Bienvenue sur mon site historique. Bon surf

L’histoire pour le plaisir

Accueil du site > Histoire du 11ème siècle > Abu-Jafar Ahmad ibn Sulayman al-Muqtadir bi-llah dit Ahmad 1er (...)

Abu-Jafar Ahmad ibn Sulayman al-Muqtadir bi-llah dit Ahmad 1er al-Muqtadir

dimanche 5 novembre 2023, par lucien jallamion

Abu-Jafar Ahmad ibn Sulayman al-Muqtadir bi-llah dit Ahmad 1er al-Muqtadir (mort en 1082)

Second dirigeant de la dynastie des Houdides-Régna sur le taïfa de Saragosse de 1049 à 1081

Il réunit sous son contrôle les territoires de son père, dispersés entre ses frères après la mort de son père, al-Musta’in 1er .

Il porta la taïfa de Saragosse [1] à son apogée politique et culturelle. Il fut un grand mécène et s’intéressa aux sciences, à la philosophie et à l’art. Il ordonna la construction du palais de l’Aljaferia [2], à Saragosse [3], où il réunit autour de lui d’importants intellectuels d’al-Andalus [4].

Avant même la mort de leur père, dès 1046, les frères d’Ahmad al-Muqtadir cherchent à devenir indépendants : en 1047, ils se proclament tous rois et frappent monnaie en signe de souveraineté.

Ahmad mena immédiatement des campagnes afin de soumettre ses frères : en 1051, Mundir et Muhammad sont soumis, tandis que Yusuf continue à résister à Lérida [5].

Yusuf trouve, afin de résister à son frère, l’alliance des seigneurs catalans, dont le comte de Barcelone [6] Raimond-Bérenger 1er. Ils monnayent en effet leur alliance contre de lourds parias et des gains territoriaux.

Al-Muqtadir, pour défaire cette alliance, est obligé de verser des parias encore plus lourds aux seigneurs chrétiens. En 1058, il cherche à faire la paix avec son frère Yusuf : la paix est en effet préférable, car il paie des tributs multiples au comte de Barcelone et aux seigneurs catalans, mais aussi à Armengol III, comte d’Urgell [7], à Ramire 1er , roi d’Aragon [8] ou encore à Garcia III , roi de Pampelune [9]. Mais la méfiance entre les deux frères empêche la paix d’être conclue.

En 1060, al-Muqtadir, pour obtenir l’alliance du roi de Castille [10], Ferdinand 1er , lui paie des parias extrêmement élevés.

En 1060, un événement inespéré avait permis à al-Muqtadir de prendre l’avantage. À la suite de la mort du roi de la taïfa de Tortosa [11], Muqatil, en 1053, le pouvoir passe à Ya’la, puis, en 1057, à Nabil. Mais, ne pouvant se maintenir sur le trône, ce dernier part se réfugier à Saragosse [12] auprès d’al-Muqtadir.

L’année suivante, al-Muqtadir fait la conquête de Tortosa [13], gagnant une ouverture sur la mer Méditerranée.

Al-Muqtadir se retrouve pris sous la pression du roi d’Aragon, Ramire 1er qui cherche à étendre son royaume vers le sud. En 1062, celui-ci progresse dans la haute vallée du Cinca [14] et conquiert Benabarre [15] et les villages situés entre le Guart et la Noguera [16]. L’année suivante, il décide d’assiéger la puissante forteresse de Graus [17].

Al-Muqtadir vient en personne défendre sa cité, à la tête de troupes qui comptent un contingent de Castillans dirigés par le fils du roi, Sanche II , et un jeune chevalier, Rodrigo Diaz de Vivar. Al-Muqtadir perd tout d’abord les places de Torreciudad [18] et de Fantova, au nord de Barbastro [19]. Mais, le 8 mai 1062, Al-Muqtadir et ses alliés rencontrent les Aragonais devant Graus et les repoussent : Ramire 1er meurt au cours de la bataille, tué par un soldat musulman qui, en parlant roman, s’est approché du roi pour l’abattre d’un coup de lance.

Al-Muqtadir se trouve alors opposé au fils de Ramire 1er, Sanche 1er. Celui-ci trouve le soutien du pape Alexandre II qui, en 1063, lance un appel à la croisade, auquel répondent des chevaliers et des seigneurs francs : un contingent d’Aquitains est mené par le duc d’Aquitaine [20] Guillaume VIII, le contingent papal par le Normand Guillaume de Montreuil, tandis que Sanche 1er dirige le contingent espagnol, formé d’Aragonais et de Catalans, dont Armengol III. Le but de l’entreprise est la conquête de Barbastro, devant laquelle le siège est mis en 1064. À la suite de la prise de la ville, Armengol III est nommé chef de la place. L’année suivante, Sanche 1er s’empare également d’Alquézar [21].

Al-Muqtadir réagit immédiatement. Il proclame le jihad et fait appel aux musulmans d’al-Andalus pour venir l’aider. Le 17 avril 1065, il reconquiert la ville de Graus.

Al-Muqtadir se méfie cependant de la puissance aragonaise, qui menace les frontières septentrionale de son royaume. En 1069 et en 1073, il traite avec le roi de Pampelune Sanche IV , à qui il verse des parias. Insatisfait, semble-t-il, de l’alliance, il aurait favorisé le frère de Sanche IV, Raimond, qui l’assassine en 1076 à Peñalén. Le meurtre provoque une crise de succession : le roi de León et Castille, Alphonse VI en profite pour s’emparer de la Rioja [22], tandis que les nobles navarrais, refusant d’être dirigés par le fratricide Raimond, qui part se réfugier à Saragosse, choisissent Sanche 1er comme roi.

La taïfa de Dénia [23], dont le dernier roi indépendant, Ali ibn Mujahid a été marié à une sœur d’al-Muqtadir, est tombé aux mains du roi de Tolède [24], al-Mamun. Celui-ci meurt empoisonné en 1075, donnant l’occasion à al-Muqtadir d’arrondir ses conquêtes au Levant. À la tête d’une forte armée, il se présente devant Dénia, défendue par un gouverneur appelé Ibn al-Royólo, qui retourne la population en faveur d’al-Muqtadir. Ainsi, sans avoir à combattre, al-Muqtadir obtient tout le territoire de l’ancienne taïfa de Dénia.

Al-Muaqtadir repart ensuite vers Saragosse, mais il souhaite établir une continuité entre ses États : il lui faut donc faire la conquête de la taïfa de Valence [25]. Il se rend devant la ville avec son armée. Le roi de Valence, Abu Bakar, est le vassal du roi de Tolède, lui-même allié au roi de Castille, Alphonse VI. Abu Bakar sort à la rencontre d’al-Muqtadir. Il se déclare son vassal, en échange de quoi il conserve la taïfa de Valence. Al-Muqtadir se contente de cette soumission, car il craint de provoquer, par ses conquêtes, la colère des autres rois taïfas et du roi de Castille.

Al-Muqtadir concentre les années suivantes à soumettre la taïfa de Lérida, toujours dirigée par son frère, Yusuf al-Muzzafar. Il finit par le faire prisonnier en 1078 et l’enferme dans la forteresse de Rueda [26], où il obtient son renoncement.

Comme son père il divise son royaume entre ses deux fils : Yusuf reçoit l’essentiel du royaume avec Saragosse, tandis qu’al-Mundir obtient Lérida, Tortosa et Dénia. À la fin de l’année 1081, al-Muqtadir, gravement malade, délègue le pouvoir à ses fils. Il meurt sans doute l’année suivante.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en espagnol intitulé « Al-Muqtadir »

Notes

[1] La taïfa de Saragosse est un royaume musulman indépendant situé à l’est de l’Espagne de 1018 à 1110.

[2] Le palais de l’Aljaferia est un palais fortifié construit durant la seconde moitié du 11ème siècle, à l’époque d’Al-Muqtadir, à Saragosse, en tant que résidence des rois Banu Hud. Il reflète la splendeur de la taïfa de Saragosse au moment de son apogée politique et culturel. Son importance réside en ce qu’il est l’unique témoignage conservé d’un grand édifice de l’architecture islamique en Espagne à l’époque des Taïfas. Avec la mosquée de Cordoue (10ème siècle) et le chant du cygne de la culture islamique que fut l’Alhambra de Grenade (14ème siècle), nous devons inclure dans la triade de l’architecture hispano-musulmane l’Aljaferia de Saragosse comme parfait exemple de réalisation de l’art taïfa de la période intermédiaire des royaumes indépendants antérieurs à l’avènement des Almoravides.

[3] Saragosse est une ville espagnole, capitale de la province du même nom et de l’Aragon.

[4] Al-Andalus est le terme qui désigne l’ensemble des territoires de la péninsule Ibérique et de la Septimanie qui furent sous domination musulmane de 711 (premier débarquement) à 1492 (chute de Grenade). L’Andalousie actuelle, qui en tire son nom, n’en constitua longtemps qu’une petite partie. La conquête et la domination du pays par les Maures furent aussi rapides qu’imprévues et correspondirent à l’essor du monde musulman. Al-Andalus devint alors un foyer de haute culture au sein de l’Europe médiévale, attirant un grand nombre de savants et ouvrant ainsi une période de riche épanouissement culturel

[5] Lleida (nom officiel en catalan) ou Lérida (en castillan), est une ville située dans le nord-est de l’Espagne, dans la communauté autonome de Catalogne. Elle est la capitale de la province du même nom. Les Maures s’emparèrent de la ville. Le comte Raimond-Bérenger IV de Barcelone parvint à la reconquérir en 1149. Elle devint le siège d’une grande université, la plus ancienne de la couronne d’Aragon jusqu’en 1717 quand Philippe V la déplaça vers la ville de Cervera. L’université de la ville est aujourd’hui de nouveau active. Lérida fut également le théâtre de plusieurs batailles durant la Guerre de Trente Ans.

[6] Le comté de Barcelone est à l’origine une subdivision du royaume wisigoth en Hispanie. Conquis par les Maures à la fin du 8ème siècle, reconquis par Charlemagne en 801, il est intégré à la marche d’Espagne, province frontière face aux musulmans d’Al-Andalus. Des comtes nommés par les souverains carolingiens se succèdent à la tête de ce comté, considéré comme le plus important de la marche. À l’extinction de la dynastie carolingienne, les comtes se succèdent de façon héréditaire dans la descendance du comte Guifred, dit le Velu. Cette dynastie domine également les comtés de Girone et de Ausone, et rassemble peu à peu sous son autorité directe ou indirecte tous les comtés formant l’actuelle Catalogne : Besalú, Cerdagne, Empuries, Pallars, Roussillon et Urgell.

[7] Le comté d’Urgell est un ancien comté catalan de la marche hispanique du royaume franc carolingien, qui se forme entre 785 et 790 pour lutter contre les musulmans qui avaient conquis l’Espagne et les Pyrénées. La région est alors rattachée au comté de Toulouse. Le comté d’Urgell fut créé, à l’époque carolingienne, au sein du Royaume franc. Sa capitale était initialement Castellciutat puis, à compter de 1105, Balaguer. Le noyau de ce comté était La Seu d’Urgell. Les comtes d’Urgell sont mentionnés pour la première fois en 981.

[8] Le royaume d’Aragon est une entité politique du nord-est de la péninsule Ibérique, née en 1035 de l’union des comtés d’Aragon, du Sobrarbe et de la Ribagorce et disparue en 1707 avec son intégration au sein du royaume d’Espagne par les décrets de Nueva Planta.

[9] Le royaume de Pampelune, constitué en 905, fut le noyau de celui de Navarre.

[10] Le royaume de Castille est un ancien royaume du Moyen Âge qui trouve ses origines au nord de la péninsule Ibérique, dans l’actuelle Espagne. À la fin du Moyen Âge, le royaume de Castille s’étend depuis le golfe de Gascogne au nord jusqu’à l’Andalousie au sud et comprend la majeure partie du centre de la péninsule Ibérique. En 1037, date à laquelle Ferdinand 1er fonde le Royaume uni de Castille et León. En 1058, Ferdinand est à l’origine d’une série de guerres contre les Maures, se lançant à la conquête de ce qui allait devenir la Nouvelle-Castille (bataille d’Alarcos et bataille de Las Navas de Tolosa). La région s’agrandit particulièrement sous le règne d’Alphonse VI (1065-1109) et d’Alphonse VII (1126-1157). Sous Alphonse X, la vie culturelle du royaume se développe, mais une longue période de conflits internes suit. En 1469, le mariage de Ferdinand II d’Aragon (plus tard Ferdinand V de Castille) et d’Isabelle 1ère de Castille initie l’union des royaumes d’Aragon et de Castille et, par la suite, de l’ensemble de l’Espagne.

[11] Le royaume de Tortosa, ou la taïfa de Tortosa, fut un royaume musulman dont le centre fut la cité de Tortosa en Catalogne, près de l’embouchure de l’Èbre. Il apparut en 1010, après l’éclatement du califat de Cordoue à la fin du 10ème siècle et le début du 11ème siècle.

[12] Saragosse est une ville espagnole, capitale de la province du même nom et de l’Aragon. Saragosse est située sur l’Èbre à mi-chemin entre Madrid et Barcelone, environ 300 kilomètres de chacune d’elles, et à 340 kilomètres de Valence. Un important traité fut signé à Saragosse (traité de Saragosse) en 1529 entre Espagnols et Portugais pour le partage des découvertes du Nouveau Monde.

[13] Tortosa est une ville dans le nord-est de l’Espagne, en Catalogne. Elle est la capitale de la comarque de Baix Ebre dans la province de Tarragone.

[14] Le Cinca est une rivière du nord de l’Espagne et un sous-affluent de l’Èbre par le Sègre.

[15] Benabarre est une commune espagnole appartenant à la province de Huesca (Aragon, Espagne) dans la comarque de la Ribagorce.

[16] La Noguera Ribagorzana est une rivière pyrénéenne espagnole, affluent droit du Sègre. Elle appartient en conséquence au bassin de l’Èbre.

[17] Graus est une commune espagnole d’Aragon, située dans la province de Huesca et capitale administrative de la comarque de la Ribagorce.

[18] Le sanctuaire de Torreciudad est un site religieux espagnol dédié à la Vierge Marie.

[19] Barbastro est une municipalité de la comarque de Somontano de Barbastro, dans la province de Huesca, dans la communauté autonome d’Aragon en Espagne.

[20] Le duché d’Aquitaine est constitué en 675, à la mort de Childéric II. Il se reconstitue au 9ème siècle, comme héritier du royaume d’Aquitaine attribué à Pépin 1er d’Aquitaine (mort en 838). Il fut ensuite l’objet de luttes entre les comtes d’Auvergne, de Toulouse et de Poitiers. Le duc d’Aquitaine était l’un des six pairs laïcs primitifs. L’Aquitaine a regroupé au fil des temps différents territoires. Pendant le règne d’Aliénor d’Aquitaine, Poitiers était la résidence habituelle des ducs.

[21] Alquézar est une municipalité de la comarque de Somontano de Barbastro, dans la province de Huesca, dans la communauté autonome d’Aragon en Espagne.

[22] La Rioja est une communauté autonome du Nord de l’Espagne, provinciale, sans littoral, traversée par l’Èbre et la Oja, limitée par le Pays basque au nord, par la Navarre au nord et à l’est, par l’Aragon à l’est et par la Castille-et-León au sud et à l’ouest. Le point culminant de la province est le San Lorenzo à 2 271 mètres (Sierra de la Demanda).

[23] Le royaume de Dénia, ou la taïfa de Dénia, fut un royaume musulman dont le centre fut la cité de Dénia. Il apparut en 1010, après l’éclatement du califat de Cordoue à la fin du 10ème siècle et le début du 11ème siècle. En 1076, il fut conquis par la taïfa de Saragosse.

[24] Tolède est une ville qui se trouve dans le centre de l’Espagne, capitale de la province du même nom et de la communauté autonome de Castille-La Manche. Lors des Grandes invasions du 5ème siècle qui ravagèrent un Empire romain d’Occident déclinant, Tolède est pillée à plusieurs reprises par les Barbares (Vandales, Suèves et Alains) qui ont envahi la péninsule Ibérique à partir de l’an 409. À partir du milieu du 6ème siècle, Tolède devient la capitale des Wisigoths, devenus les nouveaux maîtres d’une grande partie de la péninsule. Au début du 8ème siècle, lors de la conquête musulmane de l’Espagne, le dernier souverain wisigoth, Rodrigue, est battu par le conquérant arabe Tariq ibn Ziyad à la bataille de Guadalete en 711. Tolède tombe aux mains des musulmans en 712. À partir de là, la ville fait partie du Califat omeyyade, puis de l’Émirat de Cordoue (755–929), et enfin du Califat de Cordoue. Le 25 mai 1085, en pleine Reconquista, les chrétiens dirigés par le roi Alphonse VI de Castille reprennent Tolède aux musulmans.

[25] La taïfa de Valence ou taïfa de Balansiya fut l’un des royaumes de taïfa fondés à l’éclatement du califat de Cordoue en 1010. Il dura jusqu’en 1238, année au cours de laquelle la conquête menée par Jacques 1er d’Aragon conduisit à l’instauration du royaume chrétien de Valence.

[26] Rueda de Jalón est une commune d’Espagne, dans la province de Saragosse, communauté autonome d’Aragon. Elle appartient à la comarque de Valdejalón.