-877) lors du partage de Verdun, en 843. Il s’agit des anciennes régions de Neustrie et d’Aquitaine, avec la partie ouest de l’Austrasie et le nord de la Bourgogne, autrement dit, la France des quatre fleuves. Cette partie apparaît vite comme la seule Francie, puisqu’au 10ème siècle, la Francie orientale devient Germanie puis l’Empire germanique. Cette Francie politique disparaît alors du vocabulaire pour devenir simplement France ou royaume des Francs

[5] Andernach est une ville du district Mayen-Koblenz, dans le land Rhénanie-Palatinat en Allemagne. Elle est située sur la rive gauche du Rhin, au nord de Coblence. C’est une des plus anciennes villes d’Allemagne, fondée par les Romains en 12 av.jc, son nom d’alors était Antunnacum. En 876, Charles II, roi de Francie occidentale et empereur d’Occident, y fut défait par les fils de Louis le Germanique lors de la bataille d’Andernach.

[6] Village situé dans la haute-vallée de la Maurienne, au bord de l’Arc, aux portes du Parc national de la Vanoise. C’est la ville de décès du roi de la Francie occidentale Charles II en 877. En 1805, un poste de la ligne de télégraphe Chappe Paris-Milan est construit à Avrieux, au Courberon.

[7] Ce monastère remonterait au 7ème siècle. C’est un monastère bénédictin situé sur un lieu de passage très important entre la Suisse et l’Italie d’une part et la voie romaine au fond de la cluse d’autre part. C’est aussi un lieu de passage incontournable pour les pèlerons qui vont à saint Jacques de Compostelle. La vie monacale se déroule sans problème jusqu’en 959. En effet, cette année là les Hongres attaquent d’une manière très violente. Ils détruisent tout sur leur passage et ce jusqu’à Mâcon. Les quelques survivants qui avaient trouvé refuge dans les montagnes avoisinantes essayent de rebâtir tant bien que mal et le monastère a beaucoup de difficultés à se reconstruire malgré les dons des pèlerins et des riches Maisons de Genève et de Savoie. On fait alors appel à Cluny dont la fondation remonte à 910 et qui prend Nantua sous sa protection. L’abbatiale est reconstruite vers le fin du 11ème et début 12ème siècle. Elle se trouve consacrée sous le vocable de saint Pierre et saint Paul.

[8] Le capitulaire est un acte législatif de l’époque carolingienne. Il est divisé en petits chapitres nommés capitula, d’où le nom de capitulaire. Ces lois reprenaient les décisions prises lors du Champ de mai, assemblées d’hommes libres aussi appelé plaid. Il existe plus d’une centaine de capitulaires, ceux-ci forment une source importante sur les institutions de l’empire carolingien.

[9] Le capitulaire dit de Quierzy fut promulgué lors d’une assemblée tenue à Quierzy-sur-Oise entre le 14 juin et le 16 juin 877. Appelé au secours par le pape Jean VIII, menacé par les musulmans, Charles le Chauve est sur le point d’entreprendre une expédition en Italie. Préalablement, il réunit une assemblée à Quierzy pour régler la bonne marche de son empire. Dans cette même assemblée, il promulgue un capitulaire dont deux articles qui n’avaient qu’une portée ponctuelle — l’expédition en Italie et ses conséquences directes — ont été considérés comme les articles fondateurs de la féodalité par l’hérédité des honneurs