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Irène l’Athénienne

mercredi 23 octobre 2019, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 3 octobre 2011).

Irène l’Athénienne (752-803)

Impératrice byzantine de 797 à 802

Née à Athènes, d’origine obscure, elle épouse le futur Léon IV en 768.

Au décès de Léon IV, son fils Constantin VI n’étant âgé que de 10 ans, elle parvient à faire écarter ses beaux-frères Nicéphore et Christophore et à se faire reconnaître régente de l’Empire, ce qui n’est pas sans attirer le mécontentement de l’armée. Elle est couronnée en même temps que son fils en 780.

Décidée à restaurer les relations avec Rome, elle envoie en 781 une ambassade au roi franc Charlemagne, afin de lui proposer de marier sa fille Rotrude à son fils Constantin VI.

Issue d’une région de l’empire où l’iconoclasme [1] avait eu du mal à s’implanter, Irène est iconophile [2]. L’abdication du patriarche Paul IV , en 784, lui fournit l’occasion de le remplacer par un laïc, Taraise et d’inviter le pape Adrien 1er à envoyer des délégués à un nouveau concile œcuménique destiné à rétablir l’orthodoxie en condamnant les édits iconoclastes. Cette décision est assez bien reçue dans l’empire.

Le concile s’ouvre à Constantinople le 1er août 786 mais une émeute provoquée par les partisans de l’iconoclasme oblige Irène et Taraise à l’ajourner jusqu’en septembre 787, et à le déplacer à Nicée [3], sur l’autre rive du Bosphore [4]. Le 23 octobre 787, le concile se conclut par la restauration du culte des images.

Forte de ce succès, Irène décide d’écarter Constantin des affaires et d’assumer seule le gouvernement de l’Empire. Cette décision rallie à Constantin tous les ennemis d’Irène, dont les iconoclastes, une mutinerie des arméniaques [5] provoque une insurrection dans l’armée qui, le 10 novembre 790, proclame Constantin VI comme seul basileus [6] autocrator [7].

Irène profite de l’impopularité croissante de son fils due à ses échecs militaires, défaite en 791 devant les Bulgares, et à sa politique matrimoniale, divorce de Marie l’Arménienne et remariage avec Théodote , pour reprendre le pouvoir, le 15 janvier 792. Consciente des sympathies de son fils pour les iconoclastes et craignant une guerre civile dans l’Empire, elle accepte que Constantin soit aveuglé conformément à un rituel de déposition des empereurs byzantins en 797, il meurt probablement peu après.

Sur le plan intérieur, elle prend le contre-pied de la politique suivie par Constantin V et Constantin VI et apporte son soutien aux riches commerçants, au détriment des couches populaires. Elle favorise la reprise des échanges commerciaux dans les Balkans, ce qui la conduit à verser un tribut à Hâroun ar-Rachîd en 798.

Elle favorise également la restauration du monachisme, créant le monastère du Stoudion [8]. Elle prend des mesures afin d’améliorer les conditions de vie des plus défavorisés et de satisfaire les moines.

Une loi déclare une bénédiction suffisante pour sanctionner le mariage des pauvres, une autre loi prohibe les 3ème noces. Ces innovations sont jugées démagogiques par certains membres de l’aristocratie byzantine, demeurés conservateurs.

Elle cherche la paix avec les Francs, mais le couronnement de Charlemagne comme Empereur des Romains par le pape Léon III, le 25 décembre 800, est regardé à Constantinople comme un acte de rébellion.

À l’automne 801, elle lui propose un projet d’union matrimoniale destiné à réunifier l’Empire romain. L’aristocratie byzantine, hostile à Irène, voyant dans ce projet un acte sacrilège organise un coup d’État en octobre 802.

Le logothète du Trésor [9] Nicéphore se fait proclamer Empereur par une assemblée de hauts fonctionnaires, sous le nom de Nicéphore 1er.

Irène est enfermée dans la forteresse de Prinkipo [10], où elle jouit du statut d’higoumène [11], elle est ensuite déportée au monastère de Mitylène [12], dans l’île de Lesbos [13], où elle meurt le 9 août 803, son corps est ramené à Prinkipo.

En 864, elle est canonisée et son corps ramené dans l’église des Saints Apôtres de Constantinople [14].

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de histoire de IRÈNE/ Encyclopædia Universalis/encyclopedie/irene/ le petit mourre édition Bordas 2004 p 693

Notes

[1] L’iconoclasme est, au sens strict, la destruction délibérée de symboles ou représentations religieuses appartenant à sa propre culture, généralement pour des motifs religieux ou politiques. Ce courant de pensée rejette l’adoration vouée aux représentations du divin, dans les icônes en particulier. L’iconoclasme est opposé à l’iconodulie. L’iconoclasme ou Querelle des Images est un mouvement hostile au culte des icônes, les images saintes, adorées dans l’Empire romain d’Orient. Il se manifesta aux 8ème et 9ème siècles par des destructions massives d’iconostases et la persécution de leurs adorateurs, les iconophiles ou iconodules. Il caractérise également la Réforme protestante.

[2] L’iconodulie ou iconodoulie, est un courant de pensée qui est en faveur des images religieuses ou icônes et de leur vénération, en opposition au courant iconoclaste.

[3] İznik est à la fois une ville et un district administratif dans la province de Bursa en Turquie. Elle était connue auparavant sour le nom de Nicaea, francisé en Nicée, mot grec d’où est tiré son nom turc actuel. La ville gît dans un bassin fertile situé dans la partie orientale du lac d’İznik limitée au nord et au sud par des collines. La ville d’İznik se trouve à 80 km à l’est-nord-est de Bursa. À vol d’oiseau, elle se trouve à environ 90 km au sud-est d’Istanbul, mais à 200 km par les routes puisqu’il faut contourner le golfe d’İzmit pour s’y rendre. Elle est surtout connue comme ayant été le siège des premier et deuxième conciles de Nicée

[4] Le Bosphore est le détroit qui relie la mer Noire à la mer de Marmara et marque, avec les Dardanelles, la limite méridionale entre les continents asiatique et européen. Il est long de 32 kilomètres pour une largeur de 698 à 3 000 mètres. Il sépare les deux parties anatolienne (Asie) et rouméliote (Europe) de la province d’Istanbul.

[5] Les Arméniaques ou le thème des Arméniaques sont un thème de l’Empire byzantin situé au nord-est de l’Asie Mineure (Turquie actuelle).

[6] Basileus signifie « roi » en grec ancien. L’étymologie du mot reste peu claire. Si le mot est originellement grec mais la plupart des linguistes supposent que c’est un mot adopté par les Grecs à l’âge du bronze à partir d’un autre substrat linguistique de Méditerranée orientale, peut-être thrace ou anatolien.

[7] Autokrator est une épithète grecque donnée à un individu exerçant le pouvoir absolu, sans supérieur. Dans un contexte historique, il a été utilisé pour des commandants en chef, ainsi que pour les empereurs romains et byzantins en tant que traduction du latin imperator. La forme féminine est autokrateira

[8] fédération de monastères qui s’installe à Constantinople sous la direction de l’évêque Théodore

[9] surintendant des finances

[10] Büyükada est la plus grande (5,4 km2) des neuf îles constituant les îles des Princes dans la mer de Marmara, à proximité d’İstanbul.

[11] Un higoumène ou hégoumène est le supérieur d’un monastère orthodoxe ou catholique oriental. Le terme équivaut à celui d’abbé ou d’abbesse dans l’Église latine.

[12] Mytilène est la principale ville de Lesbos, une île grecque de la mer Égée. Elle est bâtie sur la pointe sud de l’île, à proximité de la côte turque.

[13] Lesbos est une île grecque de la périphérie d’Egée Septentrionale, souvent aussi appelée du nom de sa capitale Mytilène. L’île présente plusieurs centres d’intérêt, notamment culturel (vestiges antiques), géologique, gastronomique et religieux. Lesbos est aussi connue dans le monde antique pour la qualité de ses vins et de son bois de construction pour les navires et pour son marbre bleu clair.

[14] L’église des Saints-Apôtres, également connue sous le nom de Polyandrion (cimetière impérial) ou Myriandrion, est une église byzantine de Constantinople aujourd’hui disparue. Elle fut fondée par Constance II, fils de Constantin 1er, dans les années 350 et bâtie à partir d’un mausolée construit par Constantin. Reconstruite beaucoup plus grande dans la première moitié du 6ème siècle sous Justinien, elle était la deuxième église de Constantinople en taille et en importance après la basilique Sainte-Sophie, et elle fut la principale nécropole des empereurs et impératrices byzantins. Après la chute de Constantinople en 1453, elle devint brièvement le siège du patriarche de Constantinople, qui l’abandonna en 1456. En 1461, l’édifice alors en très mauvais état fut abattu par les Ottomans pour édifier la mosquée Fatih