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Saint Léger

lundi 26 juin 2023, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 11 septembre 2011).

Saint Léger (616-678)

Évêque d’Autun

Statuette de Saint Léger (19ème siècle), église de Chivres dans le département de la Côte d'Or.

Issu d’une famille germanique [1], il fut envoyé auprès de son oncle Didon, évêque de Poitiers [2] vers 626-629 et entra à l’école épiscopale, où il reçut une solide formation canonique, avant d’être ordonné diacre [3] puis archidiacre [4], c’est à dire responsable de tout le clergé de l’église cathédrale.

Son oncle le nomma ensuite abbé de Saint Maixent [5], fonction que Léger assuma pendant 6 ans, avant de rejoindre la reine Bathilde, dont il devint conseiller.

Nommé évêque d´Autun [6] en 659, il s´attacha à réformer la discipline ecclésiale et donna à toutes les abbayes de son diocèse l´ordre de suivre la règle de Saint Benoît [7]. Il fit preuve de grandes qualités d’administrateur, tout en défendant l’autonomie de la Bourgogne.

À la mort de Clotaire III, Ébroïn, le maire du palais [8], décida de donner la couronne de Neustrie [9] à Thierry III, le frère de Clotaire III, sans consulter les aristocrates burgondes. Ceux-ci, mécontents, se révoltèrent sous la conduite de Léger et firent appel à Childéric II, roi d’Austrasie [10]. Thierry fut confié aux moines de Saint-Denis, Ébroïn exilé au monastère de Luxeuil [11]. Le parti burgonde l’ayant emporté, saint Léger devint un temps conseiller du roi Childéric II, avant de tomber à son tour en disgrâce et d’être envoyé au monastère de Luxeuil, où il retrouva son éternel adversaire, Ébroïn.

À la mort de Childéric en 675, l’évêque d’Autun et l’ancien maire du palais quittèrent Luxeuil et rejoignirent leurs partisans. Léger fit sortir Thierry III de Saint-Denis et lui donna la couronne de Neustrie. Ébroïn, soutenu par les Austrasiens, s’empara du trésor royal et assiégea Autun. Voyant que la ville allait tomber aux mains de l’ennemi, Léger se rendit. Ébroïn lui fit crever les yeux, arracher les lèvres et la langue, avant de l’exposer sur la place publique.

Léger se retira ensuite à l’abbaye de Fécamp [12] d’où Ébroïn le fit sortir pour le juger à nouveau.

Accusé du meurtre de Childéric II, Léger fut livré au comte Chrodobert qui le fit décapiter dans la forêt de Sarcing, près d’Arras [13]. Au lendemain de sa mort, il fut considéré comme un martyr.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de l’Histoire de L’antiquité grecque et latine et du moyen âge de Philippe Remacle, Philippe Renault, François-Dominique Fournier, J. P. Murcia, Thierry Vebr, Caroline Carrat/Vie de Saint Léger, Évêque d’Autin

Notes

[1] La Germanie est le nom donné, dans l’Antiquité, à la région d’Europe centrale séparée du monde romain par le Rhin et le Danube et s’étendant approximativement, à l’est, jusqu’à la Vistule. Le territoire de la Germanie était peuplée par les Celtes avant que divers peuples germaniques ne s’y installent au cours du 1er millénaire av. jc. La Germanie antique ne correspond pas à l’Allemagne actuelle, même si certains territoires importants des unes et des autres peuvent se superposer. Le nom de Germanie est utilisé par les Romains, avec différents qualificatifs, incluant des territoires qui ne sont pas aujourd’hui allemands d’une part, et des contrées actuellement allemandes sans aucune équivoque possible, qui n’étaient pas d’un point de vue administratif en Germanie romaine, d’autre part. Les anciens, depuis le 2ème siècle av. jc jusqu’à l’arrivée massive des peuples slaves au vie siècle, nommaient Germanie l’espace limité au nord par la mer Baltique et la mer du Nord, au sud par les Beskides occidentales et le nord des Alpes, à l’est par la Vistule et à l’ouest par le Rhin.

[2] L’archidiocèse de Poitiers est un archidiocèse métropolitain de l’Église catholique en France. Érigé au 3ème siècle, il s’étend depuis le Concordat de 1801 sur deux départements, les Deux-Sèvres et la Vienne.

[3] Fonction créée par les Apôtres pour se décharger des soucis matériels. Ainsi, le diacre est chargé de distribuer les aumônes à leur place. Peu à peu, il assiste le prêtre dans des tâches spirituelles telles que la distribution de l’eucharistie et le baptême. Saint Etienne a été le premier diacre.

[4] Dans l’Église catholique, un archidiaconé est une circonscription religieuse, subdivision d’un diocèse. Placée sous l’autorité d’un archidiacre nommé par l’évêque pour le représenter. Dans l’ancien diocèse de Paris, on disait archidiaconat. C’est dans ce ressort que l’archidiacre effectuait ses visites archidiaconales dans les paroisses, accomplissant ainsi sa fonction de contrôle des curés par délégation de l’évêque.

[5] Saint-Maixent-l’École est une commune du centre-ouest de la France située dans le département des Deux-Sèvres en région Poitou-Charentes.

[6] Le diocèse d’Autun (en latin : Dioecesis Augustodunensis) est un diocèse de l’Église catholique. Son territoire correspond au département de Saône-et-Loire, en Bourgogne. Il est aujourd’hui rattaché à l’archidiocèse de Dijon, après avoir été antérieurement premier suffragant de la Primatiale des Gaules. Érigé à la fin du 3ème siècle, il est un des diocèses historiques de la Bourgogne. En 1789, il couvrait l’Autunois, le Beaunois, l’Avalois et l’Auxois, quatre pays traditionnels de Bourgogne. De 1801 à 1822, il couvre les départements de la Nièvre et de Saône-et-Loire. Depuis 1822, il ne couvre plus que celui de Saône-et-Loire.

[7] Rédigée entre 591 et 610 à l’intention des monastères continentaux d’Annegray, Luxeuil et Fontaines que le roi mérovingien Gontran lui avait demandé de réformer ; elle insiste sur les vertus des moines. Cette règle est d’abord en vigueur à l’abbaye de Luxeuil, la première fondée par saint Colomban en 594 puis à celles de Lure et de Fontaine-lès-Luxeuil. Lorsque Colomban doit quitter Luxeuil, il s’établit à Eustaise, puis fonde les monastères de Bobbio et 18 autres : abbaye de Jouarre, abbaye de Remiremont. La règle connaît un certain succès, et près de 90 monastères l’adoptent : soit fondations des disciples de Colomban (comme Attala, Gall et Colomban le Jeune), soit imitation. Elle est de même utilisée par des monastères féminins ou doubles. Mais, extrêmement sévère, parfois imprécise, elle est modifiée ou abandonnée : dès 628, la règle de saint Benoît est associée à celle de saint Colomban dans les monastères qui en relèvent. En 745, le concile des Francs, dirigé par saint Boniface de Mayence, préconise l’adoption de la règle bénédictine pour tous les monastères du royaume. La règle n’est jamais utilisée dans les îles Britanniques. Cependant, lors de sa réforme au 9ème siècle, saint Benoît d’Aniane reprend quelques articles de la règle de saint Colomban qu’il incorpore à la règle de saint Benoît.

[8] A l’origine intendant général, chargé de diriger les services politiques et domestiques de la maison du roi, le maire du palais apparaît, dès le milieu du 7ème siècle, comme le personnage principal de l’Etat. C’est lui, de fait, qui exerce la réalité du pouvoir.

[9] Royaume franc qui couvrait le nord-ouest de la France actuelle, et avait pour capitale Soissons. Néanmoins, il semble que le terme de Neustrie ne soit apparu qu’un siècle après la création du royaume. La Neustrie avait été créée lors du partage qui suivit la mort de Clovis 1er, en 511, et revint à Clotaire 1er, qui, au terme de son long règne de 50 ans, avait réussi à reconstituer le royaume de son père. Elle fut le 2ème grand royaume franc né lors des partages successoraux mérovingiens à partir des territoires conquis sur Syagrius. Son aire géographique était limitée par la Loire au sud, l’océan Atlantique et la Basse-Bretagne à l’ouest, et la Champagne à l’est. Elle s’étendait jusqu’en Flandre au nord.

[10] L’Austrasie désignait durant la période mérovingienne un royaume franc couvrant le nord-est de la France actuelle, les bassins de la Meuse et de la Moselle, jusqu’aux bassins moyen et inférieur du Rhin. La capitale en fut d’abord Reims, puis Metz. Les habitants de l’Austrasie étaient les Austrasiens. Ce royaume est apparu à la mort de Clovis en 511, lorsque le territoire de celui-ci est partagé entre ses fils. Berceau de la dynastie carolingienne, l’Austrasie disparaît en 751 avec le dernier roi mérovingien pour être intégrée dans le grand royaume franc que réunirent Pépin le Bref et Charlemagne.

[11] Le monastère Saint-Pierre et Saint-Paul de Luxeuil est situé à Luxeuil-les-Bains au Sud-Est des Vosges. Il a été fondé en 590 par saint Colomban, ce qui a permis à Luxovium, importante cité à l’époque romaine mais déserte car complètement ruinée par les invasions barbares, de revivre. Les Sarrasins la pillent en 732, mais Charlemagne la relève et la règle de Saint-Benoît remplace celle de Saint-Colomban.Ce monastère était renommé pour son scriptorium, actif dès le milieu du 7ème siècle, et probablement le lieu de naissance de la première écriture calligraphique en minuscules, avec une ornementation marginale empruntée à la grammaire décorative de l’Irlande.

[12] L’abbaye de la Trinité de Fécamp, lieu de pèlerinage du Précieux Sang, est une abbaye bénédictine située à Fécamp, dans le département de Seine-Maritime, en Normandie (France). L’abbaye de la Trinité de Fécamp se trouve dans la valleuse de la Valmont, au cœur du Pays de Caux, sur la côte d’Albâtre. L’abbaye de Fécamp est née durant la grande vague d’implantations monastiques en Normandie qui émaillent le 7ème siècle (Jumièges, Fontenelle, Préaux, Le Bec, etc.). Elle s’inscrirait comme une riposte à l’évangélisation des environs par des personnes venues de l’extérieur : Picardie, Île-de-France, Bretagne. La construction du sanctuaire débuta vers 658 autour de la relique du Précieux Sang, confiée selon la légende à la mer par Isaac, fils de Joseph d’Arimathie, et venue s’échouer miraculeusement sur les plages du Pays de Caux. Elle fut l’œuvre de Waneng, comte de Caux, qui décida avec l’aide de Wandrille et Ouen la création à Fécamp d’un monastère de moniales, placées sous la règle de Saint-Benoît, et selon les textes du 9ème siècle sur un des domaines de Waneng. En 665 la première abbatiale est dédicacée. Hildemarque du Bordelais est la première abbesse.

[13] Arras est une commune française, capitale historique et administrative du département du Pas-de-Calais. Historiquement, Arras était sous l’Ancien Régime la capitale de la province d’Artois, un grand centre religieux et une cité prospère connue pour ses fabrications drapières. Au 9ème siècle, Arras devient la résidence privilégiée des comtes de Flandre qui y établissent une châtellenie héréditaire. En 1025, l’évêque d’Arras, Gérard de Cambrai, réunit en l’église Sainte‑Marie un synode pour lutter contre une hérésie, qui sera réprimée.