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L’histoire pour le plaisir

Alexis Studite

mardi 15 août 2023, par lucien jallamion

Alexis Studite (mort en1043)

Patriarche de Constantinople de décembre 1025 au 20 février 1043

Alexis était le supérieur du monastère de Stoudios [1], d’où son surnom. Lorsqu’il vient présenter à l’empereur Basile II mourant le chef de saint Jean-Baptiste, le vieux monarque le fait immédiatement introniser par Jean le Protonotaire [2] avant de mourir.

Le 11 avril 1034, le patriarche Alexis est convoqué au palais par l’empereur Romain III Argyre . Lorsqu’il se présente il apprend que le souverain est mort et il est reçu par l’impératrice Zoé de Byzance sur une estrade, qui lui demande de célébrer immédiatement son union avec Michel le Paphlagonien dit Michel IV qui était son amant. Le patriarche, frappé de stupeur, hésite à prononcer le mariage. Afin de faire taire ses scrupules, l’impératrice Zoé et Jean l’Orphanotrophe, qui était le frère de Michel, lui font un don de 50 livres d’or pour lui et 50 autres livres pour son clergé.

Quelques années après, le même Jean l’Orphanotrophe aspire à monter lui-même sur le trône patriarcal. Il obtient l’appui des évêques Démétrios de Cyzique [3], Antoine de Nicomédie [4] et de ceux de Sidé et d’Ancyre [5]. Le patriarche Alexis met ce projet en échec et reçoit le soutien du reste de son Église après avoir rappelé qu’il avait déjà couronné trois empereurs et que le démettre revenait à rendre ces actes illégitimes.

Michel V le Calfat , après avoir fait enfermer sa mère adoptive, l’impératrice Zoé dans un couvent, voulut également se débarrasser du patriarche afin de contrôler la totalité du pouvoir. Il attire Alexis hors de Constantinople [6] afin de le faire arrêter puis tuer par la garde varangue [7].

Alexis réussit à soudoyer ses agresseurs, il regagne Sainte-Sophie [8] et fait battre la simandre [9] pour ameuter la foule. Le peuple rassemblé s’empresse de délivrer l’impératrice et d’arrêter Michel le Calfat, qui est aveuglé le 20 avril 1042.

Alexis Studite s’abstient de procéder lui-même à l’union du futur empereur Constantin IX Monomaque et de Zoé, qui est célébré par un simple prêtre nommé Stypès. Toutefois, après la cérémonie, il embrasse affectueusement les nouveaux époux, et le lendemain, il procède au couronnement du nouvel empereur.

À la mort d’Alexis, le 20 février 1043, l’empereur Constantin X Doukas fait saisir 25 kenténeria d’or amassés par le défunt au monastère d’Alexis, qui faisait partie du palais patriarcal.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Bernard Flusin (traduction) et Jean-Claude Cheynet (annotations), Jean Skylitzès. Empereurs de Constantinople, Paris, P. Lethielleux, coll. « Réalités byzantines » (no 8), 2003, 466 p. (ISBN 978-2-283-60459-5, notice BnF no FRBNF39199650)

Notes

[1] Le monastère du Stoudion ou monastère de Stoudios était un établissement religieux de Constantinople fondé vers 460 par un bienfaiteur privé du nom de Studius ou Stoudios, un aristocrate qui fut consul pour l’année 454. Il était placé sous le vocable de saint Jean Baptiste. Il était situé à l’extrême sud-ouest de la ville byzantine, dans le quartier de Psamathia, non loin du Mur de Théodose et de la mer de Marmara. Ses moines étaient appelés « studites » ou « stoudites ». Il reste aujourd’hui les ruines de l’église du monastère, le plus ancien édifice chrétien subsistant partiellement à Istanbul.

[2] Dans l’Église catholique, un protonotaire apostolique est un officier du Saint-siège qui reçoit et expédie les actes des consistoires publics. Les protonotaires apostoliques ont été institués par Damase 1er pour écrire la vie des martyrs, assister au paiement des taxes, des indulgences, des dispenses aux canonisations, enseigner la liturgie catholique ou la musique sacrée, etc. Ce sont des prélats sans dignité épiscopale, supérieurs en titre aux autres notaires apostoliques. Il faut distinguer les protonotaires participants (de numero participantium), exerçant leur charge, qui forment un collège de sept membres (dont un des postes peut être officier de la Préfecture de la Maison pontificale), et les protonotaires surnuméraires (supra numerum), appelés autrefois ad instar participantium ou AIP, dont le titre est honorifique. Jusqu’à la réforme des années 1960, la famille pontificale comprenait aussi des protonotaires apostoliques honoraires ou titulaires, dont le titre était également purement honorifique. Ces derniers étaient souvent appelés « protonotaires noirs » en raison de la couleur de leur costume.

[3] Cyzique était une cité grecque de Mysie, sur la Propontide (l’actuelle mer de Marmara).

[4] Nicomédie est une ville d’Asie mineure, capitale du royaume de Bithynie. Elle est appelée Izmit aujourd’hui. Hannibal s’y donna la mort en 183 av. jc et l’historien Arrien y naquit vers 90.

[5] Ancyre est une cité de l’Antiquité qui correspond de nos jours à l’actuelle Ankara.

[6] Constantinople est l’appellation ancienne et historique de l’actuelle ville d’Istanbul en Turquie (du 11 mai 330 au 28 mars 1930). Son nom originel, Byzance, n’était plus en usage à l’époque de l’Empire, mais a été repris depuis le 16ème siècle par les historiens modernes.

[7] La garde varangienne ou garde varègue formait un corps d’élite de l’armée byzantine. Les Varègues apparurent dans le monde byzantin en 839 quand l’empereur Théophile négocia avec eux pour obtenir quelques mercenaires pour son armée. Bien que les Rus’ eussent le plus souvent des relations pacifiques avec les Byzantins, les raids varègues depuis le nord n’étaient pas rares. Ces attaques eurent lieu en 860, 907, 911, 941, 945, 971 et finalement en 1043. Ces raids n’eurent d’autre succès qu’une renégociation des traités de commerce ; militairement, les Varègues étaient toujours vaincus par l’armée de Constantinople, qui utilisait le feu grégeois. La classe gouvernante des deux villes-États puissantes de Novgorod et Kiev finit par devenir varègue, et les Byzantins purent bientôt acheter les services d’une force mercenaire officielle, qui devint la garde varègue. Ceci advint en 988, quand le prince de Kiev, Vladimir 1er se convertit à l’orthodoxie. En échange de la main de la sœur de Basile II, Anne, Vladimir donna 6 000 Varègues comme garde personnelle. Cette unité, s’ajoutant à la liste des tagmata, fut l’un des éléments les plus efficaces et loyaux de l’armée byzantine, comme le rapporte la chronique d’Anne Comnène pendant le règne de son père Alexis 1er.

[8] Ancienne église chrétienne de Constantinople du vie siècle, devenue une mosquée au 15ème siècle sous l’impulsion du sultan Mehmet II. Elle est édifiée sur la péninsule historique d’Istanbul. Depuis 1934, elle n’est plus un lieu de culte mais un musée. Depuis 2020 de nouveau une mosquée

[9] La simandre ou semantron est une planche de bois (tilleul ou hêtre, bois sacrés) suspendue ou mobile, parfois de fer, que l’on frappe d’un maillet de bois pour appeler aux offices religieux. Cet instrument est toujours en activité de nos jours en Grèce et en Roumanie, où il sert à réveiller les moines orthodoxes le matin, à les appeler à la prière, aux offices et aux repas.