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Omar ibn al-Khattâb ou Omar 1er dit Al-Fârûq

lundi 18 avril 2016, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 15 septembre 2011).

Omar ibn al-Khattâb ou Omar 1er dit Al-Fârûq (vers 581-644)

2ème calife de l’islam

Omar ibn al-Khattâb est à droite de cette miniature persane. Source : wiki/Omar ibn al-Khattâb/ domaine publicNé à La Mecque, compagnon du prophète Mahomet. Il devint le 2ème calife de l’islam en succédant à Abu Bakr en 634. Il faisait partie du clan Banu Ad de la tribu Quraych [1].

Il s’est d’abord opposé aux premiers musulmans. Connu pour son instruction, il était aussi robuste et buveur de vin, comme beaucoup de Quraychites de l’époque.

Au début de l’islam, il défendait la religion traditionnelle des Quraychites considérée par les musulmans comme de l’idolâtrie. Il participait aux persécutions des musulmans. Après sa conversion à l’islam il participe au départ de Mahomet à Médine en 622. Il est présent lors des batailles menées pendant cette période. En 625, Hafsa, sa fille, épousa Mahomet.

Il succéda à Abû Bakr. Dès sa prise de fonction il changea de chef des armées. En 637 Abû Ubayda prend Baysan [2], Tibériade [3] et Fahil [4]. Le sud de la Syrie est ainsi sous le contrôle des musulmans.

Il voulut alors profiter de la faiblesse relative de la Perse pour l’attaquer. Il n’y eut guère de volontaire pour cette mission et seul Abû Ubayd s’est porté volontaire. Il fut nommé à la tête de l’armée d’Irak. Il se dirige vers Al-Hîra [5] avec l’armée de Médine rejoignant ainsi l’armée d’Irak qui l’attendait. Un combat eu lieu à Namarîq. Il franchit l’Euphrate et se dirige vers la forteresse de Kaskar. C’est une nouvelle victoire qui donne aux musulmans le contrôle de la Mésopotamie.

Pour empêcher qu’une aide aux armées perses n’arrive par la mer, Omar fonda la ville de Bassora [6] à l’embouchure de l’Euphrate et y installa la garnison arabe. Omar laissa au repos son armée d’Irak et remit celle de Syrie en campagne. Abû Ubayda reçut l’ordre de s’emparer d’Émèse [7]. Les byzantins renforcèrent les fortifications et une armée menée par Héraclius se déplaça d’Antioche [8] à Édesse [9] pour venir en aide à Émèse si nécessaire. Le siège d’Émèse commença en hiver. C’est un tremblement de terre qui vint en aide aux musulmans en écroulant une partie des fortifications.

On lui doit l’institution de l’ère de l’Hégire, nouveau calendrier musulman, dont il fixe la date au 16 juillet 622. Il a fixé les règles de conduite à l’attention des chrétiens et des juifs donnant les bases du statut de “protégé” dans la société dominée par les musulmans dans un texte appelé le Pacte d’Umar Il restait deux villes à prendre : Chalcis [10] et Césarée [11] en Palestine. Chalcis étant la plus proche elle fut conquise en premier.

À Jérusalem, le patriarche Sophrone voulut traiter directement avec Omar et que celui-ci vienne en personne dans la cité. Il accorda sa protection aux habitants de la ville au terme d’une lettre remise à ce patriarche. Il garantit la sauvegarde des sites chrétiens et donna ordre à ses hommes de ne pas les détruire et de ne pas les utiliser comme habitations. Il ordonne la construction de la mosquée Qubbat al-Sakhra [12] sur le lieu actuel du Dôme du Rocher.

Il confia la Palestine, Jérusalem et la côte méditerranéenne à Yazîd ben Abî Sufyân . Abû Ubayda restant le gouverneur général de toutes ces régions.

L’armée d’Irak s’étant reposée, elle repart au combat sous les ordres de Sa ad ben Abî Waqqâs. Yazdgard III abandonne sa capitale Ctésiphon [13] et toutes ses richesses sans combattre. La fuite de Yazdgard III se poursuit vers Ray [14] en Iran. Il décide de ne pas le poursuivre. La conquête du nord de l’Irak se poursuit néanmoins avec la prise de Tikrīt [15] puis celle de Mossoul [16] en 638.

Il se mit à la recherche d’un site où construire une nouvelle capitale. Le site de Koufa près d’Al-Hîra fut choisi. Sa ad ben Abî Waqqâs s’y fit construire un palais et fit transporter la porte du palais de Ctésiphon pour en faire la porte de son palais. Une partie des habitants de Ctésiphon l’imitèrent en s’installant à Koufa. Omar envoya un messager charger de brûler le palais ainsi construit.

Ce palais fut restauré sous le règne de Mu`âwiya ibn Abî Sufyân qui devint alors la résidence royale.

Pendant toute la 17me année de l’hégire (638), il n’y eut pas de campagne de conquêtes car les arabes étaient occupés à la construction de Koufa. Une partie des chrétiens habitants de l’Irak s’étaient dirigés vers Émèse pour y rejoindre les byzantins. Il y eut une armée sous les murs d’Émèse. Aussitôt Abû `Ubayda appela des renforts. Yazîd ben Abî Sufyân vint de Damas Mu`âwîya ben Abî Sufyân vint de Césarée et Khâlid ben Walîd resta à Chalcis à réunir une armée en attendant les renforts venant d’Irak. Khâlid ben Walîd arriva enfin et il conseilla à Abû `Ubayda de tenter une sortie. Une bataille de quatre jours s’engagea. Trois mille byzantins furent faits prisonniers.

Une épidémie de peste ravagea la Syrie et en particulier le bourg d’Emmaüs [17], Amrû ben al-As se dirigea vers l’Égypte en traversant la Palestine, il reçut des renforts venus d’Irak.

Il conserve à ces territoires leur administration antérieure, et ne cherche pas à convertir de force ses nouveaux sujets chrétiens ou juifs car, la loi coranique leur attribue un statut de dhimmi [18], au prix d’un impôt spécifique. Les troupes arabes sont maintenues dans un certain isolement dans des cités fortifiées nouvellement construites et sont payées avec le butin des conquêtes.

Il est assassiné le 4 novembre 644 dans la mosquée de Médine par un esclave persan nommé Firûz. Son successeur est Uthman ben Affan .

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Janine et Dominique Sourdel, Dictionnaire historique de l’islam, Éd. PUF, (ISBN 978-2-130-54536-1)/ Le petit mourre dictionnaire d’histoire universelle édition Bordas 2004 p 958

Notes

[1] Les Quraychites, sont les descendants de Quraysh un assez lointain ancêtre appelé aussi Fihr. Ils appartiennent au groupe des Arabes adnanites qui se disaient descendants d’Adnan et par lui d’Ismaël. Six générations après Quraysh, Qusay parvient à les fédérer et à prendre à la tribu qahtani des Khuza’a - selon la tradition grâce à une alliance matrimoniale - le contrôle de La Mecque, de ses puits et du pèlerinage autour de la Kaaba. Qusay est le père de ‘Abd Manaf, grand-père de Hâchim, bisaïeul de `Abd al-Muttalib, trisaïeul de `‘Abdullah, ce dernier étant le père de Mahomet.

[2] C’est la seule ville de la Décapole située à l’ouest du Jourdain. Au 1er siècle, elle est appelée Scythopolis par l’écrivain juif Flavius Josèphe, alors que Pline l’Ancien la nomme Nysa. Les arabes et les croisés donnent au tel le nom de Baysan

[3] Tibériade est la capitale de la Galilée, dans le nord d’Israël. C’est une ville historique et touristique réputée. La cité antique est située dans la partie sud de l’agglomération d’aujourd’hui. Construite en 21 ap. jc par Hérode Antipas, un fils d’Hérode le Grand, la ville doit son nom à l’Empereur Tibère. Après la destruction du Temple de Jérusalem, le foyer de la vie spirituelle juive se transporte vers le nord et Tibériade devient la capitale d’Israël et le centre des études rabbiniques. La ville n’est pas citée dans le Nouveau testament. La ville est aussi un ancien évêché. La ville est prospère jusqu’au 11ème siècle, puis pâlit à l’époque des Croisés.

[4] Tabaqat Fahil autrefois appelée Pella et Bérénice appelée aussi Tell al-Hosn une des cités de la Décapole. Pella est dans la province jordanienne d’Irbid à 25 km au ouest-sud-ouest de la capitale provinciale Irbid et à 5 km à l’est du Jourdain. C’est à Pella, qu’au cours de la Grande révolte juive (66-70) ou après le meurtre de Jacques le Juste (61/62), qu’une petite partie du mouvement créé par Jésus se réfugie. Ils reviennent à Jérusalem vers 73, sous la direction de Siméon de Clopas, un cousin de Jésus, ce qui permet au mouvement de continuer à exister, alors que l’essentiel des nazôréens ont probablement été tués ou envoyés en esclavage dans le cours de la révolte ou dans la répression qui a suivi. En 635, les forces musulmanes battirent l’armée byzantine à la bataille de Fihl près de Pella et depuis cette date chrétiens et musulmans cohabitèrent dans la cité.

[5] Al-Hîra1 est une ville d’Irak située sur la rive droite de l’Euphrate à 18 km au sud-est de Nadjaf.

[6] Bassora est la deuxième ville d’Irak, après Bagdad. C’est la capitale de la province d’Al-Basra. Principal port du pays, la ville est située sur le Chatt-el-Arab, estuaire commun des fleuves Tigre et Euphrate, à 55 km en amont du golfe Persique et à 550 km de Bagdad. Bassora est, avec Koufa (située plus au nord), un ancien « misr » (au pluriel « amsar » : ville-camp), bâtie en 638 par Omar, le deuxième calife bien-guidé, lors de l’expansion musulmane.

[7] Homs est une ville et un centre industriel et économique syrien de haute importance, en raison de sa situation géographique au centre du pays, sur l’Oronte, alors que les frontières de son district touchent le Liban et l’Irak.

[8] Antioche est une ville de Turquie proche de la frontière syrienne, chef-lieu de la province de Hatay. Elle est située au bord du fleuve Oronte. Antioche était la ville de départ de la route de la soie.

[9] Şanlıurfa (souvent appelée simplement Urfa) est une ville du sud-est de la Turquie. Elle fut d’abord nommée Urhai, puis Édesse (ou Édessa), puis Urfa et aujourd’hui Şanlıurfa ou Riha en kurde. Le nom antique d’Édesse est Osroé, qui provient peut-être du nom du satrape Osroès qui gouverna la région. Selon la légende, Adam et Ève séjournèrent dans la cité, qui serait la ville natale d’Abraham et qui abriterait la tombe de sa femme Sarah. D’autres textes désignent la ville comme celle de Rûh, l’une des villes construites après le Déluge.

[10] Qinnasrîn est identifié comme étant le site de Chalcis de Syrie, Chalcis de Belos. Le Belos serait l’ancien nom de la rivière actuellement appelée Quwayq. Cette rivière arrose Alep et va se perdre dans des marais plus au sud. En Latin le nom devient Chalcis ad Belum ce qui le distingue de Chalcis sub Libanum au Liban. Le site de Qinnasrîn est situé à 30 km au sud-ouest d’Alep. L’agglomération actuelle s’appelle Al-`Iss.

[11] Césarée, en Israël, est le nom d’une ville antique et moderne, située sur la côte méditerranéenne à 20 km au sud de la ville de Dor, entre Netanya et Hadera. Les vestiges impressionnants de la ville antique permettent d’admirer les ruines de la capitale royale d’Hérode 1er le Grand, et nombre de monuments d’époque romaine et médiévale des Croisades. La ville abrite les premières communautés chrétiennes, et selon toute vraisemblance, elle est à l’origine d’une Église de fondation apostolique. C’est d’ailleurs de Césarée que Paul s’embarque pour Tarse, c’est à Césarée qu’il est averti de son prochain emprisonnement, et c’est encore dans cette ville qu’il est transféré pour être jugé par le gouverneur Félix

[12] Le dôme du Rocher ou la coupole du Rocher, appelé parfois mosquée d’Omar à tort, « premier monument qui se voulut une création esthétique majeure de l’Islam », est un sanctuaire érigé sur ordre du calife Abd al-Malik ben Marwan à Jérusalem-Est, sur le « Haram al-Charif », troisième lieu saint musulman après La Mecque et Médine, où s’élève également la mosquée al-Aqsa. Achevé en l’an 691 ou dans la seconde partie de l’année 692 (an 72 de l’hégire), il ne possède pas de minaret.

[13] Ctésiphon est une ancienne ville parthe, située face à Séleucie du Tigre, sur la rive gauche du Tigre, à 30 km au sud-est de la ville actuelle de Bagdad, en Irak. La ville s’étendait sur 30 km². Son seul vestige resté visible est la grande arche Taq-e Kisra au sud-est de la ville actuelle de Salman Pak

[14] Rayy, Ray ou Rey actuellement Chahr-e-Rey autrefois Ragâ dans l’Avesta, Ragès dans la Bible, Rhagès sous Alexandre le Grand puis Europos pour les Séleucides et nommée ensuite Arsacia par les Parthes arsacides. Ville de la province de Téhéran, située à 10 km au sud de la ville de Téhéran dans le district de Shahrak-e Rah-Ahan du district 20.

[15] Tikrit ou Takrit est une ville d’Irak, située dans la province de Salah ad-Din dont elle est la capitale. Située à environ 160 kilomètres au nord de Bagdad, la ville est arrosée par le fleuve Tigre.

[16] Mossoul est une ville du nord de l’Irak, chef-lieu de la province de Ninive, en Haute mésopotamie. Mossoul se trouve sur les rives du Tigre (cinq ponts permettent de franchir le fleuve), à environ 350 km au nord de Bagdad et à une centaine de kilomètres des frontières syrienne et turque. Le nom de Al-Mawssil a été donné par les Arabes lorsqu’ils ont conquis la région de la Haute Mésopotamie au 7ème siècle. Auparavant, la ville se nommait Ninawa, transcrit en Ninive en français. Mossoul est située sur les ruines de Ninive. C’est la ville qui lui a succédé comme métropole régionale à l’époque chrétienne. Elle est alors d’obédience nestorienne et abrite les tombes de plusieurs évangélisateurs. Prise en 641 par les Arabes, elle devient le principal pôle commercial de la région en raison de son emplacement, au carrefour des routes de caravanes entre la Syrie et la Perse. C’est à cette époque qu’elle devient réputée pour ses tissus fins de coton, les mousselines, ainsi que pour son marbre.

[17] `Amwâs ou `Imwâs était un village palestinien situé à 12 km au sud-est de Ramla. Il fut complètement rasé durant la Guerre des Six Jours en 1967.

[18] Un dhimmi est, suivant le droit musulman, un citoyen non-musulman d’un État musulman, lié à celui-ci par un « pacte » de protection. Le terme dhimmi s’applique essentiellement aux gens du Livre, qui, dans le champ de la gouvernance islamique, moyennant l’acquittement d’un impôt de capitation (jizya), d’un impôt foncier (kharâj), d’une certaine incapacité juridique et du respect de certaines obligations discriminantes édictées dans un « pacte » conclu avec les autorités, se voient accorder une liberté de culte restreinte, certains droits ainsi que la garantie de sécurité pour leur personne et leurs biens. Le terme dhimma désigne ce régime juridique auquel sont soumis les dhimmis et l’expression Ahl adh-dhimma désigne la communauté des dhimmis auxquels l’ensemble de ces règles sera appliqué de façon plus ou moins stricte à travers l’histoire, selon les périodes et les lieux dans le monde arabo-musulman.