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La France au 9ème siècle

mercredi 3 janvier 2024, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 30 octobre 2011).

La France au 9ème siècle la France au traité de Verdun en 843

L’empire que Louis le Pieux a hérité de Charlemagne se déchire dans l’apocalypse de guerres civiles qui durent depuis des années.

A la mort de l’empereur en 840, son premier fils, Lothaire revendique les dispositions prises par son père en 817 avec l’“Ordinatio imperii”. Il exige que la plus grande part de l’héritage paternel lui soit attribuée. Ce que ni Louis le Germanique ni Charles le Chauve, ses 2 frères survivants, ne peuvent admettre. Lothaire ne se prive pas de faire des largesses à leurs vassaux pour les rallier. Avant qu’il ne soit trop tard, menacés, les 2 frères rassemblent leurs troupes.

Le 25 juin 841, à Fontenoy en Puisaye [1], Lothaire, allié à Pépin II d’Aquitaine, est battu par Charles le Chauve et Louis le Germanique et se réfugie à Aix-la-Chapelle [2].

A Strasbourg, le 14 février 842, en face de leurs armées respectives, chacun des 2 rois prononce dans la langue de l’autre le même serment. Charles jure en tudesque. Louis le Germanique jure en roman : " Si salvarai eo sist meon fradre Carlo. Je secourrai ce mien frère Charles par mon aide.

Cousin de ces princes, lui-même petit-fils de Charlemagne, lettré et guerrier, Nithard recopie dans l’Histoire des fils de Louis le Pieux, qu’il rédige à la demande de Charles le Chauve, ces serments prononcés dans les deux langues que l’on dit encore vulgaires. Tous les actes officiels ont jusqu’alors toujours été écrits en latin. Pour la première fois, la langue française est utilisée dans un écrit. Si l’histoire d’un peuple est l’histoire de sa langue, c’est à Strasbourg, en 842, que commence l’histoire de la France.

Un an plus tard, le 11 août 843 à Verdun, Lothaire, Louis et Charles achèvent de démembrer l’empire.

Ce traité établis la constitution de 3 royaumes. Charles reçoit la partie occidentale de l’empire, limitée par l’Sault, la Meuse, la Saône et le Rhône, qui prend le nom de Francia occidentalis [3]. Louis obtient un État situé à l’est du Rhin et au nord des Alpes : La Francia orientalis [4]. Lothaire hérite avec le titre impérial de la Francia media, longue bande de terre s’étirant entre les deux autres royaumes, de la mer du Nord [5] à la Campanie [6], et où se trouvent les 2 capitales impériales, Aix-la-Chapelle et Rome.

Le traité de Verdun [7] n’achevait pas seulement la dislocation de l’Empire carolingien, il eut des implications primordiales dans l’histoire de l’Europe. Les 2 Francia ne se réunirent plus jamais et furent à l’origine des États de France et d’Allemagne. On s’accorde à y voir la base juridique de l’indépendance du royaume de France.

Puis les traités de Mersen [8] en 870 et 880 achèvent de mettre en place le partage de l’empire qui fut celui de Charlemagne et de Louis le Pieux. Ce sont eux qui ébauchent une Francia occidentalis qui, par des terres aux ressources les plus diverses, va, dans une continuité que n’interrompt aucun insurmontable obstacle géographique, de la Méditerranée à la mer du nord. Entre une Bretagne qui achève d’affirmer son indépendance au milieu du 9ème siècle et une Lotharingie et une Bourgogne puissantes, cette Francia occidentalis commence d’être le théâtre des rivalités implacables de princes sur les terres desquelles l’autorité royale n’a pas le moindre pouvoir.

A ces menaces s’ajoutent encore les dangers que représentent les invasions de Sarrasins [9] à partir de 838 et les expéditions des Normands qui par des incursions éclairs sur les côtes sont passés à une invasion généralisée en 843. Venus de Scandinavie, ces Normands (hommes du Nord) ou Vikings (rois de la mer) pénètrent loin dans les terres en circulant sur les fleuves. Pillent des monastères, mettent à sac des villes durant tout le 9ème siècle.

Ceux-ci après avoir ravagé le nord du royaume de 879 à 885 se concentre sur la basse Seine. De Rouen, elle remonte par la Seine et met le siège devant Paris. 700 drakkars, 20 000 guerriers s’installent face aux murailles de la ville. Le siège dure 1 an. Grâce à l’énergique défense menée par Eudes, les Parisiens résistent aux attaques répétées. Finalement, en octobre 886, les Normands consentent à faire retraite, moyennant un tribut de 700 livres d’argent.

P.-S.

Source : archives ljallamion histoire du 9ème/encyclopédie Imago mundi/ Herodote/Histoire/ Historia ect...

Notes

[1] La bataille de Fontenoy en Puisaye eut lieu le 25 juin 841 sur le territoire de l’actuelle commune de Fontenoy (Yonne), "au cœur" de la Puisaye. Elle opposa Lothaire 1er, le fils aîné de Louis 1er le Pieux, à ses 2 frères, Louis le Germanique et Charles le Chauve. Leur neveu, le roi Pépin II d’Aquitaine, fils de feu Pépin 1er, se rangea du côté de Lothaire.

[2] Le roi franc Pépin le Bref bâtit un château à Aix. Le premier document écrit sur la ville (765) la mentionne comme Aquis villa. Son fils Charlemagne apprécia l’endroit et en fit son lieu de résidence et la capitale de l’empire, construisant un palais dont la magnifique chapelle allait devenir la cathédrale. C’est à Aix qu’arriva en 802 l’éléphant blanc, présent du calife de Bagdad Harun ar-Rachid et que Charlemagne appela Abul-Abbas. L’empereur fut enterré dans la chapelle palatine en 814. Plusieurs conciles régionaux se sont tenus à Aix-la-Chapelle de 799 à 861 (voir concile d’Aix-la Chapelle). En 936, le roi de Germanie, Otton 1er, fils de Henri 1er, fut couronné dans la cathédrale. Les empereurs du Saint Empire romain germanique furent couronnés à Aix pendant 600 ans, le dernier étant Ferdinand 1er en 1531. Au Moyen Âge, Aix était l’une des plus grandes villes de l’empire, mais elle n’eut ensuite qu’une importance régionale. Après la destruction de Dinant par Charles le Téméraire, en 1466, de nombreux dinandiers wallons, comme les familles Amya, Momma ou Byda, se sont réfugiés à Aix et y ont développé une industrie florissante.

[3] La Francie occidentale est le royaume que reçut le carolingien Charles le Chauve lors du partage de Verdun, en 843. Il s’agit des anciennes régions de Neustrie et d’Aquitaine, avec la partie ouest de l’Austrasie et le nord de la Bourgogne, autrement dit, la France des quatre fleuves (le Rhône, la Saône, la Meuse et l’Escaut. Cette partie apparaît vite comme la seule Francie, puisqu’au 10ème siècle, la Francie orientale devient Germanie puis l’Empire (germanique).

[4] La Francie orientale est le royaume oriental de l’Empire carolingien partagé que reçut Louis le Germanique lors du traité de Verdun en 843. Elle comprenait la partie est de l’ancienne Austrasie, avec les territoires conquis de la Saxe, l’Alémanie et la Bavière. Ce royaume, bien que nommé « Francie », n’était pas peuplé de Francs mais de diverses tribus slaves et germaniques, tels les Thuringiens, les Saxons, les Suèves, les Bavariens et les Sorbes. Il s’agit du précurseur du Saint-Empire romain germanique. Le royaume des Francs orientaux ne gardera que sous les Carolingiens le nom de Francie qui sera dès l’origine également utilisé pour désigner deux régions : l’une originellement peuplée de Francs, la Francie du Rhin (Rheinfranken) ou Lotharingie, l’autre colonisée par eux, la Francie du Main, ou Franconie (Mainfranken). À partir de 919 et la fin des dynasties franques remplacées par celle des Ottoniens, le terme de Royaume teutonique est utilisé afin de marquer la différence avec le royaume de France.

[5] La mer du Nord est une mer épicontinentale de l’océan Atlantique, située au nord-ouest de l’Europe, et qui s’étend sur une superficie d’environ 575 000 km2. Les pays qui bordent la mer du Nord sont la Norvège au nord-est ; le Danemark à l’est ; l’Allemagne au sud-est ; les Pays-Bas, la Belgique et la France (avec 50 km de littoral entre Calais et la frontière belge) au sud ; le Royaume-Uni (île de Grande-Bretagne) à l’ouest ; enfin les îles Orcades et Shetland au nord-ouest. Elle communique avec la Manche au sud-ouest ; avec l’océan Atlantique au nord-ouest et la mer de Norvège au nord ; avec le Skagerrak à l’est. Le canal de Kiel permet aux navires de rejoindre directement la mer Baltique.

[6] La région de Campanie, plus couramment appelée la Campanie, est une région d’Italie méridionale. Elle fut associée au Latium, une des 11 régions de l’Italie romaine créées par l’empereur Auguste au 1er siècle av.jc Érigée en province à part entière au début du 4ème siècle au temps de l’empereur Dioclétien, la Campanie fut ensuite sous domination lombarde puis byzantine. Elle fut ensuite morcelée par l’indépendance que quelques-unes de ses villes adoptèrent.

[7] Par le traité de Verdun, conclu en août 843, les trois fils survivants de Louis le Pieux, les petits-fils de Charlemagne, se partagent ses territoires, l’empire carolingien, en trois royaumes. Il est souvent présenté comme le début de la dissolution de l’empire unitaire de Charlemagne, consacrant ainsi sa division, qui s’avèrera en fait définitive. Ce traité est la conséquence de l’application de la coutume franque qui est basée sur le partage de l’héritage entre tous les fils héritiers plutôt que son attribution seulement au fils aîné, en dépit de la règle de primogéniture appliquée chez les Romains. Le texte du traité, perdu, ne nous est pas connu.

[8] Le traité de Meerssen (actuellement aux Pays-Bas) est conclu en 870 entre Charles le Chauve et Louis le Germanique et consacre le partage de la Lotharingie, le royaume de leur neveu Lothaire II.

[9] Sarrasins ou Sarrazins est l’un des noms donnés durant l’époque médiévale en Europe aux peuples de confession musulmane. On les appelle aussi Arabes, Ismaélites ou Agaréniens. D’autres termes sont employés également comme Maures, qui renvoient aux Berbères de l’Afrique du Nord après la conquête musulmane. Le terme de Sarrasin se cristallise finalement sur l’opposition avec l’ennemi dans le contexte des Croisades menées par l’Occident chrétien en Terre sainte.